Chapitre 38 (Alex)

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Quelques minutes plus tôt

          Nous venons enfin à bout des escaliers qui nous mènent au septième étage de l'hôtel. Nous avons tous le souffle court, mais continuons notre progression en file indienne dans le long couloir de marbre. Le Swat ouvre la marche, suivit de près par la dizaine d'agents argentins.

          Chambre sept-cent-treize, sept-cent-douze, sept-cent-onze, sept-cent-dix, sept-cent-neuf...

          Les numéros de chambre défilent et mon cœur cogne de plus en plus fort. Je suis prêt à parier que les officiers qui m'entourent peuvent distinguer ses battements irréguliers. J'ai tellement hâte de retrouver Megan, mais aussi tellement peur que nous échouions...

           Non ! Nous n'échouerons pas ! Nous réussirons ! Nous n'avons pas le choix ! Elle compte sur nous !

          Chambre sept-cent-quatre, sept-cent trois.

          Nous nous rapprochons.

          Sept-cent-deux.

          Nous y sommes presque.

          Sept-cent-une.

          Nous y sommes.

          Nous restons à quelques mètres de la porte en attendant que le commandant s'écarte du devant du groupe pour me laisser passer. Il n'entre pas avec nous, comme les agents argentins d'ailleurs. Nous ne pouvons pas tous intervenir en même temps. Ce serait un bazar monstrueux. L'appartement est trop petit pour accueillir une vingtaine de policiers. Ils sont uniquement ici en renfort... et aussi car s'ils ne sont pas avec nous, nous n'avons pas l'autorisation de participer à la descente...

          Jason qui me seconde, me tape sur l'épaule : le signal. Tout le monde est prêt.

          Elena va coller deux explosifs autour de la serrure, puis je mime un compte à rebours de trois secondes avec ma main. Nous nous protégeons le visage tandis qu'elle appuie sur le détonateur.

          Nous entrons dans un salon où trois canapés de velours font face à une télévision digne d'un cinéma. Mon équipe se sépare en deux groupes en direction des différentes salles de la chambre d'hôtel et Elena crie :

          — Salon RAS !

          Pendant ce temps, Bryan, Lewis et Lisa avancent vers une porte sur notre droite et moi, suivi par Elena et Jason, j'ouvre un battant derrière lequel se cache une gigantesque chambre accompagnée d'une salle de bain privée. Ces deux pièces sont rangées à la perfection. Je ne remarque qu'un seul objet qui n'appartient pas à l'hôtel : une valise fermée dans un coin. Ils s'apprêtaient sans doute à quitter Buenos Aires.

          — Chamb... commence Jason, mais un cri l'interrompt.

          — Je suis là !!!!

          Megan ! Elle est bien ici !

Le hurlement ne vient pas de la partie de l'appartement que nous examinons pour l'instant. Il provient du couloir du fond, vers lequel nous nous précipitons donc.

          Ma moitié de l'équipe entre dans la première chambre sur notre gauche et Jason annonce :

          — Chambre deux RAS !
Comme celle que nous avons déjà visitée, il n'y a qu'une valise fermée à côté du lit.

          Les autres membres de mon unité ouvrent la porte d'en face et Bryan crie :

          — Chambre trois RAS !

          Toute les membres de mon équipe changent de pièce. De mon côté, nous arrivons dans un bureau qui ne contient toujours aucune trace de Megan.

          — Bureau RAS !

          — Chambre quatre RAS ! nous apprend Lewis quelques secondes plus tard.

          Il ne reste plus que deux portes dans cet appartement au prix inconsidérable. J'ouvre celle sur notre gauche. Nous découvrons encore une chambre et comme dans les précédentes, il n'y a qu'une valise fermée. J'annonce à mon tour :

          — Chambre cinq RAS !

          Nous retournons dans le couloir et j'aperçois Lisa sortir des explosifs de son équipement.

          — Elle est verrouillée, explique-t-elle.

          L'équipe forme une file indienne contre le mur tandis que notre coéquipière s'occupe de coller le matériel sur la porte avant de se rendre à l'arrière du groupe.

          — Trois, deux, un...

          Elle appuie sur le détonateur. Nous nous cachons le visage pour ne pas recevoir de projectiles ainsi qu'une quantité conséquente de fumée et de poussière dans les yeux.

          J'entre le premier, comme le veut la procédure. Un nuage de particules microscopiques inonde la pièce, mais je distingue tout de même les silhouettes de deux hommes sautant par la fenêtre.

          Par la fenêtre du septième étage !!??

          Je me précipite vers cette dernière. Le toit du bâtiment voisin n'est en fait que quelques mètres sous nos pieds.

          Mon équipe vérifie à la vitesse de l'éclair qu'aucun complice ne se cache dans cette chambre, mais apparemment, nous y sommes seuls.

          Je projette mon regard par-delà la fenêtre. Les deux hommes que je viens de voir sauter s'enfuient sur le toit de l'immeuble voisin et sont accompagnés par deux autres silhouettes masculines, dont une qui porte... Megan.

          Megan.

          Sans réellement réfléchir, je saute. Il n'y a qu'un seul étage de vide donc je ne devrais pas avoir trop de mal à me réceptionner. Derrière moi, Lewis me suit et tout le reste de l'équipe ne tarde pas. Juste après l'atterrissage quelque peu brusque, nous poursuivons les criminels qui s'enfuient avec ma copine aussi vite que nos jambes nous le permettent.

          Mon équipe se sépare pour couvrir toute la largeur de la toiture. Nous zigzaguons autour des bouches d'aérations et les perdons plusieurs fois de vue, heureusement, nous les retrouvons toujours quelques secondes plus tard.

          Tout à coup, nous entendons un homme crier en espagnol. Je ne parle pas très bien la langue maternelle de ma copine, mais je la comprends assez pour savoir que ce que je viens d'entendre ne me plait pas du tout.

          En contournant une des ventilations du bâtiment, j'entends un léger « click » qui ne présage rien de bon et soudain, une grenade roule à mes pieds. Je m'écarte à toute vitesse et moins de cinq secondes plus tard, l'aération derrière laquelle je me trouvais explose dans un bruit assourdissant. Je m'écroule sous le souffle de la détonation.

          — Alex ! Ça va ?! me demande Lisa, inquiète, en accourant vers moi.

          — Je vais bien, je vais bien.

          Je me relève en hâte, la tête un peu étourdie. Nous reprenons tous nos places le plus rapidement possible et continuons notre poursuite. Nous ne pouvons les perdre.

          Derrière ce dense nuage de poussière, j'aperçois les hommes s'éloigner avec Megan. Sur les quatre criminels, deux sont à la traine. Ce sont sûrement ceux qui ont jeté la grenade quelques instants plus tôt.
A l'avant, ils arrivent déjà au niveau d'une porte devant laquelle ils s'arrêtent. Le ravisseur le plus mince semble chercher quelque chose dans une de ses poches.

          Mon équipe sprinte pour les empêcher d'entrer, mais l'explosion nous a ralentis et ils ont beaucoup d'avance sur nous, beaucoup trop.

          C'est à ce moment-là que Megan réussit à légèrement bouger dans les bras de son kidnappeur et tourner la tête dans ma direction. Ses yeux noirs croisent les miens, comme ils ne l'ont plus fait depuis si longtemps...

Je ne te lâcherai pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant