Chapitre 43 (Megan)

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          Nous sommes dans l'avion, mais toujours sur le tarmac. Mes gardes m'ont enfermée dans le même petit salon qu'il y a près de trois semaines et je suis assise dans le canapé confortable que je déteste pourtant tellement. Je regarde par le hublot dans l'espoir d'y voir apparaître des lumières rouges et bleues, mais rien de ce genre n'entre dans mon champ de vision durant les longues minutes d'attente avant le décollage.

         A présent, le jet privé de Léonardo commence à avancer et la police n'est pas arrivée.

          C'est fini.

          Ils ne me retrouveront pas à Buenos Aires. Il faudra sans doute que j'attende à nouveau des semaines entières avant une nouvelle intervention de leur part. J'aurais dû en faire plus. Je n'ai même pas réussi à gagner un tout petit peu de temps !

                               ***

          Après un plus d'un quart d'heure de vol, la serrure du petit salon cliquette et j'observe Léonardo entrer d'un air assassin, ce qui le fait lever les yeux au ciel. Dans une colère noire, je redirige mes pupilles foncées par-delà le hublot.

          Je l'entends expirer un long moment et sursaute quand il ferme brusquement le store de la fenêtre de la cabine. Je le scrute à nouveau d'un mauvais œil lorsqu'il s'installe sur le fauteuil en face de moi et qu'il pose un paquet de biscuit et une bouteille d'Oasis sur la table qui nous sépare.

          — Tu n'as pas besoin de me regarder comme ça, tu sais. J'ai reçu des ordres et je les exécute. Je t'avais informée du pourquoi tu es là dès le début. Je ne peux pas te laisser partir. Si je le fais, premièrement, ton père ordonne à un de ses tueurs à gage de me trancher la gorge sur une place publique parce qu'il a besoin de toi, et deuxièmement, tu étais flic. Tu sais très bien où je veux en venir. Si tu dégage, notre trafic est mort et tous les membres du gang finissent en taule en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire.

          Il fait une pause et j'en profite pour extérioriser la haine qui déborde en moi :

          — Vous n'aviez cas pas m'enlever. Dans ce cas, je n'aurais rien su de votre trafic et je vous aurais tous laissé tranquille !

          — Ton père m'a donné des ordres et c'est mon chef. Je ne peux pas lui désobéir, me répond-il d'un ton tranchant, mais calme.

          — Et moi ? Ne m'a-t-il jamais donné d'ordres ? Est-ce que je les ai pour autant toujours écoutés ? Absolument pas. Vous m'avez dit un jour que vous étiez là. Vous étiez là ce soir-là. Vous savez très bien que je lui ai désobéi quand il m'a dit de rester dans ma chambre et que moi j'ai préféré venir écouter votre conversation. Ensuite, j'ai subi. Oui, c'est vrai. Les coups ont fait mal, mais au moins j'avais pris mon courage à deux mains pour faire ce dont, moi, j'avais envie de faire ! Je ne suis pas restée gentille comme un toutou qui obéi à son maître au doigt et à l'œil, moi. Je suis une personne, pas un animal. En plus, vous voulez un deuxième exemple de fois où je ne l'ai pas écouté ? Tenez c'est cadeau.

          Je fais une pause et lui affiche un magnifique sourire hypocrite.

          — Il m'a toujours dit de détester les poulets, mais au final, j'en suis devenue une. Et je suis fière d'en être devenue une, alors quand vous dites que, j'étais flic...

          Je mime des guillemets avec mes doigts à la fin de cette phrase.

          —... vous vous fourrez le doigt dans l'œil. Je ne l'étais pas. Je le suis. Mes collègues nous retrouveront que vous le veuillez ou non. Ce n'étais pas aujourd'hui, certes, mais cela arrivera un jour ou l'autre. L'intervention de ce soir prouve bien qu'ils ont la capacité de nous retrouver alors que vous avez fait preuve de la plus grande attention possible pour ne laisser aucune trace derrière nous. Ils sont doués. Ils nous retrouveront et vous foutront tous en taule.

Je ne te lâcherai pasWhere stories live. Discover now