Chapitre 13 (Megan)

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« Je suis dans ma chambre. Mon père a une séance avec ses collègues, et comme à chaque fois, je ne suis pas autorisée à en sortir. Ma mère n'est pas à la maison. Elle est serveuse dans un bar et travaille tard le samedi soir.

La réunion de mon père est longue. Elle dure toute la soirée et continue pendant un gros morceau de la nuit. Durant ce temps-là, j'entends des rires, des engueulades, des cris de personnes qui sembles totalement ivres...

Je suis au lit mais j'ai beaucoup de mal à m'endormir avec tout le vacarme que font les invités. Je vois les heures défiler et le sommeil ne vient pas. Vingt-trois heures, minuit, une heure, deux heures... A une deux heures et demie, je décide de me lever et d'aller voir ce que font mon père et ses amis. Normalement, je n'ai pas le droit. C'est la première fois de ma vie que j'enfreins cette règle mais j'ai dix ans et il faut bien vivre !

J'ouvre la porte de ma chambre avec le moins de bruit possible et traverse le couloir à pas de loup. Le bureau de mon père est entrouvert. Je regarde dans l'entrebâillement de la porte et aperçois une dizaine d'hommes autour d'une table. Je tends l'oreille pour espionner leur discussion. Mon père parle d'une voix forte et assuré. Lui, il n'est pas soûl comme la moitié de ses invités.

— ...que dix ans, je la formerai le moment venu. Pour l'instant et pour encore longtemps, c'est moi qui veillerai sur notre trafic.

Je le vois prendre un sachet devant lui. De la poudre blanche s'en échappe. Cela m'étonnerait grandement que ce soit de la farine... Je ne savais pas que mon père était un trafiquant de drogue ! Je laisse échapper un tout petit hoquet de surprise et le regrette aussitôt. Mon père m'a entendue.

— Jeune fille !

Je m'élance en direction de ma chambre. J'entends quelqu'un courir à ma suite.

Je ne le sens pas du tout ! Purée ! Megan ! Pourquoi t'es si bête parfois ?!

Je rentre dans ma chambre et tente de refermer la porte mais mon père la retient.

— Je t'avais strictement interdit de sortir de cette chambre ! hurle-t-il.
Je baisse la tête.

— Je suis désolée... Je voulais voir ce que vous faisiez...

Mon père m'attrape par le haut de mon pyjama et me plaque contre le mur. Il me fait mal.

— Tu ne refais plus jamais ça. Est-ce clair ? me cri-t-il encore.

Je hoche la tête.

— J'ai pas entendu !

— Oui papa...

Il me gifle une fois, puis une deuxième. La troisième fois, ce n'est pas sa main qui s'écrase contre ma joue mais son poing qui meurtrit le bas de mon ventre.

— Aïe !!!

Mes cris de douleurs ne ralentissent pas ses coups.

— Il fallait y penser avant !

Après ses paroles, je sais que mon calvaire n'est pas encore fini pour cette nuit, alors je me recroqueville... et il s'acharne... »

***

« Je suis assise sur le canapé et ma mère m'enlace tendrement. Depuis plus d'une demi-heure, nous rions devant une émission comique du vendredi soir et nous mangeons du chocolat que les voisins ont offert à ma maman pour son anniversaire. Nous sommes de bonne humeur comme toutes les fois où mon père n'est pas à la maison. Mon père est en ville. Où ? Je n'en sais rien et tant pis. Nous nous portons d'autant mieux lorsqu'il est loin de nous.

Je ne te lâcherai pasWo Geschichten leben. Entdecke jetzt