Chapitre 35 (Megan)

32 4 2
                                    

            Je me réveille, je suis bien au chaud sous une couette. L'odeur de la lessive propre est si agréable que je rêve de dormir encore quelques heures...

            Hein ?

            Mais...

            J'ouvre les yeux. Au plafond, je découvre la peinture rose et verte que je trouve si immonde de ma chambre d'hôtel.

            De ma chambre à l'hôtel ?

           Je ne me souviens pas d'être rentrée ici hier soir, je ne me suis jamais couchée !

            Je me redresse brusquement et une vive douleur surgit dans mon crâne. J'ai la tête qui tourne horriblement.

            Aïe...

            Je ferme les yeux, serre les dents et attends qu'il diminue légèrement pour me lever. Je titube, je n'ai pas d'équilibre ce matin...

            Mais qu'est-ce qu'il s'est passé, bon sang ?

            Mes yeux ont du mal à rester ouverts, mais un seul regard sur mon réveil me fait halluciner.

            Il est déjà treize heures !

            Je ne me suis pas réveillée avant ?!

            Ce n'est pas normal !

            D'habitude, je ne dors pas beaucoup le matin !

            En plus, comment suis-je arrivée ici ?

            Pourquoi je n'ai plus de souvenirs après le rendez-vous d'hier soir ?

            Je me rends dans ma salle de bain privée où je m'éclabousse un peu d'eau sur le visage pour me rafraîchir les idées, toutefois, rien ne me revient en tête.

            Arghhhh.

            Que s'est-il passé hier soir ?!!

            Je me regarde dans le miroir : j'ai une mine affreuse, des cernes plein le visage et... un énorme hématome sur le front ?

            Pardon ?

            Mais qu'est-ce que c'est ?

            Mes yeux descendent maintenant sur mes vêtements. Je ne porte plus la jupe noire et le top orange pailleté de la veille. Ils ont été échangés avec un t-shirt extra-large et un jogging que je ne me souviens pas avoir mis.

            C'est quoi cette histoire ?

            Je donne trois coups de peigne dans mes cheveux en piteux états, comme je n'ai plus mon après-shampoing préféré, me brosse approximativement les dents et marche jusqu'à la cuisine où je trouve l'Hispanique aux fourneaux. J'aimerais bien des explications.

            — Comment suis-je rentrée hier ? Pourquoi je ne m'en souviens pas ?

            Il se tourne vers moi, surpris. Il ne m'avait pas entendue arriver.

            — Megan ! Comment vas-tu ?

            — J'ai la tête qui est sur le point d'exploser, mais à part ça, ça va, lui réponds-je d'une voix totalement hypocrite.

            Non, ça ne va pas du tout crétin.

            — Je vois, dit-il en se retournant pour continuer sa mixture.

            — Je vous ai posé une question.

            Et ouais mon gars.

            Je le regarde d'un air assassin. Si seulement mes yeux pouvaient tirer des balles, ça me serait d'une si grande utilité en ce moment. J'ai une envie folle de le fusiller, droit dans le cœur... ou dans ses pupilles noires.

            Il se retourne.

            — C'est vrai, pardon. Hier soir, nous avons eu un accident. Une voiture a heurté la portière de ton côté et tu t'es évanouie, commence-t-il comme si c'était la chose la plus normale au monde. Nous t'avons ramenée ici et je t'ai enlevé les fringues que tu détestes pour quelque chose de plus confortable. Léonardo a également appelé un médecin et il nous a affirmé que tu allais bien. Le choc t'a juste... comment dire... endormie quelques heures...

            Il rit.

            Crétin.

            — Mais tu devrais avoir de petites migraines aujourd'hui, c'est normal. Force à toi, moi, je déteste avoir des maux de tête.

            Génial.

            Comme si moi j'aimais ça...

            Les souvenirs de notre dernière soirée commencent à me revenir. Je ne me rappelle toujours pas de l'accident en lui-même, mais la dispute entre l'Hispanique et Léonardo se rejoue dans mon esprit. Ils s'engueulaient comme pas possible dans la voiture et notre conducteur n'avait plus du tout le regard sur la route.

            En revanche, une phrase de l'homme que j'ai en face de moi résonne également en boucle dans mon crâne endoloris : « ...je t'ai enlevé les fringues que tu détestes pour quelque chose de plus confortable. »

            Il m'a déshabillée.

            Il...

            Putain.

            Il est dégueulasse !

            Putain, qu'il me dégoûte !

            Il a profité de mon malaise pour...

            Bordel de merde !

            C'est pas possible !

            L'Hispanique attrape une poêle sur le feu et la pose sur l'îlot central.

            — Je crois que nous serons les seuls à manger ici à midi. Les trois autres étaient énervés et sont allés chez des amis à eux. J'ai préparé du poulet thaï. Assieds-toi donc.
          
***

            Nous mangeons en silence et mon regard reste figé sur mon assiette. Je n'ose pas relever les yeux sur le pervers face à moi.

            Il...

            Arghhhh.

            Je n'en reviens toujours pas qu'il ait osé !

            Mon poulet terminé à la vitesse de l'éclair, je me lève pour retourner dans ma chambre. Malheureusement pour mon moral, l'Hispanique se racle la gorge dans mon dos. Je me retourne avec une nonchalance hors du commun.

            — Quoi encore ?

            — A vingt-heure, nous partons pour San Luis. Remballe tes affaires.

            On part déjà ?

            C'est une blague ?

            Je hoche la tête et une fois dos à lui, je lève les yeux au ciel. Il m'énerve. Il m'énerve au plus profond de ce qu'il peut m'énerver. Dans ses mots, j'ai l'impression qu'il croit que je suis heureuse de participer aux activités de ce trafic de drogue, alors que mon plus grand rêve est de m'échapper de son emprise pour rentrer chez moi, à Los Angeles, et revoir les personnes que j'aime.

Je ne te lâcherai pasDonde viven las historias. Descúbrelo ahora