𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐈 | 𝐈𝐑𝐈𝐒

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Tw: Mutilation, mention de violence conjugale



3. a.m. Londres, deux mois plus tôt

Mes pieds traînent au sol, tandis que la pluie accélère le pas. Mes cheveux ont repris leur forme ondulée, tandis qu'ils ont été raidis ce matin par le lisseur. J'ai raté ma mission, père va me détester. Je me fais harceler d'appels de mon père et d'un numéro masqué depuis un moment maintenant.

Mon téléphone qui est sur vibreur, se remet à faire des siennes. Encore lui, le numéro masqué. Je pensais l'avoir bloquée. Bien sûr, ce sont peut-être des gamins qui font des canulars téléphoniques. Je décide de répondre pour voir leur excuse.

— Miss Brown à l'appareil. Que, me voulez-vous. Si vous insistez autant, c'est qu'il a une raison. Je vous écoute.

Un bruit sourd se met à raisonner dans mes oreilles. Le petit con, il a raccroché. C'était un homme, son souffle résonne encore dans mes tympans. Encore un pervers.

Mon téléphone se remet à vibrer. Mais cette fois-ci c'est mon père. Je décroche et approche prudemment l'appareil à mon oreille.

— Iris ! Inconsciente !

On est reparti. Je n'écoute même plus ses paroles, ses reproches. Celle-ci me fait l'effet d'un coup de poignard qu'on enfonçerait plusieurs fois dans un cœur innocent, c'est-à-dire mal. Après tout, je ne devrais pas être comme ça, il me reproche quelque chose tous les jours comme si je n'étais rien pour lui. Comme s'il ne me considérait pas comme sa fille.

M'aime-t-il ?

C'est la question qui trotte dans ma tête, depuis un moment maintenant. Je lève la tête de mon écran lumineux pour regarder le paysage qui se forme autour de moi.

Des maisons anciennes, un ciel gris qui déverse des larmes depuis désormais cinq minutes. Je me suis mis à courir pour rentrer plus vite à la maison où Pearl m'attend. Elle est le seul réconfort depuis que je suis partie de la maison de la tristesse et de la froideur qui me retenait depuis vingt ans.

J'entre dans mon appartement et aperçois Pearl en train de dormir sur son arbre. Je m'approche d'elle pour la caresser ce qui la fait ronronner. Mon téléphone qui repose dans ma poche de jean n'arrête pas de vibrer. Je prends la peine de regarder même si je sais de qui tout ça provient.

Cent messages manqués de mon père.

Le dernier heurte mes sentiments "Je regrette ta venue au monde", venant de la part de l'homme qui compte le plus pour moi. Ses mots sont tranchants, comme cet objet dans la salle de bain qui m'appelle.

Ma vision se brouille, mes yeux se remplissent d'eau. Pourquoi moi ? Je ne mérite pas tout cet acharnement.

Je me mets à dessiner sur mon corps, avec cet objet tranchant qui m'appelait tant. Vais-je regretter ? J'en suis sûre, dans quelques heures, comme d'habitude.

La première goutte de sang tombe, je m'arrête. Je désinfecte la plaie, tandis que ma vision se remet à être floue. Ça me fait du bien même si c'est mal.

— J'ai juste envie que tout s'arrête...

J'ai déjà essayé de m'ôter la vie, mais sans conclusion, car je suis toujours ici, à subir tout ce qui m'arrive.

Je me plains trop, je suis une fille ingrate comme dirait mon père. Quand il a découvert les entailles sur mon bras, il s'est mis à m'insulter.

Je ne fais pas ça par plaisir, je me sens obligé et c'est la seule façon de me libérer, de ce qui me pèse chaque jour. J'essaie de les camoufler avec du fond de teint. Mais pourquoi pensais-je que ça allait marcher, c'est à peine perdu comme à chaque fois.

🕯

La nuit s'est maintenant abattue sur le ciel de Londres. La nuit, mon plus gros cauchemar. Ma mère est décédée sous les coups de mon père un soir. Et depuis ce jour, je fais des cauchemars. Je n'arrive plus à dormir sans bruit ni lumière. Ce qui semble absurde, mais nécessaire. C'est depuis cette nuit-là que je dessine ces traces ineffaçables.

J'inflige à mon corps la douleur que j'ai dans le cœur. Je suis devenue addict dès que quelque chose ne va pas, c'est plus fort que moi. J'avais réussi à m'en passer pendant trois mois. Mais j'ai rechuté et je m'en veux.

Les ronronnements de Pearl me font sortir de mes pensées, mon seul soutien émotionnel avec mes meilleures amies. Elle s'infiltre entre mes jambes, pose en tailleur et commence à s'assoupir. Ses poils blancs se lèvent au fur et à mesure que sa respiration a lieu.

Je tourne la tête et aperçois un papier sous ma porte bizarre. Je dépose délicatement Pearl à ma gauche et essaye de me lever sans la réveiller. Le bruit de mes pas est le seul bruit dans l'appartement.

Je m'abaisse et lis l'inscription.

— On se retrouve bientôt Angel. Signé V.

Qu'est-ce que c'est que ça ?

𝑽𝑨𝑳𝑬𝑹𝒀𝑶 |  𝑻𝑶𝑴𝑬 𝟏Donde viven las historias. Descúbrelo ahora