Chapitre quatre : L'Aube

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  Le réveil sonne dans le vide, car je suis déjà debout. Je n'ai pas cherché à me rendormir après ce qu'il s'était passé cette nuit. Je n'ai pas cessé de penser à ce qui approchait à grands pas.

  Je n'ai jamais été aussi angoissée à l'idée de faire une simulation. Après tout, c'est la première fois que je verrai la Terre de mes propres yeux. Enfin... tout est relatif. Cela ne reste qu'une simulation créée à partir des archives que mon peuple a sur la planète de nos ancêtres. J'imagine qu'elle a bien changé depuis.

  Il m'arrive parfois de me demander quelle serait ma vie si mes aïeuls n'avaient pas été envoyés sur Mars. Si j'étais née sur Terre. Aurais-je eu la même vie ? Que serais-je devenue ? À quoi occuperais-je mes journées si les Ravageurs n'existaient pas ? Tant de questions auxquelles je n'aurai jamais de réponse.

  Je sors de mes pensées, me souvenant que je ne dois pas traîner si je veux être à l'heure pour le petit-déjeuner. J'attrape la tenue que l'on nous a remise et l'enfile en vitesse. Je défais mes tresses – qui ne ressemblent plus à rien d'ailleurs – et attache mes cheveux en une queue haute. Je prends le temps de ranger ma chambre jusqu'à ce que mon ordinateur me signale qu'il est temps de partir. Je m'exécute, ne voulant faire aucune bavure sur le programme après les événements de cette nuit.

  Lorsque j'arrive au réfectoire, je découvre avec horreur que Lorcan attend déjà que l'accès nous soit autorisé. Je serre les dents et vais me placer derrière lui. Il ne se retourne même pas vers moi, ce qui n'est pas plus mal.

  Une fois les portes ouvertes, nous découvrons avec surprise que nous avons le droit à un assortiment de petites gourmandises et que nous ne sommes pas séparés dans des pièces. Benjamin est même déjà assis, deux tasses à la main. Je le rejoins et le salue, tandis qu'il me tend du café. Je le gratifie d'un sourire et m'assois à côté de lui. Monsieur Igétis entre alors dans la pièce. Son regard croise le mien. Je le soutiens. Je ne détourne pas les yeux.

  — Bien le bonjour à tous ! Comme vous pouvez le voir, vous êtes deux dans ce Bâtiment à avoir été sélectionnés, ce qui, je l'avoue est une fierté personnelle. Pour cette occasion, nous avons eu l'autorisation de vous faire un peu plaisir avec quelques gourmandises. Profitez-en tant qu'il est temps. On se retrouve à sept heures pour le départ vers le Bâtiment Déka. Régalez-vous !

  Nous n'y manquons pas. À peine a-t-il disparu que nous dévorons déjà ces mets que mon palais découvre. Je n'ai jamais rien mangé d'aussi bon. Je préfère cependant rester raisonnable pour ne pas avoir trop mangé pour la simulation – ce que Lorcan semble vouloir lui aussi.

  Lorsque Ben a terminé, nous sortons du réfectoire et nous nous dirigeons vers une salle d'entraînement. Celle-ci ne contient ni machines, ni armes. Elle nous permet de nous entraîner librement.

  Mon Mentor s'assoit au centre de la pièce et murmure :

  — Je ne veux pas trop t'épuiser, mais il faut quand même que tu aiguises tes capacités avant de partir.

  À peine a-t-il dit ça, qu'une flamme apparaît à quelques pas devant lui. Il sourit et me donne alors des indications pour que je change sa forme, son intensité et même sa couleur. Je multiplie les petites flammes, fais voler des braises... Tout cela, uniquement avec mon esprit. Il me suffit de l'imaginer.

  Je sais que c'est un point fort qui est pris en compte pour rejoindre l'Élite. C'est un avantage pour moi. Mais il faut aussi avouer que j'ai surtout eu de la chance d'avoir un Mentor qui sait maîtriser le Feu. J'en ai conscience.

  Seul le personnel de direction est au courant de cette particularité. Je crois qu'aucun de mes camarades n'en a connaissance. Et je préfère cela.

  Je m'entraîne encore pendant un moment avant que nous décidions de sortir pour rejoindre notre point de rendez-vous. Nous arrivons même les premiers avec quelques minutes d'avance.

Dark Peace - Tome 1 : As Red As DawnWhere stories live. Discover now