Chapitre treize 🥃

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Dazai

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Les lumières tamisées du bar révèlent l'atmosphère décontractée mais légèrement mélancolique de l'endroit. Chuuya, attablé en face de moi, enchaîne les verres de vin avec une détermination presque insolente. La clink des verres et le murmure de la clientèle créent une toile sonore enveloppante, mais il est évident que l'agitation extérieure ne semble pas toucher Chuuya, absorbé dans son propre monde de pensées, ou peut-être d'oubli.

Je préfère opter pour un cocktail plus léger, conscient que cette soirée peut prendre une tournure imprévisible si Chuuya continue sur cette lancée. Quelqu'un doit rester lucide, et pour une fois, c'est à moi de jouer ce rôle.

Les gorgées de mon cocktail sont calculées, chaque mouvement fluide et contrôlé. Mes yeux observent discrètement Chuuya, surveillant le niveau de ses verres tout en m'efforçant de préserver une façade décontractée. Il y a quelque chose dans son comportement, dans la manière dont il cherche l'ivresse, qui suscite une légère inquiétude en moi.

— Chuuya, on devrait peut-être ralentir un peu, lançai-je d'une voix calme, cherchant à injecter un soupçon de rationalité dans la situation. — On n'a pas besoin de finir la soirée dans un état pitoyable.

Il lève un regard légèrement voilé vers moi, semblant percuter la réalité pour un bref instant avant de détourner le regard. La tension flotte dans l'air, une danse subtile entre l'inconfort et la nécessité de garder le contrôle.

—Les gens commencent à me gaver sérieusement ! Je me suis pris quatre heures de colle parce qu'un abruti m'a traité de nain de jardin et j'ai dû le frapper pour l'arrêter, dit-il d'un ton grognon, les sourcils froncés.

Un léger rire s'échappe de mes lèvres tandis que j'approche mon visage du sien, captant l'étincelle de désespoir dans son regard.

—Tu agis vraiment toujours avec de la colère, Chuuchuu. T'apprendras jamais de tes erreurs à ce que je vois, commentai-je taquin.

Il lève les yeux vers moi, une lueur de frustration mêlée à une pointe d'autodérision.

—Oh, comme si tu étais le gars à donner des leçons sur la sagesse, réplique-t-il, un sourire ironique étirant ses lèvres. — T'as bien tes propres démons à affronter.

Je m'adosse confortablement à ma chaise, esquissant un sourire complice.

—Certes, mais au moins, je ne finis pas en heures de colle à chaque fois que quelqu'un me cherche des noises, contrairement à certains.

Chuuya secoue la tête avec un mélange de rires et de grognements.

—La vie serait tellement plus simple si les gens pouvaient fermer leur grande gueule.

Je lève mon verre comme pour trinquer à cette déclaration.

—À un monde où les gens seraient plus intelligents, lançai-je avec une pointe d'ironie.

Chuuya sourit en levant son verre pour trinquer, peut-être un peu moins tendu qu'auparavant. La soirée s'installe dans une atmosphère de confidences et de taquineries, les éclats de rires éclipsant temporairement les soucis qui pèsent sur nos épaules.

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Je reposai mon carnet de suicide, laissant mes pensées dériver vers la discussion récente avec Chuuya, la nuit du Nouvel An. Les feux d'artifice éclataient encore dans ma mémoire, mais quelque chose d'autre captivait mon esprit. La manière dont Chuuya avait réagi à ma présence, la réticence mêlée d'une curiosité voilée. Un sourire en coin se dessina sur mes lèvres, anticipant les possibilités intrigantes de cette rencontre fortuite.

Love Again || SOUKOKUWhere stories live. Discover now