𝓒𝓱𝓪𝓹𝓽𝓮𝓻 𝓽𝔀𝓸

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𝓐𝓲𝓷𝓪𝓻𝓪

Neuf ans plus tôt,

Mon père, alerté par l'arrivée d'un homme à l'extérieur, se précipita pour se préparer, son visage dur et déterminé. Je me tenais dans l'ombre, observant silencieusement la scène qui se déroulait devant moi, mon cœur battant la chamade.

— Ainara, ne me dis pas que tu es sortie sans autorisation, gronda-t-il en me découvrant.

Je tentai de balbutier une excuse, mais il ne m'écoutait déjà plus.

— Il t'a vue, c'est fini, trancha-t-il, avant de se diriger rapidement vers la porte, ses hommes à ses trousses.

Je me mis à courir derrière eux, désespérée de comprendre ce qui se passait, mais Claudia m'attrapa par le bras, me retenant avec fermeté.

— Non, toi, tu restes ici, jeune fille, ordonna-t-elle d'une voix ferme.

Je me débattis, criant et suppliant pour être libérée.

— Lâche-moi, je veux voir ce qui se passe, je t'en supplie, suppliai-je, les larmes aux yeux.

Mais Claudia ne céda pas, elle me guida vers le dernier étage de la demeure, dans une petite salle sombre, qu'elle barricada soigneusement.

— Mais qu'est-ce que tu fais ? Papa est en bas ! Laisse-moi sortir !, hurlai-je, frappant contre la porte avec désespoir, sachant au fond de moi que mes cris étaient vains, que cette porte était devenue ma prison involontaire.

Présent

Les yeux peinant à s'ouvrir, la couverture déjà à moitié engloutie par ma tête, les cheveux entremêlés en une masse rebelle, une envie persistante de rejeter le festin d'hier remuant dans mon estomac, c'était peine perdue, j'allais rater la première heure de cours. La maison flottait dans un silence inhabituel, pas de réveil annonçant la voix de Claudia, aucune porte qui grince, quelque chose n'allait pas.

Revêtu d'un gilet en hâte, je dévalai les escaliers principaux, cherchant toute trace d'activité humaine. Claudia n'était pas rentrée. Où pouvait-elle bien être passée toute la nuit ? Les gouttes de l'évier tombant une à une semblaient résonner comme des rappels que je risquais de rater également la deuxième heure.

Poussée par une poussée d'adrénaline, je fis un sourire résolu devant la porte de la salle de bain. Je glissai ma jupe longue autour de mes hanches avec une facilité déconcertante, mon visage orné d'un maquillage qui mettait en valeur la couleur de mes yeux marrons et la nuance de mes taches de rousseur, un masque pour dissimuler les cauchemars de la nuit passée. Je réajustai le col de ma chemise bleu ciel, cherchant à insuffler une certaine classe à ma tenue.

Après avoir marché pendant une bonne demi-heure dans les rues de Chicago, je sautai dans le premier bus qui me ramenait à Havard. Les genoux repliés sur mon siège, je sirotais mon chocolat blanc. Mon premier repas de la journée. L'atmosphère du bus semblait pesante et ennuyeuse, alors j'enfilai mon casque pour étouffer les bruits et les conversations des passagers.

Arrivée à Havard, mes pas s'accélérèrent pour m'abriter à l'intérieur de l'établissement. Je me dirigeai droit vers le cours de marketing, là où Beccy m'attendait sûrement. Juste à temps, je poussai la porte massive, là où allait débuter une journée mouvementée. D'un balayage du regard, je scrutai la salle pour repérer la silhouette de Beccy assise au premier rang. Elle croisa mon regard et me fit signe de la main, m'invitant à la rejoindre.

Ainara Réécriture Where stories live. Discover now