Une solution ? Mortelle, mais oui, une solution.

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Je gémis en passant ma main sur mon front, saisis par un mal de tête phénoménale. Un grognement me répondit aussitôt, fusant à ma droite. Je tournai la tête, contemplant une Isidora roulée en boule en occupant une grande partie de mon lit. Pour ne pas dire sa totalité. Doucement, ma main délaissa mon front pour venir passer sur sa tête velue alors qu'elle dormait profondément, grattant l'espace juste derrière ses oreilles. Elle ronronna sans me surprendre et je souris en coin. Avant de soupirer et de fixer le plafond en reposant mes bras sur mon ventre alors que je restai allongée.

Je n'avais pas oubliée ce qu'il s'était passé. Même durant mon sommeil, je n'avais été que hantée par son image. Je n'avais pas pu la sauver. Je n'avais pas réussi à soigner Tamara. Pourquoi ? A quoi me servait un pouvoir immense s'il n'était même pas capable de protéger et de sauver mes amis ?

Mes pensées devinrent plus sombres. Pourquoi m'avoir fait sortir de cet endroit si ce n'était que pour me torturer un peu plus ? Dana était-elle cruelle à ce point ? Je fermai les yeux. Non. Je ne devais pas repenser à ces derniers mois. Je devais oublier cet endroit maudit. Oublier à quel point on avait pu me montrer que les êtres vivants étaient aptes à être mauvais et cruels. Me détendant, Isidora passa sa langue sur ma main, me signalant son éveil. Mais les yeux que je posai sur elle, restèrent vides d'émotion. J'aurais voulu pouvoir arrêter de ressentir quoi que ce soit. Plus de douleur. Plus de colère.

« - Et plus d'amour, me désapprouva le griffon.

- Pour l'instant, je ne trouve pas l'amour très positif, rétorquai-je en reposant mes yeux sur le plafond désormais épuré.

- Moi je t'aime, lança-t-elle de sa voix bourrue et bougonne. Trouves-tu cela négatif ? Et je te conseille de surveiller ta réponse, jeune fille. N'oublies pas que je peux très bien t'arracher quelques doigts en fonction.

- Tu as raison, pouffai-je. L'amour peut-être une bonne chose. »

Isidora ronronna en signe d'approbation et je vins me blottir contre elle. Qu'est-ce que cela faisait du bien. J'étais à Dacer. J'étais en vie. Ma vie n'avait rien de rose, ni paisible, mais j'étais là où j'avais envie d'être. Mon retour n'était pas aussi idyllique que je l'avais espéré et il me restait bien de choses à faire. Mais j'étais chez moi. Et je pouvais encore agir. Je pouvais encore trouver le moyen de soigner Tamara. Et celui d'éviter Kenan. J'allais pouvoir rire, retrouver mes amis, me mettre en colère, manger, lire, parler, vivre. Oui. Juste vivre.

Je fermai les yeux et inspirai longuement.

- Oublie, Keyli. Tu as juste à oublier.

C'était terminé. Tout ce que j'avais vécu là-bas était derrière. J'étais à Dacer. J'étais dans un endroit sur. J'étais avec mes amis. Je sentais leur présence dans tout le château. Maël était en train de dormir comme un sonneur, épuisé par notre tentative de la veille. Devon s'entraînait dans la cour de l'école, ayant besoin de se défouler alors qu'il se sentait impuissant même si ce sentiment ne l'empêcha pas de lancer quelques blagues houleuses à l'attention de louves qui papillonnaient des yeux en le dévorant du regard alors que je ne pus que reconnaitre que Devon était fichtrement sexy. Saphira et Epona se chamaillaient pour une raison quelconque dans les écuries. Et puis il y'avait An...

Je réalisai brusquement, me redressant d'un bond dans mon lit. Andréa. L'esprit d'Andréa courait au creux du mien. C'était flou. Instable. Mais bien présent. Ses pensées se mêlaient faiblement aux miennes. Je me mordis la lèvre. J'avais raison, il se trouvait extrêmement loin de Dacer, à plusieurs milliers de kilomètre. Et pourtant, malgré cette distance, mon cœur tambourinait dans ma poitrine sans que je ne parvienne à comprendre pourquoi. Un désireux impérial me dictait de lui ordonner une seule et unique chose. Viens à moi. C'était viscéral. Puissant. Indomptable. J'avais besoin qu'il soit à mes côtés. Je posai une main sur ma poitrine et tâchai de fermer les yeux, cherchant à faire cesser cette pulsion violente.

Water Lily : l'éclosion.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant