Chapitre 3.

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Le jour suivant fût encore plus intense que le précédent. Et ainsi de suite. A tel point que je me demandais si il était réellement possible de s'attacher à quelqu'un qu'on n'a jamais vu. Mais cette frustration omniprésente m'insupportait. J'avais besoin de savoir à qui cette personnalité appartenait réellement. J'avais besoin de mettre un visage, une voix, un corps à cette relation. Et ce besoin fût en quelque sorte comblé.

D'Edouard à Moi: Il faudrait peut-être qu'on s'appelle un jour.

Moi: Je pensais exactement à la même chose.

Edouard: On pourrait peut-être même faire un Facetime si ça te dit.

Moi: Un Facetime, genre tu verras ma tête en gros plan?

Edouard: Oui mais on peut peut-être éviter le gros plan!

Moi: Ce serait mieux en effet.

Edouard: BON alors c'est oui ou non?

Moi: C'est oui ohlala!

C'est donc ainsi qu'on se vit pour la première fois à travers un écran. C'était à la fois extrêmement gênant et à la fois vraiment trop drôle. Je pouvais voir quand je le faisais rire, c'est à dire souvent car par message c'est facile de faire semblant de ne rien trouver drôle alors qu'en réalité tu ne peux plus rien cacher. Nos yeux restaient parfois immobiles, se fixant les uns aux autres pendant de longues secondes pendant lesquelles je retenais mon souffle. C'était tellement mieux d'avoir un peu plus de réalité, entendre sa voix, son rire, voir ses mimiques, ses gestes... la façon dont ses yeux me regardaient. Je pourrais presque dire que c'était parfait. Parfait jusqu'à ce qu'il raccroche et que tout redevienne totalement virtuel.

"Tu devrais peut-être lui demander si il veut bien que vous voyez en vrai. Il n'est pas très loin non? Me demanda ma meilleure amie alors qu'on mangeait tranquillement au réfectoire.

- Il était à Toulouse quand on a matché. Là il est retourné chez lui à Paris! C'est hyper loin!

- C'est loin mais pas impossible.

- Il ne ferait jamais tout ce trajet pour moi.

- Et toi tu le ferais pour lui?

- Oui. Affirmai-je.

- Alors vas-y!

- T'es mignonne toi, tu crois vraiment que ma mère me laisserait y aller? Jamais de la vie!

- Ah ben dans ce cas là c'est mort arrête de lui parler et t'attacher à lui pour rien.

- L'amour ce n'est jamais pour rien.

- Fais comme bon te semble écoute! S'exclama t-elle lassée que je sois aussi têtue."

Dans le fond elle avait peut-être raison. Mais je refusais de l'admettre. Plusieurs semaines ainsi passèrent. Et je me sentais de plus en plus frustrée. On avait beau continuer à nous appeler et à nous parler tous les jours, un gros vide s'était installé entre lui et moi. Et rien n'allait se régler si nous n'en parlions pas.

De Moi à Edouard: T'en mets du temps à répondre!

Edouard: Ouais désolé je suis au tél.

Moi: Il fallait que je te parle de quelque chose du coup préviens moi quand t'as finit.

Edouard: On peut s'appeler ce soir si tu veux.

Moi: Je préfère en parler par message!

Edouard: Bon beh comme tu veux.

Mais le soir venu je ne trouvai pas le courage et inventai une histoire stupide. J'aurais peut-être dû trouver le courage car seulement quelques jours plus tard, j'appris qu'il s'était mis en couple avec une fille qui s'appelait Lydie. J'en croyais à peine mes yeux. Je ressentais quelque chose de profond en moi qui me déchirait la poitrine. Alors je décidai tout simplement de ne plus lui parler car je n'arrivais pas à oublier une seule seconde qu'il était amoureux d'une fille et que cette fille l'avait tout entier pour elle seule.

Oui, je l'avoue ça me faisait mal et je ne comprenais pas pourquoi m'étais-je attachée à quelqu'un qui est à des kilomètres derrière un écran. C'était si stupide mais à la fois si incontrôlable.

Tome 1: "Si seulement"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant