11. La mort

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Lorsque la jeune femme ouvrit les yeux, elle ne vit que du blanc. Comme elle ne sentait rien du tout, aucune sensation, elle se dit qu'elle devait être morte. Loin d'être affolée à cette idée, elle sourit et s'étira avec délice. Mais était-ce vraiment ça le paradis ? Ça semblait sympa comme endroit, il manquait peut-être un peu de camarades de décès mais ils viendraient sûrement après. La nouvelle morte était apaisée et presque heureuse, sans savoir pourquoi. Le trépas lui allait apparemment très bien.

Puis un élément vint perturber son calme : une irrépressible envie d'aller aux toilettes. Il y avait-des toilettes aux paradis ? En quel matériau étaient-elles construites, du nuage ? Les anges aussi devaient se soulager ? Un flot de questions sans réponse envahi son esprit.

Stop ! Elle n'était pas morte pour s'interroger sur tout ! Elle devait se reposer. Après tout, c'était des vacances à vie. Ou plutôt à mort. Et par-dessus tout, son envie ne faisait que s'intensifier. Elle devait chercher les toilettes. La jeune femme se redressa et se rendit compte qu'elle était dans un lit. Le matelas semblait un peu trop dur et l'oreiller trop mou. Ils pourraient faire des efforts quand même !

Elle se décida finalement à se lever et constata qu'elle se trouvait dans une petite chambre sans prétention, entièrement blanche. Elle ne savait que le monochrome était à la mode là-haut. Un petit fauteuil était juste à côté d'elle, une veste manifestement masculine négligemment posée sur l'accoudoir. Le vêtement appartenait probablement à la personne chargée de tout lui expliquer sur sa vie après la mort mais cet homme s'était absenté. Oui, ça devait être ça.

Des appareils étranges émettaient des bruits étranges de l'autre côté du lit et en étudiant son corps, elle s'aperçut que des câbles la reliaient aux machines. Sans y prêter grande attention, elle les arracha et se dirigea vers la porte qui était fermée. Elle sortit et se retrouva dans un couloir, lui aussi blanc. Décidément, ils aimaient cette couleur !

Elle erra comme une âme en peine dans le couloir, espérant trouver quelqu'un qui puisse lui indiquer les toilettes. Elle ne pensa même pas à chercher des indications. A un moment, elle croisa un jeune homme vêtu d'une étrange blouse bleue qui semblait pressé. Elle s'avança vers lui et lui demanda son chemin avec un grand sourire. C'est à peine si il arrêta sa course vers des portes métalliques en train de se fermer et sa réponse fût un vague "Pas le temps". Tient, ils avaient aussi des ascenseurs !

Pestant contre cet homme mal élevé, la femme égarée se mit en quête d'une personne plus polie. Elle continua son chemin et, sans trop savoir comment, elle se retrouva au milieu d'une foule de gens qui couraient, criaient et la bousculaient sans lui prêter aucune attention. Étourdie par toute cette agitation, elle se sentit faiblir et dû s'appuyer contre un mur.

Elle haletait, ses oreilles bourdonnaient et sa vision se brouilla un instant avant de revenir à la normale. Devant elle, une femme d'une quarantaine d'années pleurait toutes les larmes de son corps dans les bras d'un homme du même âge qui tentait de la réconforter. En face d'eux, un homme lui aussi vêtu de la blouse bizarre leur disait qu'il était vraiment navré mais que leur fils était mort.

Un couple de jeunes punk passèrent devant elle en débattant sur le fait que leur ami était trop fort car il avait survécu. Et autour d'elle, des dizaines et des dizaines de gens marchaient, soit tristes en pleurant ou alors soulagés et souriants.

La jeune femme suffoquait, elle était comme dans du brouillard, ne comprenant pas ce qui lui arrivait et surtout où elle était. Ses membres étaient comme en feu et la douleur la terrassait. Elle ferma les paupières, ne parvenant pas aligner une pensée cohérente et ayant l'impression de se noyer.

Tout à coup, elle ouvrit les yeux et constata qu'elle se trouvait dans une pièce remplie d'étagères contenant des cartons. Ses jambes avaient dues la conduire là pendant sa crise sans qu'elle ne s'en rende compte. Pour se calmer, elle prit de grandes inspirations mais la douleur était toujours présente, presque intolérable et elle se demandait comment elle faisait pour ne pas hurler.

La fille StarkOnde histórias criam vida. Descubra agora