Chapitre 16

3.8K 218 4
                                    

Le voyage de retour à Harugeon fut terriblement long pour Lucy. Elle ne pouvait s'empêcher de penser à Natsu, de penser à ses amies. Elle espérait que tout le monde était bien rentré sains et saufs. Malgré tous ses efforts, elle ne pouvait s'empêcher d'être triste de la manière dont les choses s'étaient terminées. En écoutant les conversations de ses gardes, elle avait compris qu'ils la pensaient tous sous le choc de son expérience.

Elle avait également appris qu'Hadès et son équipage avait été arrêté il y avait de cela quelques semaines. Et évidemment, elle n'était plus avec eux lorsqu'ils avaient été capturés. Hadès avait indiqué le nom des personnes qui l'avait 'emportée'. Et depuis, ils cherchaient tous l'équipage de Natsu. Donc, tout ce qui était arrivé, était bel et bien sa faute. Comment Natsu avait-il réagit à la nouvelle ? Lucy ne pouvait s'empêcher d'espérer qu'il n'avait rien fait de stupide.

Harugeon était en vue ce matin là. Le navire n'était plus qu'à 3 ou 4 heures du port, ils arriveraient en fin de soirée. De nombreux cadavres de pirates pendaient à l'entrée. Avant son père refusait d'exhiber les victimes de l'échafaud, mais son récent kidnapping avait dû changer les choses. Lucy descendit du navire, en portant un uniforme de la marine. Les soldats n'ayant que ça à lui offrir.

Son père, entouré de gardes, s'avança vers elle. Les larmes aux yeux, mais la démarche fière et assurée, comme toujours. Il enlaça sa fille et lui assurait que tout était fini en lui caressant la tête. C'est alors que Lucy craqua, qu'elle se mit à pleurer, non pas de soulagement comme semblait le croire toutes les personnes autours, mais de désespoir. Tout était fini, elle ne reverrait plus jamais Natsu. La seule chose qui lui permettait de tenir était de se dire que Natsu était vivant, et libre.

En sentant sa fille trembler, Jude resserra son étreinte. Jamais une princesse ne devait pleurer en publique. Lorsque la crise se calma, Lucy s'éloigna de son père, et c'est tous deux qu'ils retournèrent vers le château. Son ancienne maison, mais qui ressemblait aujourd'hui à une prison dorée.

Jude rejeta tous les serviteurs qui s'approchaient de sa fille. Il la conduisit lui-même sa fille vers sa chambre. En poussant la porte, il dit

« Bon retour à la maison, Lucy. Tu m'as vraiment manquée. »

Il l'embrassa sur le front de nouveau, et referma la porte lorsqu'elle entra. Lucy fit le tour de sa chambre. Elle était toujours aussi grande, toujours aussi luxueuse. Mais quelque chose manquait. Natsu. Sans lui, même le château lui paraissait vide. Lucy s'effondra alors au milieu de la pièce. De nouveau elle pleura, encore et encore. Elle n'avait même pas la force de marcher jusqu'à son lit. Son lit immense à baldaquin. Si elle en avait eu la force, elle aurait même pu se cacher derrière les longs rideaux de son lit. Mais non, elle se contenta de rester sur son tapis, et de pleurer.

Elle n'entendit pas la porte s'ouvrir. Mais elle sentit la présence d'une personne derrière elle. Elle se retourna et vit Angel. Angel était une autre de ses dames de compagnie. Une de celles qui n'avait pas tous les privilèges de Lévy, étant donné que Lévy était sa première dame de compagnie. Lucy ne pouvait pas supporter Angel, c'est pourquoi elle n'était en général qu'avec Lévy.

Lucy l'observa un moment, avant de se lever. Elle ouvrit la porte, et vit 4 gardes en faction devant sa porte.

« Vous. (elle pointa un garde du doigt) Allez me chercher ma dame de compagnie. »

« Mais, madame. Elle vient de rentrer dans votre chambre. »

Le garde semblait confus.

« Je ne voulais pas parler d'Angel. Je voulais parler de Lévy MacGarden. Ma dame de compagnie depuis que je suis petite. »

Le garde sembla embarrassé. Il semblait s'excuser de devoir lui annoncer la chose.

« Mademoiselle MacGarden est en prison depuis qu'elle vous a laissée seule. Votre nouvelle première dame de compagnie est Angel, ma dame. »

Lucy s'élança dans le couloir. Enfin, s'élancer est un bien grand mot, lorsque l'on n'a pas le droit de courir. Elle se dirigea jusque chez son père et toqua. Celui-ci ouvrit la porte, et surpris s'écarta pour laisser sa fille entrer.

« Lucy ! Y a t'il un problème ? »

« Oui, père. Je viens d'apprendre que Lévy MacGarden, ma dame de compagnie est en prison. Puis-je savoir ce qu'elle a fait ? »

« Mais enfin Lucy, elle t'a laissée seule face aux pirates ! »

« Père ! » Lucy prit un ton sévère. « J'espère que vous plaisantez. Ca ne peut assurément pas être le seul crime de Lévy. Père, je me suis rendue dans l'espoir de faire cesser l'attaque sur Harugeon. Lévy aurait été incapable de m'arrêter. » Jude était silencieux, il semblait indiquer qu'il ne reviendrait pas sur sa décision.

« Enfin père, vous avez vu Lévy ! Elle est petite, frêle. Lorsque j'ai retiré mon bras pour retourner vers le port, elle n'avait même pas une chance de me retenir et encore moins de me suivre. » Jude hochait la tête de droite à gauche. Il refusait d'entendre la vérité.

« Père ! » Lucy haussa le ton et regarda son père droit dans les yeux. « Père ! Faites moi le plaisir de relâcher ma dame de compagnie immédiatement. Je refuse qu'Angel soit à mes côtés en permanence. »

L'agitation de Lucy fit se rouvrir la plaie sur son flanc droit, et le sang commençait à imbiber son vêtement. Jude écarquilla les yeux en voyant la chemise blanche de marine que Lucy portait encore devenir écarlate. Mais Lucy ne flancha pas. Au contraire, elle se posta devant la porte, en bloquant l'accès et elle continua à réclamer la présence de Lévy à ses côtés. Et plus elle s'agitait, plus le sang coulait rapidement. Au bout d'un moment, son père céda. Lucy s'écarta alors de la porte, son père put alors demander aux gardes d'aller chercher un médecin... et de libérer Lévy.

Le médecin reconduisit Lucy jusqu'à sa chambre, et lui recousu la plaie. Une fois fait le médecin lui demanda de garder le lit jusqu'à nouvel ordre. Et Lucy promit, à condition que Lévy soit à ses côtés. Sans cela, elle se lèverait de nouveau. Le médecin ouvrit la porte et demanda à Lévy d'entrer.

La dame de compagnie semblait encore plus petite que d'habitude. Elle qui n'était pas grande, et qui semblait si mince, avait encore maigrit. Ses joues s'étaient creusées, ses bras et ses jambes étaient squelettiques. Et sa poitrine qui était peu développée semblait encore plus petite. Ses cheveux autrefois soyeux et brillants étaient maintenant ternes et crêpés. Lucy regarda son amie avec des larmes dans les yeux. C'était sa faute. Elle avait fait subir ça à Lévy, sa seule amie dans cet immense château.

« Oh mon dieu. Lévy, je suis tellement désolée. C'est de ma faute. C'est de ma faute. C'est de ma faute. »

Lucy répétait cette dernière phrase en boucle, comme une litanie, jusqu'à ce que son amie vienne à son chevet. Lévy prit la tête de Lucy dans ses mains, la forçant à la regarder dans les yeux.

« Princesse. Ecoutez-moi bien. Vous avez fait ce que vous aviez à faire pour nous sauver tous. Si j'avais été plus courageuse, je vous aurais suivie. Mais j'ai été lâche. Et je me suis enfuie. Je méritais ma punition. »

Lévy hésita quelques instants avant d'ajouter.

« Je ne me le serais jamais pardonné s'il vous était arrivé malheur. Je suis vraiment heureuse de vous revoir ! »

Lucy esquissa un léger sourire. Lévy ne changerait jamais !

« Disons que les torts sont partagés. Tu te sens responsable parce que tu ne m'as pas arrêtée, et je me sens coupable de t'avoir laissée dans cette prison pendant si longtemps. Donc je pense que le plus simple, serait que l'on se pardonne l'une l'autre. Bien que de mon côté, je ne pense pas que tu ais quoique ce soit à te reprocher ! »

Lévy sourit, s'approcha de la table de chevet de Lucy et en sortit un livre. Elle souffla la poussière qui s'était accumulée au dessus.

« Vous devez rester au lit plusieurs jours. Nous allons enfin pouvoir finir ce livre. »

Et Lévy lui fit la lecture.

La Princesse PirateWhere stories live. Discover now