Partie Dix-Sept [3]

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LE 29 MAI 2026


Je passe ma main sous mes yeux pour enlever les larmes qui ont coulés avant de me lever de la chaise. Je me retourne et fais face à la famille de Zayn. Ils ont tous les yeux rouges et le visage sombre mais je ne peux pas leur en vouloir vu les circonstances et de toute façon, je suis loin d'être présentable aussi. Dès qu'elle le voit, la mère de Zayn commence à pleurer avant de se précipiter à ses côtés. J'embrasse rapidement les lèvres de son mari et quitte la chambre pour les laisser en famille. Je fais un petit détour rapide par des toilettes pour m'arroser le visage. Je prends bien soin d'éviter mon reflet plus qu'horrible et sors de la pièce. Je fais à peine quelque pas que ma meilleure amie arrive devant moi et me prend directement dans ses bras. Je me mords la lèvre pour éviter de pleurer de nouveau et la serre en retour.


« -Je suis tellement désolée Talia. » Chuchote-t-elle.


Je reste quelques minutes dans ses bras à essayer de me calmer en me mordant la lèvre pour pas que je me remette à pleurer. Je pousse finalement un soupire avant de me séparer d'elle. Je lui souris faiblement pour la remercier alors que ses yeux expriment tout le soutien qu'elle peut m'apporter.


« -Où est Louis ? Je demande finalement.

-Sûrement avec sa fille. Répond Olivia.

-Et Emma ? »


Pour seule réponse, Oli' secoue la tête et la baisse. Et je ne retiens de me remettre à pleurer en apprenant qu'elle est morte. Je m'interdis même de pleurer pour pouvoir être avec Louis et le soutenir.


« -Où est-il ? » Je demande, la voix à deux doigts de se briser.


Ma meilleure amie attrape ma main et me conduit à travers les couloirs de l'hôpital. Nous arrivons finalement dans le secteur réservé aux prématurés et je m'empresse de rejoindre Louis qui est en boule contre un mur. Je me baisse et viens de tout de suite le prendre dans mes bras alors que je l'entends pleurer. Mon ami relève la tête et, dès qu'il voit que c'est moi, vient se cacher dans mon cou.


« -Elle est morte Talia ! Morte ! Dit-il en me serrant comme une bouée de sauvetage.

-Je sais et je suis désolée, Louis. »


Louis est, normalement, quelqu'un de toujours joyeux, souriant et drôle alors, le voir comme ça, en pleurs, en détresse, c'est vraiment quelque chose d'horrible. Je l'entends répéter plusieurs « morte » dans mon cou me faisant resserrer ma prise autour de lui. Je fais tout mon possible pour ne pas craquer avec lui, pour ne pas pleurer de la perte d'une amie et de l'état de mon mari. Mais c'est trop dur et je me mets à pleurer avec Louis au milieu de ce couloir rempli de bébé qui ont la vie devant eux alors qu'Emma vient de perdre la sienne, laissant son mari et sa fille.


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« -Madame Malik, venez-vous asseoir. » M'invite le médecin.


Sans un mot, je viens m'installer sur la chaise face à son bureau alors que son visage se fait grave.


« -En tant que médecin, je me dois de vous dire la vérité, commence-t-il. Dans ce cas, je dois vous avouer que la santé et l'état physique de votre mari se dégrade. Par conséquent, ses chances de survie sont de plus en plus basses. En tant que médecin, je vous propose d'arrêter les soins pour qu'il puisse partir en paix.

-Vous voulez que je vous demande de débrancher mon mari ? Je lui demande, ma voix montant dans les aigües.

-Oui. » Dit-il après un moment de silence.


J'observe le médecin face à moi durant de longues minutes durant lesquelles aucun d'entre nous parlent.


« -Est-ce qu'il souffre ? Je demande d'une petite voix.

-Oui, son corps travaille beaucoup et donc le fatigue. C'est sans aucun doute la souffrance et la fatigue qui vont le faire partir.

-Est-ce qu'il va souffrir ?

-Non, la procédure est très claire là-dessus les patients doivent partir sans douleur. »


Mon cerveau et mon cœur mènent une bataille acharnée l'un contre l'autre. Mais finalement, après une poignée de minutes de bataille, l'un d'entre eux remporte la victoire et mon cœur se brise et les larmes me montent aux yeux lorsque je prononce les mots.


« -Débranchez-le. »


Mes yeux se ferment alors que les larmes coulent sur mes joues. Je veux qu'il parte en paix, je veux qu'il parte sans souffrance. Ces mots sont les plus difficiles à prononcer mais pourtant les plus... Les plus justes. C'est le seul moyen pour que l'homme que j'aime depuis plus de neuf ans et le père de deux de mes enfants –bientôt trois- parte en paix et sans souffrance. Je sais que c'est la décision à prendre mais malgré tout, j'ai peur. J'ai peur de ce qu'il va se passer ensuite. J'ai peur de la réaction de tous nos proches. J'ai peur de tout un tas de choses qui se mélangent dans ma tête. J'ai peur de le décevoir.


« -Débranchez-le dans trois heures. Je reprends, le regard perdu dans le vide. Je veux que les personnes qui le veulent viennent le voir pour lui dire adieu. »


Le médecin hoche la tête face à moi mais je le coupe alors qu'il allait parler.


« -Si vous le pouvez, je vous autorise aussi à prendre ses organes. »


Immédiatement, le médecin lève des yeux reconnaissant vers moi.


« -Merci Madame Malik, vous ne savez pas combien de vie il va sauver.

-Ce n'est pas moi qu'il faut remercier, c'est lui, c'était sa volonté de donner ses organes. »


Sans que je puisse les retenir, les larmes coulent en silence sur mes joues. C'est bon, c'est fini, je parle de lui au passé. Demain matin, comme pour le reste de ma vie, il ne sera plus à mes côtés lorsque je me lèverai. Demain, des personnes retrouveront une vie « normale » grâce à ses organes alors que ma vie finira parce que j'aurai perdu mon mari, l'homme de ma vie et le père de mes enfants.

I'm Pregnant Harry [Zayn Malik & Narry Storan]Where stories live. Discover now