Prologue

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Dans l'immense salle d'attente de l'hôpital Paris Saint-Joseph, je fais les cents pas, m'attendant à toutes les nouvelles possibles et inimaginables, m'attendant au bon comme au pire, mais je crois qu'en fait je m'attends surtout au pire.

L'odeur de l'hôpital est si particulière, elle mêle à la fois médicaments et propreté inébranlable, elle m'enivre à m'en faire perdre la tête. Cette odeur affreuse me rappelle mon enfance, passé ici à déambuler dans les couloirs, alors que j'étais un peu trop fragile pour survivre à l'extérieur.

A l'extérieur. Là où tout ces gens se baladent à longueur de temps, toussant dans tous les sens, polluant inconsciemment l'air d'une tonne de microbes. Microbes qui, pour l'enfant que j'ai été, peuvent s'avérer mortels.

Les cris, les couleurs, les blouses, la foule, l'odeur. Putain oui, l'odeur. Mes sens sont en ébullition, ça va me faire péter un câble.

Je traîne les pieds depuis un long moment, plusieurs minutes ou plusieurs heures. Le temps semble s'être arrêté depuis que j'ai franchi les portes de cet hôpital. 

Pitié. Qu'ils se dépêchent de répondre à toutes ces questions qui ne cessent d'aller et venir dans mon esprit.

Je m'assois sur une chaise, pour me relever presque aussitôt. Je suis incapable de tenir en place. Je ne pensais pas que je remettrais un jour les pieds ici mais, aujourd'hui je suis là, plus inquiet que jamais.

Dès qu'un employé de l'hôpital pointe le bout de son nez dans la salle, je me dis que c'est peut-être pour lui. Mais ils ne viennent jamais pour lui, et je commence à désespérer, mes nerfs vont me lâcher si je n'ai pas de nouvelles rapidement.

Mes propres mots me reviennent en tête "Espèce de pédé, je me fous de ta gueule depuis le début."

Putain, cette simple pensée me donne envie de vomir. Je ne peux pas m'effondrer ici, pas devant toutes ces personnes qui sont elles aussi dans l'attente d'avoir de bonnes nouvelles. On est tous dans le même bateau.

Pourquoi suis-je aussi bête, aussi ? Je l'aime, je l'aime comme je n'ai jamais aimé auparavant et je fous tout en l'air d'un simple claquement de doigts.

Il a essayé de se suicider et ça me bouffe, ça me bouffe parce que tout ce qui se déroule sous mes yeux, c'est entièrement de ma faute. Je n'aurais jamais du dire tout ça.

J'aimerais tellement pouvoir lui montrer tout cet amour que j'éprouve, mais j'en suis incapable. Et pourtant, je lui donnerais ma vie si ça pouvait sauver la sienne.

- Monsieur ?

Je me retourne brusquement pour faire face à une jeune femme, que je suis incapable de regarder dans les yeux. J'imagine que c'est un médecin, du moins c'est ce que me laisse croire sa tenue. Bordel, j'y connais foutrement rien moi, j'ai toujours détesté ces hôpitaux.

Enfin! Enfin on s'adresse à moi.

- Votre ami...

- Est-ce qu'il va bien ? Lui coupé-je la parole, inquiet et impatient, impatient de le voir.

- Oui, il va bien, suivez moi.

Sans me faire prier, je la suis jusqu'en salle de réveil, situé au deuxième étage de ce fichu labyrinthe.

- Il est encore dans les vapes, il ne va pas falloir trop le brusquer.

J'acquiesce de la tête, bien sûr qu'il ne faut pas le brusquer. Il a voulu mettre fin à ses jours, c'est pas quelque chose d'anodin.

Lorsque nous arrivons devant la salle, j'essaye de l'apercevoir à travers l'encadrement de la porte, il a l'air d'être attaché dans son lit.

En temps normal, j'aurais rigolé en le voyant habillé de cette façon, mais là j'ai juste envie de lui sauter dessus et de lui mettre des claques.

Putain, il est attaché. Je vire au rouge.

- Vous l'avez attaché ? De quel droit ? Ce n'est pas un animal, putain !

La femme me regarde, les yeux écarquillés. Elle a l'air d'avoir soudainement peur, ou peut-être qu'elle est simplement gênée, ça se voit rien qu'à cette manie qu'elle a de se mordre l'intérieur de la joue tout en regardant le sol, n'osant pas affronter mon regard qui est aussi sombre qu'un ciel orageux.

- Je... je suis désolé... La première chose qu'il a fait en reprenant connaissance, c'est tenter de se faire du mal.

Je grimace, je suis responsable de tout ça. Mon cœur bat à cent à l'heure. Qu'est-ce que je fais ici ? 

J'entre dans la pièce sans attendre une seconde de plus, bousculant la jeune femme au passage.

- Pour qui est-ce que tu te prends ? Tu te rends compte de ce que tu as fait ? Je fais comment moi, sans toi ? Tu y as pensé avant de tenter de mettre fin à tes jours ? Heureusement que je suis rentré à ce moment là... Putain, tu m'as fait tellement peur.

Il se retourne doucement vers moi. Ses yeux me foudroient.

- Va t'en, dégage de ma vie.


The Boy [BxB]Where stories live. Discover now