Chapitre 66

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Dans l'immense salle d'attente de l'hôpital Paris Saint-Joseph, je fais les cents pas, m'attendant à toutes les nouvelles possibles et inimaginables, m'attendant au bon comme au pire, mais je crois qu'en réalité je m'attends surtout au pire.

L'odeur de l'hôpital si particulière, mêlant à la fois médicaments et propreté inébranlable, m'enivre à m'en faire perdre de la tête. Cette odeur affreuse qui me rappelle mon enfance passé ici, lorsque j'étais un peu trop fragile pour survivre à l'extérieur.

Dehors. Là ou tout ces gens se baladent, la main à la bouche pour tousser, polluant inconsciemment l'air de tonnes de microbes. Microbes qui, pour l'enfant que j'ai été, peuvent être mortels.

Les cris, les couleurs, les blouses, la foule. Tout pourrait me faire péter un câble.

Je traîne les pieds depuis un bon moment. Plusieurs minutes ou plusieurs heures, le temps semble s'être arrêté depuis mon arrivée.

Pitié, qu'ils se dépêchent de répondre à toutes ces questions qui ne cessent de me traverser l'esprit.

Je m'assois sur une chaise, puis me relève presque aussitôt. Je ne pensais pas que je remettrais un jour les pieds ici mais, aujourd'hui je suis là, plus inquiet que jamais.

Dès qu'un personnel de l'hôpital pointe le bout de son nez dans la salle, je me dis que c'est peut-être pour lui.

Mais ils ne viennent jamais pour lui et je commence à désespérer, mes nerfs vont me lâcher si je n'ai pas de nouvelles rapidement.

Mes propres mots me reviennent en tête "Espèce de pédé, je me fous de ta gueule depuis le début."

Putain, cette simple pensée me donne envie de craquer. Je peux pas m'effondrer ici, pas devant tous ces gens qui espèrent eux aussi avoir de bonnes nouvelles. On est tous dans le même cas.

Pourquoi suis-je aussi bête, aussi ? Je l'aime, je l'aime comme je n'ai jamais aimé auparavant et je fous tout en l'air d'un simple craquement de doigt.

Il a essayé de se suicider et ça me bouffe, ça me bouffe parce que tout ce qu'il se déroule sous mes yeux, c'est de ma faute. Je n'aurais jamais du lui dire tout ça.

J'aimerais tellement pouvoir lui montrer tout cet amour que j'éprouve envers lui, mais j'en suis incapable. Et pourtant, je lui donnerais ma vie si ça pouvait sauver la sienne.

- Monsieur ... ?

Je me retourne rapidement pour faire face à une jeune femme. J'imagine que c'est un médecin, du moins c'est sa tenue qui me l'indique. Bordel, j'y connais foutrement rien moi, j'ai toujours détesté les hôpitaux.

Enfin! Enfin on s'adresse à moi.

- Votre ami...

- Est-ce qu'il va bien ? Lui coupé-je la parole, inquiet et impatient, impatient de le voir.

- Oui, il va bien, suivez moi.

Et sans me faire prier, je la suis jusqu'à la salle de réveil, situé au deuxième étage du bâtiment.

- Il est encore dans les vapes, il ne faut pas trop le brusquer.

J'acquiesce de la tête, bien sûr qu'il ne faut pas le brusquer, il a voulu mettre fin à ses jours, c'est pas quelque chose d'anodin.

Lorsque nous arrivons devant la salle, je tente presque aussitôt de l'apercevoir à travers l'encadrement de la porte, il est attaché dans son lit.

En temps normal, j'aurais rigolé en le voyant habillé de cette façon, mais la j'ai juste envie de lui sauter dessus et de lui mettre des claques.

- Vous l'avez attaché ? De quel droit ! Ce n'est pas un animal, putain !

L'infirmière me regarde, les yeux grands ouverts. Elle a peur, ou peut-être qu'elle est simplement gênée, ça se voit rien qu'à cette manie qu'elle a de se mordre l'intérieur de la joue tout en regardant le sol, n'osant pas affronter mon regard qui est aussi sombre qu'un ciel orageux.

- Je... je suis désolé... La première chose qu'il a fait en reprenant connaissance c'est tenter de s'étrangler.

Je grimace, je suis responsable de tout ça.

J'entre dans la pièce sans attendre une seconde de plus, bousculant la jeune femme au passage.

- Pour qui est-ce que tu te prends ? Tu te rends compte de ce que tu as fait ? Je fais comment moi, sans toi ? T'y a pensé avant de t'accrocher à cette fichue corde ? Heureusement que je suis rentré à ce moment là... Putain, tu m'as fait tellement peur.

Il se retourne doucement vers moi, et ses yeux me foudroient.

- Va t'en, dégage de ma vie.

The Boy [BxB]Donde viven las historias. Descúbrelo ahora