Chapitre 3 : Safe place

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Je reste longtemps la tête entre les genoux à sangloter, sans bouger. Je suis foutu... complètement foutu... Je me recroqueville davantage et enroule mes bras autour de ma tête. Je ne veux pas mourir... pas maintenant, pas comme ça, pas seul dans les bois à me tordre de douleur.

J'entends alors soudainement la sonnerie de mon portable sur le siège passager. Je regarde le nom qui s'affiche du coin de l'œil. C'est Damien. Je suis incapable de lui répondre. J'attends que le son cesse, mais à peine est-il stoppé qu'il recommence. J'aimerais décrocher, lui dire que je suis désolé, que j'ai merdé, que je ne pourrai pas aller au refuge avec lui... j'aimerais juste entendre sa voix, entendre les mots rassurants qu'il sait trouver quand je vais mal. J'aimerais juste le voir une dernière fois avant de ne plus être moi... Oui, je veux le voir... je dois le voir...

Je reprends difficilement le contrôle de mon corps, essuie mes larmes rapidement et essaye de me calmer en prenant de grandes respirations, puis je me remets en route. Mon ventre me fait un mal de chien, mais je tente d'en faire abstraction. Je ne suis plus très loin du point de rendez-vous, mon GPS m'indique qu'il ne me reste plus qu'une dizaine de minutes avant d'atteindre l'entrepôt. Pourtant ces dernières minutes me paraissent interminables, c'est la confusion la plus totale dans ma tête. Une multitude de pensées et de questions se bousculent à l'intérieur. Combien de temps me reste-t-il avant de perdre les pédales ? Deux jours ? Trois ? Ou bien un seul ? Je ne veux pas penser à cette échéance et pourtant je dois bien m'y résoudre... Qu'est que je vais faire après avoir retrouvé Damien ? Je suis un danger pour lui, je ne sais pas si je vais rester longtemps maître de moi-même, et plus je resterai auprès de lui, plus il y aura des risques que je m'en prenne à lui et c'est bien la dernière chose dont j'ai envie. Je ne me pardonnerais jamais si je lui faisais du mal, si je venais à le contaminer... Est-ce que je dois vraiment le retrouver en sachant tout ça ? Ne devrais-je pas plutôt fuir le plus loin possible de lui et mettre fin à mes jours ? J'ai beau être conscient de tout ça, je n'arrive pas à changer d'avis, je veux quand même le voir.

Je suis sorti de mes pensées quand j'aperçois le lieu de notre rendez-vous. C'est une énorme bâtisse entouré par un haut grillage solide que les Autres ne seraient pas capables d'escalader. Je reconnais bien là la perspicacité de mon ami pour avoir choisi un tel endroit. Je longe la clôture en essayant de trouver une entrée ou un endroit où elle serait un peu moins haute. Je finis par tomber sur la voiture de Damien garé sur le côté de la route. Je ne peux retenir un soupir de soulagement en l'apercevant. Il est arrivé à bon port lui aussi... j'espère juste que sa route aura été plus simple que la mienne.

Après un tour rapide, il ne semble pas que ce lieu ait une entrée plus facile qu'une autre. Je décide donc de sortir de ma voiture et m'approche du grillage. Je jette mon sac de l'autre côté puis commence à escalader. Avec ma blessure l'ascension est très douloureuse et c'est non sans peine que je parviens à passer de l'autre côté à mon tour. Je reprends péniblement mon souffle puis me met en route vers le l'imposant bâtiment gris. Je tente d'ouvrir la porte principale mais celle-ci est fermée à clef. De toute évidence je vais devoir trouver un autre moyen d'entrer. Est-ce que Damien est déjà à l'intérieur ? Je pourrais crier son nom, mais cela risquerait d'attirer les Autres... Je soupire et commence à chercher un trou où je pourrais me faufiler. Après un moment je trouve une vitre cassée où je pourrais passer, le seul souci est que le passage est obstrué au bout par ce qui ressemble à un meuble. Je passe péniblement une de mes jambes et me mets à pousser de toutes mes forces le lourd obstacle qui finit par basculer et tomber au sol dans un fracas horrible. Le son résonne de toute part dans le bâtiment et me glace le sang. Bon... pour la discrétion c'est raté...

Je me faufile péniblement dans le bâtiment. L'intérieur est complètement noir, je sors mon pied de biche et ma lampe torche et éclaire les alentours. Je fais face à une sorte de grand hangar où se trouvent stationnés plein de bus de différentes tailles. Un silence oppressant y règne, parfois troublé par des petits grattements, des bruits de canalisations et des grincements qui dans ce grand espace prennent une ampleur démesurée. Ce lieu ne me rassure pas le moins du monde. J'avance à tâtons aux aguets, quand soudain j'entends un bruit derrière moi, je fais volte-face, laisse tomber ma lampe et brandis mon arme en tremblant. La personne en face de moi braque un revolver dans ma direction et m'aveugle avec une lampe torche si bien que je n'arrive qu'à distinguer une silhouette sombre.

Never Alone - TerrainkTempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang