Chapitre 15 : Dead don't speak

1K 93 78
                                    

Je continue de fixer les visages des morts, m'attardant sur chacun de leurs traits, cherchant à me prouver que je me trompe. Mais il n'y pas de doute à avoir, ce sont bien eux... Ces deux enfants et cette vieille dame sont bien les mêmes personnes souriantes que j'ai vues à peine quelques heures plus tôt sur cette photo. Alors ils n'ont pas réussi à fuir... ils se sont cachés ici en espérant survivre, mais leur refuge est devenu leur tombeau. Ils étaient là, depuis tout ce temps, en train de pourrir juste au-dessus de nous... et ils n'étaient pas seuls. La chose qui nous traque était là avec eux et attendait patiemment pour sortir. Ce n'est pas normal, les cannibales ne sont pas comme ça, ils ne sont pas aussi malins, ils n'auraient pas été capables de déployer l'échelle et de sortir. Leurs actions sont guidées uniquement par leur soif de chair... alors pourquoi ce monstre n'a-t-il pas dévoré Jordan quand il le pouvait. Pourquoi n'a-t-il pas poursuivi Damien et Cyril à l'extérieur mais est revenu vers nous ? Comment cette chose a-t-elle pu comprendre que nous étions les plus faibles du groupe...

Ma respiration devient lourde et difficile, tandis que ma vue se trouble. Je n'arrive pas à comprendre ce qu'il se passe et tous mes questionnements s'entrechoquent dans ma tête, sans pouvoir trouver de réponse. L'odeur nauséabonde des cadavres m'étouffe, j'ai l'impression qu'elle s'immisce en moi, me brûlant les poumons à chaque inspiration et elle devient bientôt ma seule préoccupation. J'étouffe, j'ai besoin d'air...

Je me lève difficilement tout en reprenant mon pistolet et m'approche en titubant de la petite fenêtre. De l'air... j'ai besoin d'air... Mon sang ne fait qu'un tour et sans même que je ne le réalise, je brandis mon arme et l'abat avec violence sur la vitre qui vole en éclat sous l'assaut. Un fin souffle d'air vient alors me caresser le visage. Mes yeux se ferment et je commence à prendre de grandes inspirations. Doucement je retrouve un rythme de respiration régulier.

Une voix familière me ramène soudainement à la réalité

- Thomas ! Vous êtes là-haut ? Qu'est-ce qu'il se passe ? s'égosille Damien d'une voix paniquée

Je me penche à la fenêtre et observe mes deux compagnons en bas, qui me fixent avec terreur. Je reste un instant à les dévisager sans être capable de prononcer le moindre mot, mes pensées se bousculent dans ma tête.

- A l'aide... on est coincés. Il est en bas ! crié-je la gorge serrée

Le visage de mes deux compagnons se décompose et après un instant d'hésitation, Cyril me lance d'un air tendu

- Je vais l'attirer dehors. Dès que la voie sera libre, barrez-vous de là! Tenez-vous prêt...dit-il en allant au pas de course vers la porte de la bâtisse

J'ai à peine le temps de hocher la tête qu'un bruit sourd résonne soudain en dessous de nous. Je me tourne précipitamment en direction de la trappe. Pendant un instant j'ai cru que le monstre avait réussi à l'ouvrir, mais elle est toujours bien fermée. D'autres sons ne tardent pas à se faire entendre, provenant du couloir sous nos pieds, semblables aux frottements d'un objet lourd qu'on traîne sur le plancher. Une angoisse m'envahit. Qu'est-ce que ce monstre est en train de faire ?

Les grincements cessent soudain laissant place à un affreux silence. J'ai le souffle court, attendant avec terreur les prochains événements. Un coup de feu retentit alors, suivi par un cri abominable, inhumain, puis les pas rapides de la créature qui s'élance vers les escaliers, les grincements du plancher et la voix étouffée de Cyril. C'est le moment.

Jordan déplie rapidement l'échelle qui heurte le vieux parquet dans un bruit sourd, Maxime et lui descendent précipitamment et je ferme la marche. Alors que je quitte le dernier barreau, prêt à foncer vers la chambre, je heurte Maxime qui se tient paralysé en plein milieu du couloir, le regard vide. Mon sang se glace quand mon regard se pose sur ce qu'il est en train de fixer. A peine à quelques mètres de nous se tient une imposante commode en bois provenant de la pièce où nous avions dormi.

Never Alone - TerrainkWhere stories live. Discover now