Never Alone - Terraink

Chapitre 8 : Calm after the Storm

Aucun de nous trois n'est en état de prendre la parole, un lourd silence s'installe alors dans la voiture. On est tous encore sous le choc, et pas prêts de se remettre de ce qu'on a vécu. Je pense que nous devons tous avoir la même horrible pensée qui résonne dans nos têtes, une simple phrase qui a le pouvoir de vous glacer le sang : J'ai failli mourir.

Mon corps tremble et je n'arrive pas à chasser de mon esprit les visages en décomposition des cannibales. J'ai l'impression de toujours entendre leurs cris comme s'ils étaient encore en train de nous poursuivre. Je regarde du coin de l'œil mon ami assis à côté de moi, qui semble tout aussi sonné que je le suis. Il a les yeux dans le vague et une expression de terreur sur le visage. Je regarde ensuite discrètement dans le rétro notre nouvel arrivant qui est assis à l'arrière, derrière moi. Je peux maintenant clairement voir son visage, il doit être un peu plus âgé que nous, il a le teint pâle, sûrement à cause de la peur, ses yeux cernés sont marron tout comme ses cheveux et sa barbe. J'essaye de voir sur les parties visibles de sa peau une quelconque trace de morsure ou des veines bien apparentes mais je ne parviens pas à en distinguer... Il est dans le même état que Damien, à la différence que lui semble encore plus affecté, il marmonne quelque chose d'inaudible et est parcouru de légers sursauts par moment. Une odeur d'alcool a envahi l'espace depuis qu'il est là et maintenant que je l'observe de plus près, il ne fait aucun doute qu'il est loin d'être sobre... Ce type ne m'inspire toujours pas confiance mais vu les circonstances, il s'est imposé à nous sans que je puisse y faire quoi que ce soit...

Je reporte mon attention sur la route et le reste du trajet se passe dans le plus grand calme, sans que le moindre mot ne soit prononcé. Quand nous arrivons finalement à l'entrepôt, j'arrête la voiture et nous sortons tous les trois. Nous escaladons ensuite péniblement le grillage et nous rentrons dans le bâtiment. Nous montons ensuite à l'étage, à l'open space, et toute la tension accumulée redescend brusquement, et je me laisse tomber sur le canapé en prenant ma tête entre mes mains. L'autre se met à visiter en silence, tandis que Damien s'assoit en face de moi et pose lourdement son sac sur la table. Je regarde mon ami, il me fixe avec un air dur et énervé. Je baisse automatiquement la tête et tente d'engager la conversation pour masquer mon malaise et détendre l'atmosphère

- Tu... tu as trouvé des trucs intéressant ?

- Oui, il y avait bien une pharmacie dans la galerie, j'ai pris plein de médicaments et de bandages. J'ai trouvé un réchaud aussi et j'ai eu le temps de prendre un peu de nourriture avant de tomber sur les cannibales...

Son ton est amer. Je sais qu'il est en colère contre moi et qu'il m'en veut... Mais je n'ai pas besoin de lui pour culpabiliser... Je me sens déjà plus que minable... J'ai été un vrai poids mort je n'ai servi absolument à rien, à part à le mettre en danger et à le ralentir. J'ai failli à ma seule mission en laissant ces monstres me prendre mon sac...

Ne supportant plus le regard lourd de mon ami, je finis par lui dire d'un ton honteux

- Je... je suis désolé... vraiment désolé Damien... j'ai été un vrai boulet du début jusqu'à la fin... J'ai même pas été capable de protéger le sac de vivres... si seulement j'avais réussi à le garder ou même le récupérer...

A ces mots, mon ami se lève d'un bon et m'attrape par les épaules, puis commence à me secouer vivement tout en me lançant, à bout de nerfs

- Mais qu'est-ce qui cloche chez toi ma parole ! Putain Thomas tu t'entends ? Tu réalises ce que tu dis et surtout ce que t'as fait ! T'ai failli te faire tuer pour ce putain de sac ! Ils auraient pu te mordre ou même pire te tuer ! Tu comprends ça ou pas ? J'en ai rien à faire de ce putain de sac, des vivres on pourra en trouver dans un autre magasin, sur notre route, la vie de mon meilleur pote par contre, je la retrouverai pas si on me la prend !