Chapitre 4 : The other me

1.2K 104 93
                                    

Je me tourne une nouvelle fois sur moi-même, espérant enfin trouver une position confortable pour dormir, mais rien n'y fait. Les premiers rayons du soleil commencent à pointer et viennent éclairer la pièce d'une douce lumière tamisée. Je n'ai pas fermé l'œil de la nuit, ma tête était beaucoup trop occupée par toutes mes angoisses, mes questionnements sans réponse et par la douleur insupportable qui se repend dans mes côtes. Je soupire et jette un coup d'œil  à Damien. Son visage est serein, détendu,  il est immobile dans un sommeil profond et calme. Je l'envie tellement...  

Je  me remets à fixer le plafond, les yeux dans le vague. Je les ferme et tente de me vider l'esprit, espérant que le sommeil  ait pitié de moi et veuille bien m'emporter avec lui. Après un long moment, je me sens peu à peu partir et finis enfin par m'endormir.

Je ne cesse de voir des bribes de souvenir de ma journée d'hier. Marine et l'épidémie hantent mes songes. Je la revois sans cesse me mordre et frapper à ma portière, je vois son visage déformé par la maladie, ses yeux rouges emplis de haine, sa peau blanche et ses veines bleutées... Son visage change alors peu à peu... ses cheveux longs se raccourcissent et se bouclent, ses traits se vieillissent et deviennent plus masculins... je me paralyse quand je réalise que le monstre qui a remplacé Marine n'est autre que moi. Je suis là, assis dans ma voiture et je me fais face. Mon visage est hideux, difforme, ma bouche est entrouverte, montrant des dents couvertes de sang, de longs filets de bave rougeâtre coulent sur mon menton et viennent finir leur course sur mes vêtements. Mes yeux sont presque noirs, vides de toute émotion. J'entends alors un cri à ma gauche, je tourne la tête et je vois Damien assis sur le siège passager à côté de moi, il fixe, terrorisé, le moi extérieur  qui est en train de briser la vitre. Des éclats de verre volent autour de nous.  Mon double a réussi à rentrer. Il se faufile à l'intérieur et se rue sur mon ami qui hurle mon prénom et me supplie d'arrêter. Je reçois en plein visage une éclaboussure de sang quand mon double mord dans la chair de mon ami. Damien se débat, puis oppose de moins en moins de résistance.  Je regarde la scène sans pouvoir faire quoi que ce soit, incapable de me mouvoir.  Je me regarde entrain de dévorer mon meilleur ami et je sens le sang sur ma joue couler lentement dans mon cou. C'est gelé, ça glisse doucement dans ma nuque.

J'ouvre mollement les yeux et met un moment pour réussir à distinguer ce qui m'entoure, à réaliser que ce cauchemar est bien fini. Damien est juste devant moi, je relève la tête lentement encore, dans un état de demi-sommeil, cherchant à voir ce qu'il fait. Il est penché au-dessus de moi, un sourire narquois sur les lèvres. Quand nos regards se croisent, il enlève de mon cou une canette de soda glacée et la sensation de froid disparaît avec elle. 

- T'as enfin fini d'hiberné ? me lance-t-il d'un ton taquin

Je grogne un peu avant de lui lancer sur un ton sec :

- T'aurais pu trouver un autre moyen pour me réveiller, c'était super désagréable !

- Oh désolé ! Tu aurais préféré un doux baiser, princesse ?

Je grommelle et lui fais un doigt d'honneur, avant de m'enfoncer entièrement dans mon sac de couchage. Je l'entends rire à travers le duvet, il commence alors à me tapoter le crâne.

- Tu vas pas bouder pour si peu... Allez sors de là, on se motive, on a beaucoup de choses à faire aujourd'hui !

Je sors lentement la tête du duvet et le fusille du regard. Il stoppe tout à coup ses mouvements et fixe mon visage avec insistance, l'air surpris. Au vue de son expression, je suis pris d'une panique intérieure, la maladie aurait déjà atteint mon visage? Se serait-elle rependue aussi vite?

Je vois alors l'expression de mon ami changer du tout au tout, un sourire se dessine sur ses lèvres, puis il éclate de rire.

- Oh mon dieu ! Mec tu devrais voir la sale gueule que t'as !

Never Alone - TerrainkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant