Helldown #2 - Ville de glace

Chapitre 21 (corrigé +)

La douleur la réveilla brutalement. Dans la seconde, elle chercha le lien. Ce lien ténu qui s'était construit avec Vesper durant leurs semaines de cohabitation. Ce lien de frère et sœur réveillé lorsqu'elle le perdait au profit du monstre qui les pourchassait.

Les larmes brûlèrent ses yeux.

Elle se redressa dans le lit et avisa ses mains propres.

Il n'y avait plus rien. Elle ne pouvait plus percevoir son propre frère dans le brouhaha des âmes du Panthéon.

Une vague de rancœur la traversa.

Elle pouvait sentir des milliers d'inconnus mais pas son propre sang. Cette injustice était lourde à supporter.

Sa tigresse gémit de douleur.

– Tu n'as pas eu le choix, Line !

Dageus s'assit à sa droite et la tira contre son torse. Ses lèvres se posèrent sur sa tempe. Son tigre s'allongea aux côtés de sa tigresse qui se détendit.

– La sorcière aurait fini par toucher notre lien et nous empoisonner.

Elle l'avait senti dans la prison de Vesper. En l'aidant, elle avait ouvert une minuscule porte à leur ennemie pour les manipuler. Ce n'était qu'une question de temps avant qu'elle puisse se saisir de la Bifröst à leur insu.

– Ça reste douloureux, chuchota-t-elle. J'ai l'impression de l'abandonner.

– On trouvera un remède ! promit Dageus.

Heilin se serra contre lui. Elle ne voulait pas prononcer les doutes qui l'assaillaient pour ne pas les rendre réels.

Heilin se réveilla, lorsque Dageus se faufila hors du lit. Un visiteur toquait à la porte qu'il ouvrit sans ambages. Elle entendit un juron suivi du grognement typique de l'Odin.

– Que se passe-t-il ? bailla-t-elle tandis qu'il revenait vers le lit pour saisir ses vêtements.

Son corps était fait pour les combats intenses et de longues durées : des épaules larges, des jambes puissantes mais fines, des muscles secs parfaitement dessinés.

Sa part waste s'étira de plaisir et émit un son proche du ronronnement. Dageus lui jeta un regard en coin avec un sourire supérieur. La jeune femme engouffra son visage dans son coussin et grogna d'agacement. Même si la fusion de leurs âmes avait eu lieu, la tigresse continuait d'interagir telle une forme de conscience dont elle se passerait volontiers.

Elle releva la tête vers le tigre qui se pencha pour déposer ses lèvres sur les siennes. Un baiser du matin. Son cœur rata un battement de plaisir intense. Dageus se releva et s'étira avec un sourire suffisant horripilant. Le sourire d'un homme qui avait enfin obtenu satisfaction. Heilin pinça les lèvres tout en le dévisageant.

– Un problème ? la taquina-t-il tout en boutonnant son pantalon.

– Sa Majesté est un peu trop contente d'elle-même, nota-t-elle.

La tigresse se leva, entourée du drap de lit. Dageus ne se gêna pas pour se moquer de sa timidité soudaine.

– Tesoro, j'ai vu, touché et goutté à tout ce que tu pouvais m'offrir cette nuit. Tu n'es plus obligé de te cacher.

Le visage de Heilin devint écarlate. Elle saisit un coussin et le lui lança à la figure. Il éclata de rire, attrapa son bras et la fit retomber sur le matelas. Il la fixa avec une telle intensité qu'elle se tortilla mal à l'aise.

– Quoi ? grogna-t-elle après de longues secondes.

– Tu es à moi.

Son ton possessif la prit au dépourvue. Elle le dévisagea avec surprise.