Helldown #2 - Ville de glace

Chapitre 22 (corrigé +)

Dageus grogna, s'attirant quelques regards narquois qui eurent tôt fait de se baisser sous son propre regard assassin. Même si la voir partir de la réunion l'arrangeait, il ressentait une gêne à l'idée de la savoir loin de lui. Elle s'était enfin coulée dans son rôle, il aurait dû se sentir plus rassuré. Il n'en était rien.

Bien au contraire, son inquiétude grandissait. Parce qu'il savait qu'elle n'obéirait jamais à aucun ordre si elle éprouvait le besoin de sauver une autre âme éplorée. Sans nulle doute le défaut par excellence dont il avait le plus en horreur. D'un autre côté, ce trait de caractère la définissait parfaitement en tant que Vanadis. Après tout, l'un des principaux devoirs de la reine des wastes consistait en une protection « au péril de sa vie ».

– Vas-tu vomir ?

L'Odin fixa le Lug, interrogateur.

– Vu ta tête, tu donnes l'impression de réprimer une forte envie de gerber, se moqua le loup.

Dageus leva les yeux au ciel et soupira.

– Je réfléchissais.

– D'accord ! Je comprends que ça soit si difficile.

Parfois l'humour de Devis énervait Dageus autant que le manque d'instinct de survie de sa compagne. Le mage rit, avant d'intervenir.

– Messieurs, nous discutions de la Morrigan et de la Caelestis, venues me voir il y a quelques jours.

L'Odin fusilla du regard son homologue au visage trop angélique pour être crédible.

– . Ma Caelestis m'avait prévenu qu'elle désirait discuter, mais j'ignorais qu'elle parlait de vous en personne, réfléchit Matt silencieux jusqu'à présent.

– En tant que Prophétesse du Panthéon, la reine des léopards – votre reine – connaît le pouvoir de ma famille.Ca ne m'a donc pas étonné.

Le tigre n'intervint pas dans la discussion, il écouta attentivement les deux êtres échanger sur les coutumes qui entouraient les conseillers wastes et la famille Kurodo.

Les léopards vivaient leur don de voyance tel un fardeau. Le Panthéon essuyait beaucoup de revers dont ils devaient prévenir les arrivées. Dageus savait que la Caelestis culpabilisait de ne pas avoir pu prévoir la venue de Heilin et les retombées que cela engendrerait pour leurs gens.

L'Odin ne prenait pas vraiment en considération ce « pouvoir ». Il avait eu l'occasion, à de nombreuses reprises, de constater le caractère fragile des visions de la reine des léopards : une prédiction pouvait changer la minute qui suivait car tout dépendait de la volonté des protagonistes à suivre un chemin plutôt qu'un autre. Heilin aurait pu choisir de se placer sous sa garde dès le premier jour et il aurait été moins intéressé par elle. Ou bien, elle aurait pu rester sur le même chemin de croix et de sang pour y mourir dès sa première rencontre avec les tigres malades.

Alors temps que personne ne pouvait lui certifier que ces visions possédaient une quelconque utilité réelle, il s'en désintéresserait. Et de cette façon, les autres wastes ne pourraient lui reprocher une prise à partie pour l'un plus que pour l'autre. Il galérait suffisamment avec les jaguars toujours aux abonnés absents. Les portes de leur sanctuaire restaient obstinément closes, depuis l'Academy. Odin ou non, ces wastes-là lui signifiaient clairement qu'il n'était rien, que le Panthéon ne représentait rien.

« Tant qu'ils ne me mettent pas des bâtons dans les roues, qu'ils aillent se faire foutre ! Je m'en occuperai plus tard ! »

– Il est clair, pour nous, que la sorcière ne peut pas agir seule, trancha le mage.