Chapitre 16 • Un pas en avant, deux pas en arrière

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Ça fait deux jours que la fête est passée pour tout le monde, à l'exception de Rudy qui est encore en train de décuver. De toute évidence, lui faire ingurgiter quatre verres de vodka en l'espace de deux minutes trente, n'était pas la meilleure idée qui soit ; Kat n'a rien pu faire sortir de sa bouche à part son petit déjeuner. Je me demande sous quel prétexte l'odeur de friture ne réitère pas l'opération.

— Je me sens si mal, gémit-il.

La blonde le rattrape de justesse avant que sa tête ne plonge dans la barquette de frites.

— Tu dois avoir faim, l'informe Kheo. Je parle en connaissance de cause.

Aux alentours de 11h30 ce matin, Kat a reçu un appel du Fish&Ships, Orlane étant inquiète que Rudy ne soit pas encore arrivé pour son service. La blonde s'est rendu chez le décoloré en quatrième vitesse, lequel était ni plus ni moins en train de savourer les rayons de soleil de la fin de matinée, emmitouflé dans une flaque de sueur.

Pas besoin de vous faire un dessin, l'odeur suffit.

Enfin bref, Kat n'ayant pas de véhicule pour le conduire à bon port, elle a d'abord fait appel à Kheo, dans l'espoir qu'il puisse lui prêter main-forte. Hélas, il fallait que ça tombe le seul jour où son frère est parti acheter les pièces nécessaires à la réparation de son dinghy, sur l'île voisine. C'est comme ça qu'on s'est retrouvés, le trio et moi, à transporter un Rudy en pleine gueule de bois à la force de nos bras nus. Je vais pas vous mentir, ce fut les dix minutes les plus longues de ma vie.

— Si t'avais pas déjà épuisé tous tes congés pour tes soirées, on en serait pas là, siffle Kat entre deux bouchées.

Rudy n'a pas la force de répondre.

Honnêtement, il fait peine à voir. D'ailleurs, il ne lui a pas fallu faire preuve de grande conviction pour qu'on excuse son retard ; manquer de se noyer à trois reprises en servant les pintes de bière est une preuve suffisante de son mal-être. J'irais pas jusqu'à dire que son état de pitre habituel me manque, mais presque.

Mariah Carey entonne son meilleur tube.

— C'est Sawyer ! s'exclame Kheo. Allo ?

Je le regarde s'éloigner.

— Où est Merlin ? Il devrait déjà être revenu, s'impatiente Rudy de l'autre côté de la table.

J'ignore si Kat lui frotte le dos par pur plaisir ou pour la forme.

— Ciel tu peux aller voir, s'il te plaît ?

— Quoi ? Pourquoi moi ?

— Parce que tu n'as rien à faire, remarque-t-elle, son regard insistant semble vouloir m'en dire plus.

Je jette un coup d'oeil à Maoni sur ma gauche en train de siroter son smoothie à la passion.

Je lui proposerais bien de passer un coup de fil avec le portable du Rudy, mais la conversation n'aurait pas grand intérêt. Dans un soupir, je quitte la banquette. J'empreinte la sortie, sans faire de vagues, en direction de la pharmacie la plus proche, quand tout à coup, Merlin surgit à l'embrasure de la porte. Son apparition a tout d'un tour de magie qu'un sursaut me coupe le souffle.

Il a le don de me faire sursauter ces derniers temps, si ça continue comme ça, il va finir par croire que j'ai un toc.

Je me décale sur la droite pour le laisser passer, mais voilà qu'il fait un pas du même côté. Je me déplace sur la gauche, sans le faire exprès, il se poste devant moi à nouveau. Je déglutis. Je finis par reculer, mais manque de pot, voilà que je perds l'équilibre et manque de faire un anti-gravity lean en sens inverse. (Michael Jackson n'a qu'à bien se tenir).

Blue as the SkyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant