I-Adieu

59 6 13
                                    


« J'avais juste envie de vivre. De me retrouver. De sentir le vent dans mes cheveux, de frissonner au froid des doux matins, de me rappeler du son de ta voix, du souffle de tes baisers sur ma peau en souffrance. Je voulais juste m'échapper de mon destin, me délivrer pour quelques jours, quelques heures, quelques minutes, quelques secondes de cette sourde douleur incrustée dans chaque recoin de mon être. Pleurer, rire, réfléchir aussi, mais surtout crier, crier de tout mon cœur et de ton mon corps mon envie de vivre.

Je voulais juste me croire normale, banale, juste une fois dans ma vie. Oublier, tout oublier et me donner à l'Inconnu, à l'instant présent. Mais je me suis perdue dans ce flot de sentiments, j'ai rit, pleuré, réfléchit aussi, mais surtout crié, crié au monde mon désir de vivre, et pourtant ce n'est pas moi que j'ai trouvé, j'ai simplement découvert mon atroce vérité, et je hais de plus en plus la passante, l'errante que je suis. En fuyant, ce n'est pas moi que j'ai trouvé, c'est toi que j'ai perdu. Je ne suis plus qu'une simple naufragée, une aquarelle qui perd sa couleur au fil des minutes qui deviennent heures. Et pourtant je t'aime. Je t'aime, la simple errante que je suis, ta petite déboussolée, elle t'appartient toujours. Elle t'attend maintenant dans l'éternité, en espérant que tu lui pardonneras son amour maladroit. En attendant, la vie est à toi, alors profite-en pour nous deux, aime pour notre défunt couple, rit, pleure, réfléchit aussi, et crie, surtout crie, pour les amoureux qu'on était.

Ta naufragée, qui t'aime d'où elle est,

Lou »

Les derniers mots de ma Lou, ma petite Lou à moi, avant qu'elle ne meure de son mal. Je ne puis encore prononcer le nom de sa maladie, il est trop tôt pour moi, mais surtout trop tard pour elle. Et je ne puis encore l'accepter. Une partie de moi est partie, hier, à minuit, et elle est partie sans moi. Tout ce qu'il me reste d'elle, c'est son odeur délicate que je retrouve déposée sur ses vêtements et ce mot, cet ultime mot. Je ne sais pourquoi elle s'est enfuie il y a une semaine alors qu'elle savait qu'elle allait partir, pourquoi elle ne m'a pas laissé vivre avec elle ses derniers battements de cils, ses dernières respirations. Je m'en veux surtout de n'avoir pu l'accompagner, la protéger surtout et la rassurer.


Sans elle tout paraît néant.


Une autre vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant