XII-La journée du crapaud

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Un matin, chose étrange, j'ai été réveillé par tes cris. Inquiet, je te regardais, incrédule, me questionnant sur l'origine de ta frayeur. C'est alors que je tournai la tête vers le mur. Sur ce même mur, fait étrange, était tranquillement installé... un crapaud. Oui un crapaud. Ô Lou toi et ton joli visage tout effrayé, vous m'avez fait tant rire ce jour là !

Ce pauvre crapaud, qui devait être au moins tout aussi déstabilisé que toi, se montrait pourtant bien serein, sur son mur. Je l'aurai bien gardé mon bon vieux et fidèle Napoléon – tel était son nouveau nom, ingénieusement trouvé par moi (conscience : Tu ne serais pas en train de m'oublier là ? Axel : Quel égo ! Bon d'accord trouvé par moi et ma saleté de conscience ! Conscience : du respect jeune homme je vous en prie ! Non pas saleté mais magnifique conscience ! Axel : je te qualifierai de magnifique le jour où tu débarrasseras le lave-vaisselle pour moi nah.) - si tu n'avais pas eu peur qu'il s'en prenne à ton lapin Verlaine. Pourtant je reste persuadé que les crapauds ne mangent pas de lapin !

J'espère qu'il repose heureux dans la marre où on l'avait déposé, ce Napoléon, et qu'il garde sa nonchalance d'être, si touchante pour un crapaud. C'était un dimanche 5 mai, et depuis, le 5 mai était devenue notre journée internationale du crapaud. Chaque 5 mai nous allions lui rendre visite, dans sa petite marre, puis nous allions déposer des fleurs justes en bas du mur où il s'était installé ce matin là. Puis nous prenions un copieux goûter en son honneur.

On avait crée cette journée non-seulement en l'honneur de Napoléon, mais aussi à titre symbolique pour tous les exclus de la société -animaux, végétaux, humains- juste pour une question d'apparence. Car le hérisson doit se sentir bien seul , vivant une existence dépourvue de caresses; car les vers-de-terre peuvent êtres charmants, surtout lorsque l' on s'imagine une armée de lombrics danser en boîte; juste parce que les orties au-delà du fait qu'elles peuvent nous piquer sont aussi bonnes en soupe mais aussi et surtout car il faut surmonter ses différences, ses aprioris, pour mieux se rencontrer et apprendre de cette cohabitation. Juste parce que l'on néglige la dimension humoristique des araignées, qui doivent elles-aussi souffrir de cette apparence terrifiante, mais qui -j'en suis persuadé- doivent êtres dotées d'un sens de l'humour hors du commun, au vu de leurs apparitions très théâtrales.

Juste parce que surmonter tout cela nous permet de découvrir d'autres horizons, et de sortir de notre vie étriquée, enfermée dans ces lieux-communs. Juste parce que voir le monde sous un autre angle permet d'aimer et de découvrir cette planète comme jamais auparavant. Juste pour vivre mille vies en une seule.

Nous étions jeunes.

Nous avions soif de vivre et de découvrir.

Nous étions insouciants.

Nous étions fous, si fous.

Tellement fous.

Une autre vieWhere stories live. Discover now