X- La promesse

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En entrant dans la fleuristerie, j'entends une petite sonnette tinter pour signifier ma venue. Le fleuriste, qui me connaît bien maintenant, me salue chaleureusement : « Alors monsieur Axel, comment vous portez-vous ? »

Il me fera toujours rire ce brave homme à m'appeler monsieur Axel et à me vouvoyer.

Je lui réponds que je me porte au mieux et lui demande ses plus belles roses rouges, rien que pour toi ma Lou. Au moins, tu vois Lou, tu fais vivre le commerce maintenant !

Puis, après l'avoir remercié, je sors pour me diriger vers ton nouveau refuge ma naufragée.

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Pendant le trajet, je ne peux m'empêcher de penser à tout ce que l'on ne vivra pas ensemble, à tous ces projets d'avenir, à tous ces rêves qui jamais ne prendront corps. Tu ne pourras plus changer le monde, ni écrire tes magnifiques poèmes, ni me sourire, on ne pourra plus célébrer l'anniversaire de notre rencontre, ni avoir d'enfants ensemble. J'essaie vainement de retenir mes larmes, j'essaie de tenir ma promesse mais mon cœur est trop lourd et mon âme impuissante face à cette sourde douleur. Je sais ma Lou que d'où tu me regardes tu dois me réprimander, et que si tu étais là tu me dirais « souviens-toi de ta promesse Axel ou sinon ce soir tu dors sur le canapé ! Tu m'as fait le serment de m'offrir des sourires et des rires plutôt que des larmes, de m'honorer par un festival de couleurs et non du noir, de peindre tes souvenirs de joie et non de mélancolie. Je ne veux pas te voir souffrir et être incapable de t'aider, ou ce serai une deuxième mort pour moi ». qu'elle me dirait ma Lou

Il faut que je me ressaisisse.

Quel est mon plus beau souvenir avec toi, ma petite Lou ? Je crois bien que c'était le jour où l'on a emménagé ensemble. Je me souviens que l'on n'avait pas encore déballé tous les cartons, le soir on avait commandé des pizzas et mangé par terre. Puis on avait passé une nuit blanche à parler de tout et de rien, à partir en fous rires aussi, à s'échanger nos corps et ne faire plus qu'un dans l'ultime acte charnel, à s'échanger nos vies, nos secrets, comme un pacte, une implicite promesse d'amour éternel.

Nous vivions la douceur de la jeunesse, la beauté d'un amour sincère. Nous étions innocents. On croyait-je croyais- que nous avions la vie devant nous.

Mais déjà le temps s'essoufflait et la maladie avait avant moi embrassé et embrasé ton corps d'un mal incurable.

Ma Lou, pourquoi m'avoir tût l'existence de ta maladie cette nuit là ? Pourquoi ? Pourquoi ?


Pourquoi? 


Une autre vieWhere stories live. Discover now