XI- Le vent

20 7 10
                                    


C'est d'une main fébrile que je pousse le frêle portail du cimetière. Mon cœur s'emparait un peu plus de mon être à chaque pas qui me rapprochait de toi, ma Lou. Ce si petit organe imposait sa sombre dictature, exacerbant ma douleur, heurtant ma plaie encore à vif.

Un vent froid. Des cailloux. Un ciel gris. L'odeur d'une fin d'été, entre douceur et caresse olfactive. Des tombes. Des buissons. Une route. Des gens. Trop de gens. Bien trop d'individus envahissant notre solitude à nous deux. Pourtant cette visite est devenue un rituel, cependant elle ne sera jamais une habitude.

Car jamais venir te voir ici sera un acte banal pour moi, sans signification. Car cette pierre tombale, si froide, si dure, si étrangère, me rappelle que jamais plus je ne pourrai toucher ta peau, douce, brûlante, jamais je ne pourrai à nouveau te prendre dans mes bras. Pourtant il faut que je retienne mes larmes, il faut que je garde ma douleur enfouie et que je te sourisse, pour que d'où tu sois ce petit témoignage de joie te réchauffe. Je te le dois bien.

C'est alors qu'en déposant ces roses aussi rouges que notre amour était passionné, je me suis mis à rire en repensant à ce jour, je suis sûr que toi aussi tu t'en rappelle encore ma Lou, de la journée du crapaud.

Une autre vieWhere stories live. Discover now