VII- Mon évidence

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« Bon et Verlaine ? Tu t'occupes bien de ce pauvre lapin j'espère ? » Qu'elle me demande Emilie

« Evidemment, pour qui me prends-tu ? Je sais quand même bien les cuisiner les lapins, tu peux me faire confiance ! » Blague à censurer vu le regard qu'elle me jette.

Terrifié je lui réponds en prenant un faux air dégagé : « c'était de l'humour mademoiselle, il va du tonnerre de Zeus Verlaine ! »

Emilie est une amie d'enfance, on a toujours été voisins d'ailleurs, puis on a tout les deux été prit dans la même fac de psychologie à Paris après le bac, pour ainsi dire on ne s'est jamais quittés. Moi qui suis enfant unique, je la considère un peu comme ma sœur, maléfique je précise vu son degré de nuisance dans ma vie quand même.

Et depuis que tu es partie ma Lou elle me ne me laisse pas une minute à moi ! C'est fou, on ne peut même pas déprimer en tranquillité dans ma vie...

En tout cas ne t'en fait pas pour Verlaine Lou, j'en prends bien soin et puis Emilie me truciderai s'il allait mal. Quelle caractère celle-là aussi ! Je sais bien que tu disais qu'au moins elle me recadrait, ma Lou, mais quand même !

Pour être honnête ta douceur d'âme me manque chaque jour, ma si chère naufragée. Ce terrible manque creuse dans mon cœur un sillage irrémédiablement plus profond chaque seconde passée loin de toi.

Je me rappelle qu'à l'annonce de ton cancer je n'avais pu y croire. Tout semblait s'écrouler autours de moi, je ne pouvais supporter l'idée de te perdre, et pourtant je lisais dans tes yeux que tu avais besoin que je sois fort pour nous deux. Je ne devais pas ajouter à ta souffrance mes peurs et mes douleurs, bien moindres face aux tiennes. Je devais maintenir un cap, continuer à vivre, et espérer. Toujours espérer. Car la guérison ne devait pas être une option. Et pourtant... Ma petite Lou tu es partie, et je dois continuer de vivre pour nous deux, je dois aller de l'avant, et honorer ta mémoire dans mon cœur, qui n'est et ne sera qu'a toi et seulement toi. Vous allez trouver ça idiot, qu'à l'aube de ma vie je me sente déjà scellé à quelqu'un, que ce ne sont que promesses et mots dérisoires. Pourtant, si ma jeunesse m'a dicté un seul enseignement, c'est bien qu'on ne revit jamais deux fois le même amour. Et celui que j'ai vécu avec Lou était des plus doux et profond, comme une évidence.

Lou, toi qui est partie, je te le dit,

Tu étais et tu restes mon évidence à moi.

Et même si je rencontre d'autres jeunes demoiselles, charmantes à souhait, et que je me lie avec elles, tu resteras ma seule évidence.


Une autre vieWhere stories live. Discover now