III- Le rendez-vous

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Le dimanche suivant, à midi, alors qu'elle s'apprêtait à partir, je l'ai retenue pour l'inviter à boire un verre. Elle a rit Lou, de ma surprenante demande. Et puis elle m'a tout simplement répondu : « pourquoi pas ? Ce soir, 19 h 30, café de la paix ? »

J'ai passé la fin de mon service sur un nuage, un arc-en-ciel, une fleur, tout ce que vous pouvez imaginer, mais qu'est-ce-que j'étais léger ! Lou m'avait souri... Et sa bouche était étonnamment différente de toutes les autres bouches que j'avais vues... Elle semblait amère et pourtant paraissait si douce, si chaleureuse, si accueillante ! Mais il faut que je redescende dans ma triste réalité, que je ne porte pas mes espoirs trop hauts, j'ai si peur d'encore souffrir... C'est terrible, je suis une véritable fleur bleue...

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19 h 30, j'attends depuis 5 min ma dulcinée, dont je ne connaissais pas encore le nom, devant le café.

19 h 45, je commence à m'inquiéter. Un accident ? Une ligne de métro fermée ? Ou encore de la circulation ? Un kidnapping peut-être ? S'il le faut je paierai sa rançon afin de pouvoir la retrouver. Ou alors elle m'a oublié... triste vie... Je ne peux me résoudre à partir sans l'avoir vue... Je fixe les passants dans la rue, je me dis qu'elle a raison mon inconnue qui aime le café sans sucre, c'est beau de regarder les gens dans la rue.

20 h 00, il fait froid. Non, c'est un euphémisme, il fait très froid. Mais je continue à espérer qu'elle vienne. Lorsque, au bout de la rue, j'aperçois de longs cheveux blonds en bataille, volants au gré du vent, une jolie robe noire et un sourire des plus charmants, je me surprends à rire. Quel drôle de phénomène !

Je m'approche d'elle, lui demande si elle va bien, elle m'embrasse sur la joue, elle sent la lavande et le jasmin. Elle s'excuse pour le retard, me dit qu'elle s'est encore perdue, mais qu'elle est contente de me voir. Je l'invite à rentrer au chaud, elle me suit. On s'assoit, elle regarde par delà la vitre les gens qui passent, qui vivent. Et puis elle commande un chocolat chaud, elle me dit que quand tout va mal il reste toujours les chocolats chauds. Je lui souris. Je la trouve délicieuse à voir. Je commande un café. Et puis parce qu'il faut bien commencer la conversation, je lui demande son prénom. Elle me répond : « Lou, moi c'est Lou, tout simplement ». Son nom est aussi doux que son visage, que ses yeux bleus où l'on aime se perdre. Je lui réponds, un peu bêtement : « moi c'est Axel » ; elle s'éclaffe, et me dit « je sais, Axel, mon serveur préféré. »

J'apprends qu'elle a 19 ans, qu'elle est en deuxième année à Sciences Po Paris, et qu'elle voudrait changer le monde. C'est drôle, j'ai l'impression de l'avoir toujours connue, que chacun de ses traits me sont familiers. Comme si elle avait toujours été dans mon cœur. Vous allez me dire : « Axel tu t'emportes ! Tu la connais à peine ! » Mais rien à faire je ne peux me défaire de son regard.

Lou n'a pas de famille, excepté une vieille tante éloignée aigrie qui daigne seulement lui financer ses études , elle aime surtout la lecture et les films d'amour, travaille au Louvres pour se faire un peu de sous, a pour meilleur ami Verlaine, son lapin nain et un amour farouche pour la vie.

J'aimerai que cette soirée soit une éternité, que les heures s'arrêtent, je voudrais ne jamais oublier son sourire, ne jamais avoir à lui dire au revoir.


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