Une autre vie

XVII- Ma rédemption

"Comment l'annoncer à Axel? Je ne veux surtout pas qu'il s'inquiète pour moi, il est si fragile même s'il n'ose le montrer. 

Comment le lui dire sans le détruire? Je ne veux surtout pas de sa pitié, je veux seulement de son amour.

Peut-être devrais-je conserver cette information pour moi, après tout, poussin n'est qu'un détail dans ma vie. Il ne fait que réduire mon temps d'existence, sans toucher à son intensité. Il n' y a pas de quoi dramatiser. Ni paniquer.

Poussin tu en penses quoi? Non conscience je ne demande pas de ton avis, un point c'est tout. Alors Poussin? Encore en train de roupiller cette saleté. Ne jugez pas de mon langage un peu cru s'il vous plaît, j'ai prescription, et je pourrais vous accuser de médisance envers une pauvre malade. Oui, je suis comme ça. Quand je parle de dictature, ce n'est pas un euphémisme. Je serais même capable de faire semblant de pleurer pour bien vous accabler. Vous me trouvez méchante? Vous n'avez pas le droit, il faut être indulgent envers une mourante. Un point c'est tout. Il faut bien que la présence de poussin aie des avantages.

Après une concertation mentale de la plus grande importance, j'ai décidé de ne pas mettre Axel à parti de ma maladie. Plus que tout, je ne veux pas décolorer les derniers instants que je vais partager avec lui. Je n'ai pas de temps ni d'énergie à offrir à la tristesse, à l'apitoiement.

Je veux vivre. Je veux aimer. A défaut de me débarrasser de poussin, je vais le narguer. Parce qu'il ne m'enlèvera pas mon amour pour Axel, parce qu'il ne pourra me faire oublier la joie de sentir sa peau près de moi chaque matin. Parce que la vie est plus forte que l'abyme infini qu'offre les cendres de l'oubli. Parce qu'il est encore temps de se battre, de se battre pour voler autant de bonheur que possible à cette existence.

Je ne suis pas née pour mourir. Je suis née pour vivre, pour respirer. Je suis née pour aimer. La mort n'est qu'un détail. Ne lui donnons pas une importance qu'elle n'a pas.

Je vais rendre Poussin si jaloux de mon bonheur, qu'il ne pourra plus demeurer en moi.

Je vais exister, je vais sourire, je vais rire. La mort n'est qu'infime face à tant de joie, tant de souvenirs.

La joie me sauvera du silence du trépas.

Ton amour, Axel, sera ma rédemption. "