VI- La dictature continue

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Trois mois que tu es morte ma Lou... Les trois plus longs mois de ma vie... Tu es partie début juin, alors que nos vacances universitaires commençaient. Trois mois, et pourtant j'ai l'impression que c'était hier. Je n'ai pas encore pu toucher à ses affaires, et rien n'a changé dans le petit appartement qu'on occupait tout les deux.

Ma Lou tu n'as aucune famille à qui j'aurai pu annoncer ta mort, ou donner quelques affaires. C'est pourquoi je n'ose toucher à rien, et c'est avec le respect qu'on porte aux sanctuaires que je cohabite avec tes effets personnels.

Demain commence ma rentrée, le but de la visite d'Emilie est donc de vérifier que je suis bien prêt pour retourner à la fac. Je la soupçonne d'être aux ordres de Dark Mador ou maman si vous préférez.

Enfin, vous l'aurez compris, je n'ai pas le choix de retourner à la fac demain, même la mort dans l'âme.

Sortit de la douche, je sens une délicieuse odeur de poulet au curry-la spécialité d'Emilie-  mais je n'ai pas le temps d'enfiler un tee-shirt propre qu'elle me balance mon téléphone : « tu sais ce qu'il te reste à faire mon vieux canard » qu'elle me dit. Comme je le disais, je n'avais vraiment pas le choix. La confrérie des forces féminines du mal, présidées par Dark Mador, était ce que l'on peut nommer une véritable dictature.

J'hésite quelques minutes avant d'appeler maman. Depuis ta mort Lou, et ton enterrement je n'ai pu appeler ni voir personne, surtout pas ma Madre. Tout mon entourage ne faisait que me rappeler ton absence, ma Lou, et tous ces souvenirs aussi vifs à mon cœur qu'une lame, surtout lors du premier mois qui suivit. Je souffle un bon coup, pour être honnête je redoute trop le regard furieux et impitoyable que me lancerais Emilie si je ne l'appelais pas. Je me décide enfin à la joindre, ferme les yeux en priant qu'elle ne réponde pas.

« -Allô ?

-C'est Axel maman, tu vas bien ?

-Axel ? Mon chéri, ça fait si longtemps... je vais bien et toi ?

-ça va, Emilie est là pour me surveiller alors ne t''inquiète pas !

-Si tu as besoin de quoi que ce soit mon poussin...

-Maman je t'ai déjà dit de ne pas m'appeler comme ça ! Désolé je dois y aller, à plus !

-Bisous, rappelle moi quand tu veux surtout ! J'étais contente de t'entendre ! »

Voilà. C'était fait. C'était court. Ce n'était pas si terrible ? A part ma culpabilité de ne pas l'avoir appelé ces derniers mois et mon incapacité à aligner plus de trois mois à ma mère sans pleurer, ça allait !

Emilie me crie depuis la cuisine –pourtant pas si éloignée de la chambre-« A TAAAAABLE ET BOUGE TES FESSES D'HIPPOPOTAME OU CA VA ÊTRE FROID ! »

J'ai compris le message, la dictature continue !


Une autre vieWhere stories live. Discover now