OURS D'OR, 100 g

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Vingt-six mars 2013 – AVEC ENORA

« Eno', aide-moi, je me sens mal. C'est grave. »

Le message de Maël sur WhatsApp était adressé à Enora. Celle-ci s'occupait un dimanche en faisant un smoothie avec sa correspondante Summer pendant ces vacances américaines tranquilles. En effet, Enora fêtait ses seize ans aux Etats-Unis, dans le plus grand palace du quartier à des pâtés de rues de la ville de New York. Ça aurait dû être une très bonne journée si le message de Maël n'avait pas sonné la fin de son euphorie. L'ours d'or dans la bouche – le paquet avait été acheté à l'aéroport au duty free – et le cœur émietté de confusion, Enora informa Summer.

La blonde au tie-and-dye rose se releva nonchalamment et soupira en voyant Enora en panique.

- What's going on Enora ? interrogea-t-elle simplement.

Enora qui déglutissait, appela son ami à plusieurs reprises. Sans réponses, elle supplia Summer de la conduire jusqu'à Maël. Il était hors de question de laisser son ami seul face à sa peine. Summer, lasse, accepta au bout de deux minutes de supplications. Elle attrapa les clefs de sa Mustang rouge décapotable et prévint sa mère par un texto.

La brune se faisait un sang d'encre. Maël n'allait pas souvent mal. Et quand il allait mal, il n'en parlait pas. Mais Enora le voyait toujours. Alors elle s'inquiétait, parce que la gravité de la situation lui faisait peur. Qu'est-ce qui avait bien pu se passer, le jour même de son plus bel anniversaire ? Le soleil était en train de tomber et Enora avait peur. Elle s'imaginait des scènes où Maël lui expliquait que quelqu'un était mort, qu'il avait trop bu la veille ou qu'il était terriblement malade. Elle pensait à tous les événements probables qui avaient pu l'amener à lui envoyer ce message.

Dans la voiture, d'habitude d'atmosphère si joyeuse, planait un aura lourd, une présence brute de l'inquiétude. Summer fronçait les sourcils quand elle croisait le regard de sa correspondante française. Elle s'inquiétait également soudainement.

Lorsqu'ils arrivèrent, à quelques rues de leur habitation, Maël était assis sur le devant de la maison, le sac sur le dos et la valise dans l'autre main, la mine grave. Le regard qu'ils s'échangèrent fut empli de doutes et de mystères. Finalement, Maël demanda avec une voix broyée s'il pouvait résider une nuit chez Summer avec Enora. La blonde accepta malgré les interdictions strictes vis-à-vis des logements des petits Parisiens.

Enora ne posa pas de questions durant tout le trajet, occupée à le regarder loucher sur le paysage à travers le réverbère. Elle se sentait petite face à cette situation. La voix, le sac, le message, qu'avait-il bien pu se passer pour que la jolie voix claire et enjouée de Maël ne se transforme en un long râle d'agonie. Elle se mordit la lèvre pour calmer ses frayeurs.

Avait-elle raté quelque chose ?

Maël semblait avoir été très heureux ces temps-ci. Il passait son temps avec elle et passait le reste de son emploi du temps avec son correspondant avec qui il était obligé de vivre durant le voyage. Quelques fois, en le voyant illuminer une pièce avec un seul sourire, elle ne pouvait qu'observer son épanouissement à vue d'œil.

Et puis là, soudainement et brutalement, le malheur le rattrapait.

Et ça, Enora ne comprenait pas, qu'avait-elle foiré pour ne pas voir le mal de son ami arriver ?

***

Maël s'était installé dans la chambre d'Enora, à l'étage. Il dépliait ses affaires dans un coin alors que son amie tentait de lui faire de la place par terre. En réalité, elle avait déjà décidé de dormir sur le sol à sa place, il était triste, il pouvait bien prendre le lit.

BONBONS HARIBO & autres sucreries de la vieWhere stories live. Discover now