chapitre 9 - Un nouveau départ

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trois jours plus tard

Annabelle

Ami. C'est le premier mot qui me vient à l'esprit lorsque je pense à David. Et dire que je l'avais pris pour un tueur psychopathe ! Quelle bonne blague, il est en réalité super gentil et pense au bien-être des autres avant de penser au sien. Malgré son travail fatiguant et conséquent, il trouve du temps pour discuter un petit coup avec moi tous les jours en dehors de nos séances. Ça doit être un peu bizarre pour lui de ne parler que de lui, toutes nos discussions sont orientées soit sur sa vie privée soit sur la ville et le Carnage. J'avoue que ça me fait tout drôle de ne pas pouvoir lui dire qui je suis et d'ailleurs j'en ai marre, mes souvenirs ne reviennent toujours pas et je suis toujours sans famille. Lucas a été occupé ces 2 derniers jours, j'espère qu'il aura bientôt le temps de venir me voir.

Je peux enfin me déplacer normalement ! Je vois mon médecin traitant aujourd'hui... je suis tiraillée entre l'envie de quitter ce foutu hôpital où ils servent de la nourriture infecte et celui d'y rester le plus longtemps possible... que vais-je faire une fois dehors ? Lucas ne peut pas m'accueillir chez lui et il a assez de soucis comme ça de son côté. Je ne sais pas à qui m'adresser. Sans argent je ne vois pas ce que je peux faire. J'angoisse.

Les recherches de Lucas n'ont pas l'air d'avoir beaucoup avancées, il m'a bien montrée cette liste avec des noms et des adjectifs pour décrire les suspects qu'il a trouvé mais ça s'arrête là, il ne connaît quasiment aucune de ces personnes.

Quelques heures plus tard, David me voit avec le visage inondé de larmes... il se lève immédiatement de sa chaise et s'approche de moi. Il me regarde d'un air interrogateur.

- ... Ils veulent que je parte... j'ai pas d'argent... la chambre doit être libérée demain matin... je suis guérie... sais pas où aller, lui dis-je entre une flopée de sanglots.

Il me prend dans ses bras et me fait un câlin. C'est la première fois qu'on est autant proche, prise au dépourvue et sous l'effet de mes émotions, je l'étreints à mon tour. Nous restons ainsi une bonne dizaine de minutes, le temps que mes pleurs s'apaisent.

Puis notre moment de douceur prend fin et nous nous regardons sans savoir quoi dire. C'est la première fois que je vois sa sensibilité, c'est déroutant mais touchant. Son regard est d'une profondeur sans pareil, il passe une main dans ses cheveux et prend une grande inspiration.

- Tu peux venir chez moi, me dit-il.

Cette proposition me prend au dépourvu. Ne sachant que répondre, je le dévisage. Il est on ne peut plus sérieux. Ah tient, il rougit et sa respiration est saccadée.

-Je... je sais pas...

- Réfléchis-y, t'as pas un radis, t'as pas de famille qui te cherche, tes parents sont apparemment à l'étranger pour encore un bon mois et demain tu dois partir de l'hôpital. Tu vas pas dormir dans la rue non plus ? Viens chez moi, je vis seul et il y a assez de place et tu pourras t'occuper de la maison en attendant de te trouver un job, le reste je te l'offre.

Le début de son propos est cru mais totalement vrai, je suis un cas désespéré. La réalité me frappe de plein fouet et je sens que mon corps est submergé par tous les événements des derniers jours. Jamais je n'aurais cru avoir accumulé tout ça en moi mais en réalité, j'étais au bord du gouffre... depuis le Carnage je devais me reconstruire, mais au moins un cauchemar rempli de sang et d'arbre m'hantait chaque nuit. Je faisais mon possible pour l'oublier et garder mon optimisme en espérant que mes souvenirs reviennent. L'hôpital m'a permis de ne pas retourner à la réalité tout de suite et maintenant que je la vois, je sens qu'elle m'étouffe, qu'elle me voit comme étant en trop. Amnésique, une sacré mauvaise blague oui. Je suis paumée, je dois partir d'ici. Certes David m'a proposée son aide mais la vérité me saute aux yeux : je me sens de trop.

David comprend qu'il se passe quelque chose en moi, son regard est interrogateur. Je ne peux rien lui dire, il me faut de l'air. Je le regard les yeux remplis de désespoir. Sans dire un mot, je me retourne et pars en courant. Je cours à travers tout l'hôpital, j'évite délibérément les ascenseurs et me rue à l'extérieur. Il y a beaucoup de trafique et le temps est maussade, il vente tout ce qu'il peut. La claque de l'air frais sur mes joues me fait du bien, elle m'emporte au loin. Alors que je marche d'un pas rapide, je laisse libre cours à mes larmes. Mon visage est inondé mais personne ne semble s'en soucier. Cela vient renforcer mon sentiment de solitude, je me sens insignifiante.

Alors que je marche ainsi depuis une bonne dizaine de minutes, je sens des bras m'agripper par la taille. Prise de panique, je me mets à hurler.

-Chut ce n'est que moi, fait une voix familière dans mon dos.

Je me retourne vivement et mets la plus grande claque de ma vie à David.

- Qu'est-ce que tu fais là!? T'as pas le droit de me suivre et de me faire autant peur que ça!

Il me regarde tout penaud, ne sachant que faire. La vache, j'y suis pas allée de main morte, il a une énorme trace rouge là où je l'ai frappé.

- Excuse-moi pour la baffe, j'ai paniqué...

- Je... Ok, c'est rien. Viens avec moi maintenant, tu reste pas toute seule. Dès ce soir tu viens chez moi, t'as pas le choix.

Je le regarde d'un air hébété. Ne sachant que lui répondre, je hoche timidement la tête. Je ne l'ai jamais vu aussi autoritaire. Qu'importe, il m'enlève un poids énorme des épaules en prenant la décision à ma place.

Nous reprenons le chemin de l'hôpital et pas magie, Lucas m'attend dans ma future ex-chambre. Je lui raconte grosso modo ce qu'il s'est passé et il me donne son numéro de téléphone afin que je puisse le contacter une fois chez David.

Après son service, David passe me prendre. Il a l'air de bonne humeur.

Nous partons. L'heure de ma nouvelle vie a sonné .


Blackout (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant