Chapitre 16 - Une journée ou peut-être une nuit, qui sait ?

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Annabelle :

Depuis que David est parti, c'est l'enfer. Aucun moyen de savoir quel jour on est, ni même de connaître l'heure... c'est le noir complet.

Je sais que je ne suis pas dans mon état normal, on m'a assoiffée, je ne peux pas bouger, mes membres sont entravés par des liens coupants ma chair et diffusants une douleur insupportable dans tout mon être. De temps à autre, de lourdes plaintes s'échappent des salles avoisinantes, s'ils subissaient les mêmes atrocités que moi... nous n'allions pas tenir bien longtemps.


Je ne me souviens toujours pas de mon passé, cela m'angoisse. Si l'on m'a enlevée, c'est bien pour une raison... de plus, durant le dernier tour de garde, le pion chargé de me surveiller n'a pas arrêté de me demander comment mon « papounet » allait, s'il avait réussi à expulser les « grands gentils méchants » hors du territoire des sobres. Bien que ses mots aient résonnés en moi, je ne pouvais pas mettre d'image dessus... Un peu comme si une barrière psychique s'était posée sur mes souvenirs.

Avant que j'aie le temps de trop me morfondre, on ouvre la seule et unique porte de la pièce dans laquelle je me trouve. Un mal de tête laminant me vrille le crâne. Dans un effort surhumain, je relève le regard, manquant de rendre le repas que je n'ai pas eu la chance d'ingurgiter sur les chaussures de l'individu me faisant face. Lorsque je vois mon quasi parfait sosie me sourire de manière machiavélique, je comprends que la partie n'est pas gagnée d'avance....

Alors que mon regard bleuté fixe les yeux marrons de mon interlocutrice, un nom saute dans ma tête, n'arrangeant pas ma migraine... Natascha.

Voilà pourquoi Lucas m'a prise sous son aile, mis à part ses yeux marrons, on se ressemble trait pour trait, à tel point que s'en est effrayant.

- Bien dormit Cendrillon ?

Suite à son injonction, un rire tonitruant envahit la pièce tandis que des sueurs froides me parcourent l'échine dorsale. Ma raison me dit de me taire, vu mon état de faiblesse... autant l'écouter.

- Mon nom est Natascha et nous allons bien nous amuser ses prochains temps, prépare-toi à me voir très souvent, sœurette.

Son regard projette une telle noirceur que même sans être devin, je me doute bien que cela ne présage rien de bon...

Résignée et perturbée par ses mots, je la laisse me toiser sans rien dire. Sans ménagement, elle empoigne mon menton entre ses doigts froids et insensibles. M'obligeant à fermer les yeux pour ne pas vomir. Sans que j'aie le temps de me reprendre, une baffe lancinante atterrie sur ma joue droite, réveillant une colère sourde en moi.

- Co... comment ose-tu ?
Un sourire malsain habite son visage impétueux,

- Tiens j'ai bien cru que tu étais muette.

J'ai beau essayer de bouger, cela n'accentue que ma douleur et fait sourire mon sosie de plus belle. Dans quelle galère est-ce que je me retrouve ?

Alors que Natascha est sur le point de m'infliger une nouvelle baffe, une voix masculine l'appelle depuis le couloir. Elle fait soudain moins la maligne et s'en va sans demander son reste.





Plusieurs heures plus tard, je n'ai toujours rien eu à boire ni à manger, le garde est muet comme une tombe et ma migraine plus violente que jamais. Mes membres me font trop souffrir pour que je puisse me reposer et impossible de m'en sortir seule. J'en ai marre, je ne sais même pas ce qu'ils me veulent, même en me forçant à me rappeler, quitte à me faire pleurer de douleur, rien ne me revient. Pourquoi suis-je ici ? Aurais-je une sœur ? Et combien de temps s'est écoulé depuis mon enlèvement ? Le noir m'oppresse. Enfin, je me sens chavirer dans le doux réconfort du néant.


Blackout (Terminée)Donde viven las historias. Descúbrelo ahora