Blackout (Terminée)

chapitre 11- "tu crois à la magie?"

David

-... Tu crois à la magie ?

Devant son air étonné, je comprends qu'elle pense que c'est une blague. Mais elle ne sait pas... j'ai eu si peur lorsqu'elle est entrée en transe. C'est déjà arrivé à ma grand-mère de son vivant mais je n'avais jamais rien vu d'aussi violent. Ses yeux ont changé de couleur et elle est devenue une autre personne, une sorcière expérimentée et maître de ses pouvoirs, je n'ai pu revenir dans la maison que lorsqu'elle est revenue à elle... Annabelle... si seulement tu te souvenais. L'envie de lui faire retrouver sa mémoire est encore plus omniprésente que d'habitude. Je ne sais pas comment lui expliquer ce qu'il s'est passé, j'ai peur qu'elle prenne ses jambes à son cou ou qu'elle rejette ce que je vais tenter de lui transmettre. Moi-même je ne comprends pas entièrement ce qu'il s'est passé. Je sais juste que je commence à maîtriser mes pouvoirs. Cependant, n'ayant personne pour m'expliquer tous les phénomènes auxquels je suis confronté, je me sens perdu.

Mon coeur bat à tout rompre, que va-t-elle me répondre ? Et si elle partait ou qu'elle avait peur ? Si... Un milliard de questions passent dans ma tête, je suis suspendu à ses lèvres. Réponds bordel, me dis-je. Elle semble choquée. Merde qu'ai-je fait ?!

Soudain elle parle dans un éclat de rire incontrôlable... décidément j'ai de la peine à la comprendre.

Elle remarque mon air sérieux et déconfit face à sa réaction et s'arrête de rire.

- Attends t'es sérieux, me demande-t-elle d'un air inquiet.

J'hoche de la tête, ne pouvant me résoudre à parler.

- ... T'ose sérieusement me demander ça dans mon état?! Laisse-moi rire...

Annabelle

Mais que ce passe-t-il dans la tête de ce gars... la magie pis quoi encore. Comment pourrais-je me permettre de penser à l'irrationnel alors que mon cerveau à besoin d'être terre à terre. Peut-être me fait-il une mauvaise blague... Que penser... si seulement je me souvenais de quoi que ce soit. La rage me monte à la tête, j'en peux plus faut que ça s'arrête. Je me sens à fleur de peau. Vite faut que je déguerpisse. Rapidement je dépose mon assiette dans l'évier, laisse s'échapper un bref bonne nuit et cours m'enfermer à double tour dans ma chambre. J'essaie de retrouver mon calme, mais c'est mission impossible. Sans trop réfléchir, ma main compose le numéro de Lucas, répondeur. C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Je craque, un torrent de larmes inonde mon visage, mais qui suis-je. Lasse et fatiguée, je m'endors et plonge dans un sommeil troublé, chahuté de rêves plus étranges les uns que les autres.

***

-Viens mon enfant. Ne reste pas seule dehors lorsqu'il fait nuit, me dit une femme.

Docilement je l'écoute et la suit. Arrivées à l'intérieur, elle me bondit dessus et me couvre le visage d'un sac en tissu. Panique totale, je me réveil en sursaut,il est minuit.

Une forêt, un feu de camps. Je joue au bord d'un ruisseau, on me donne maximum 12 ans. Le temps change soudainement, le vent se met à souffler d'une violence sans pareille. Les quelques feuilles traînant parterre s'envolent et se mélangent aux cendres brûlantes qui les enflamment. A peine touchent-elles le sol qu'il se met à son tour à brûler, prise d'une peur sans nom, je me jette dans le ruisseau,mais je n'ai pas pied et le courant est trop violent, il m'entraîne sous la surface. Je sens une paire de bras me tirer hors de cet enfer. Je suis désormais au centre d'un pentacle, un énorme feu faisant un rond autour de moi et des esprits me faisant face.

- ... Tu

-... Vas

-... Nous

-... Sauver

-... ou mourir...

Le feu se rabat sur moi.

- AAAAAAHHH!

3h15, encore un fichu cauchemar. J'essaie à nouveau de dormir.

Cette fois, j'ai au moins 16 ans. Il commence à faire nuit et un groupe de femmes habillées en indiennes dansent autour de moi pendant qu'une sorte de chaman fait des incantations. Je suis frigorifiée et absolument nue. Tout s'accélère jusqu'au moment où la chaman s'approche de moi, un tison brûlant en forme de demie lune à la main et marque ma peau à vif. La douleur est si intense qu'elle me réveille. 5h50, c'est quoi ce bordel... vais-je pouvoir me reposer cette fois ? Ils viennent d'où ces foutus cauchemars ?! Je me retourne maintes fois dans mon lit avant de trouver le sommeil.

La nuit.

Le froid.

Un terrible mal de tête...

Où suis-je ?

Cette fois je sais où je suis. Je suis toujours avachie au pied de mon arbre, au milieu des autres cadavres. Une vague de frisson me parcours le dos. Que fais-je ici. Un spectre s'élève devant moi, il est ensanglanté. Je veux courir mais je suis paralysée...

- ... Tout

-... est

-... ta

-... faute

-... tu vas le payer

Il me fonce dessus.

Je me réveil une bonne fois pour toutes, mais je ne suis plus dans mon lit. Me voilà debout, dans la chambre de David, le poignet en sang. Un cri s'échappe de ma bouche et va réveiller mon psy:

- Bordel Annabelle, qu'est-ce que tu fous là?!

Il allume la lumière et voit l'état de mon bras. Sans que j'ai le temps de dire quoi que ce soit, il m'attrape par la taille et me conduit dans la salle de bain pour penser ma plaie.

- T'as fait quoi, me gronde-t-il.

- J'en sais rien, laisse-moi aller me coucher.

Je me retourne sans même le remercier et prends la direction de ma chambre. Arrivée sur le seuil de la porte, je me rends compte de l'ampleur de mes rêves.

- David, il est temps que tu me dise tout ce que tu sais sur la magie, dis-je d'une voix haute, fluette et forte afin d'être sûre qu'il m'entende...