Sept

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Henry

«Poème #81. 00:59

Tu cours rapidement,
Digne d'un trophée.
Je suis si lent
Attends-moi, Morphée

Ne te mérité-je point?
Survivant d'une autre journée,
Maintenant, de repos j'ai besoin.
S'il te plaît, attends-moi, Morphée

Pourquoi ne puis-je t'atteindre?
Pourtant j'ai proscrit le café
Laisse-moi te rejoindre
Je t'en prie, attends-moi, Morphée

La lune saluera le soleil,
Mes cernes deviendront amis,
Mais toujours pas de sommeil
Je crois que Morphée est parti.»

Vaincu par l'insomnie, je lance Obscur au bout de ma chambre et me lève de mon lit d'un bond. Il faut croire que même dormir est au-dessus de mes talents. Je me change, démêle mes écouteurs que j'insère dans mes oreilles et quitte l'appartement. Puis, je commence ma course dans la pénombre. Lorsque je fais mon jogging, ma tête se vide de son contenu morose et c'est le seul moyen pour parvenir à m'endormir par la suite.

Mes écouteurs lancent Dream On de Aerosmith, mon groupe préféré, tandis que je cours plus profondément dans la nuit.

J'adore ça. Ce sentiment de liberté. Le vent frais sur mon visage. La douce lumière de la lune. Après une vingtaine de minutes, je tourne dans une rue que je n'ai jamais empruntée. Un rythme intrus s'incruste au travers de ma chanson. J'aperçois une maison dans laquelle une fête est définitivement en cours. En passant devant, je vois des gens entassés à l'intérieur, en train de danser avec entrain, sous de la «musique» (plutôt des battements électroniques faits par ordinateurs, qui n'est pas définit comme étant de la musique pour moi). Je vais pour continuer mon chemin, quand une voix se fait entendre par-dessus le vacarme festif :

— Henry?

Je tourne la tête et vois deux silhouettes assises sur l'herbe que je n'avais pas remarquées plus tôt, dû à la noirceur. Je plisse les yeux pour découvrir Olivia Chevalier et une autre fille que je reconnais comme étant Caroline Dupuis, une des 3 Ine. De la nourriture est éparpillé autour de cette dernière, qui tient un cœur de pomme dans une main et fouille dans une boîte de céréales avec l'autre. Elle semble ne pas avoir mangé depuis quatre jours.

Oh, salut, dis-je en retirant mes écouteurs.

— Tu fais toujours ton jogging à une heure pareille? demande Olivia, visiblement intriguée.

Je me frotte la nuque et bégaye :

— C'est le seul moyen pour que je dorme bien après... Je suis insomniaque.

— Thé à la camomille.

— Hein?

— Tu bois un thé à la camomille avant de te coucher et tu auras une bonne nuit de sommeil.

— Euh, je n'ai jamais bu de thé.

Ça me rappelle ma grand-mère, qui voulait toujours que je vienne discuter avec elle durant son heure du thé. Mais je me trouvais toujours une excuse, pour éviter d'entendre parler pendant une heure de ses recettes végétariennes et de ses clubs de jeux de cartes. Je le regrette, maintenant qu'elle est décédée.

Adolescents FluorescentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant