Chapitre 22 : Noir

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PDV général

Astrid voyait Harold reprendre petit à petit des forces grâce au lait de yack. Ses écailles orangées recouvraient peu à peu de leur éclat et il reprenait tout le poids qu'il avait perdu. Mais malgré cela, plus ça allait, plus son coma s'approfondissait. Ses ailes n'étaient toujours pas guéries. Il avait encore besoin de temps.

PDV d'Harold

Le noir. C'est tout ce que j'arrivais à percevoir. Le noir et l'agréable sensation de flotter dans le vide. Mais toujours dans le noir.

J'avais beau essayer de toutes mes forces, je n'arrivais pas à entendre, voir, sentir autre chose que le noir. Il était partout.

Je restais longtemps dans le noir. J'attendais, essayant encore et toujours de m'extirper de cette noirceur. Toujours en vain.

Puis, force d'efforts, j'arrivais à percevoir d'autres choses que le noir. Des goûts. Beaucoup de goûts différents. Je n'arrivais pas à les nommer. Mais tous me paraissaient infâmes. Seul un retint mon attention. Je ne savais pas ce que c'était. Mais j'aimais ça. C'était chaud et lisse et cela me réconfortait. Pourquoi ? Aucune idée. Quand je sentais ce goût, des flashs me revenaient en mémoire. Des images de moi, plus jeune, boudant devant une assiette de nourriture. Et d'un épais Viking barbu qui m'offrait une chope remplie d'un liquide chaud et tout lisse. Du lait de yack. J'étais enfin parvenu à mettre un nom sur ce goût.

Peu à peu, je commençais à percevoir encore de nouvelles sensations. Des sons. Des sons que je n'arrivais pas à identifier. Des brides de conversations ? Des oiseaux ? Une rivière ? Le vent ? Peut-être l'un des quatre. Ou alors autre chose. Je ne savais pas. Mais je savais seulement qu'il y avait un son. Un son qui, à chaque fois que je le percevais, faisait accélérer mon cœur et me remplissait de joie. Je ne savais pas ce que c'était. Peut-être une voix. Aucune idée. Mais ce que je savais, c'était que c'était le plus beau son du monde à mes oreilles.

Puis, des odeurs. Des centaines de milliers d'odeurs. Toutes différentes. Je connaissais chacune d'entre elle, j'en étais intimement persuadé. Mais je n'arrivais pas à les distinguer les unes des autres ni à les identifier. Mais elles étaient là. Et prouvait que je n'étais pas seul dans ce noir.

Et puis finalement, j'arrivais à ouvrir les yeux. De la lumière. Enfin ! Je voyais de la lumière. Le soleil, les arbres, l'herbe, le ciel.

Je remuais doucement, m'éveillant lentement d'un trop long sommeil. J'étais engourdie de partout. Je relevais lentement la tête, laissant ma vue s'habituer à toutes ces couleurs.

J'avais l'impression de me réveiller un matin, après une très bonne nuit de sommeil. J'avais la bouche pâteuse.

Au fur et à mesure que les secondes passaient, j'arrivais à mieux prendre conscience de mon environnement.

Je clignais des yeux, ensommeillé. J'étais allongé dans un filet disposé en hamac entre des arbres au milieu d'une clairière.

J'avais une furieuse envie de m'étirer comme un chat, de faire craquer chaque os de mon corps mais quelque chose m'en empêchait. Je baissais les yeux et vis que des attelles enserraient mes quatre ailes. Je remarquais du même coup que j'étais sous forme dragonnesque.

Je tentais de me remémorer les événements. Sans succès. C'était le trou noir.

Je sentais soudain une douleur à l'intérieur de moi alors que je prenais une grande respiration, sentant toutes les odeurs de la forêt envahir mes narines.

Je soufflais d'un coup, grimaçant légèrement de douleur. Je remarquais ensuite que j'entendais ma respiration. Ce qui n'était pas forcément anormal. Ce qui était anormal, c'était que je respire si fort. C'était comme si je venais de courir 500 mètres en sprint. Alors que je n'avais pas bouger. Et je n'arrivais pas à prendre de trop grandes inspirations sans que la douleur ne revienne, dans mes poumons.

Je serai là pour toi (tome 2)Where stories live. Discover now