Cher inconnu,
Toi qui ne me lis pas et pourtant, tu me lies si bien. Tu me lies aux mots et à tout ce qui ne se dit pas. Tu me lies à toi et à tout ce qui n'existe pas. Tu me lies à moi sans ,avec moi-même, avoir le moindre lien. Toi que j'avorte dans une lettre et qui reprennes vie dans une autre.
Impatiemment, je t'attends tous les soirs, la où tu ne viendras jamais. Je m'arme de solitude jusqu'aux dents et guette ton absence.
Et pour ces attentes auxquelles on ne peut échapper et qui s'avèrent éternelles, je n'ai que des livres à caresser du bout des doigts.
En silence, pour ne pas réveiller les âmes tourmentées, je courtise le livre de la vie. Je le feuillette pour que frôlent mes mains une de ses pages qu'ont deja foulés tes pieds. Ne serait-ce que pour mieux te perdre avant même de te retrouver.
J'ouvre l'audience.
"En effet, ce soir, je veux t'écrire pour te perdre. Te perdre entre les lignes de ma main avant de te perde en soldat. Un soldat qui a goûté quelques instants, au dernier baiser de sa fiancée avant de succomber à celui de l'amante éternelle."
L'audience est ouverte et ne se lèvera jamais ...
Amoureusement, l'inconnue.
