Cher inconnu,
J'ai beau être inaccessible, insaisissable. Dès qu'une main tente de se poser sur moi, je me volatilise, je m'évapore car toutes les mains me rappellent ma finitude. Toutes les mains cherchent à palper en moi, la mort enfouie dans les pores ma peau. Je ne fuis pas et ne te fuis surtout pas. Je ne fais, en réalité, que chercher l'éternité dans mon éphémérité.
Cher toi, qui peines à comprendre mes mots, tu sauras saisir le sens de chacune de mes lettres quand les vers auront rongé mes rimes. Ce jour-là, s'entrechoqueront tes verres vides et tomberont en débris, au milieu de la nuit, pour écorcher ta soif affûtée. Et, quand tu auras finalement tout compris, la nausée te rattrapera. Ainsi, tu vomiras ton ivresse dans le creux de mon mot rescapé.
Je ne t'écris pas. Je ne fais que redresser les lignes de tes mains.
Amoureusement, l'inconnue.
~ Lettre à un inconnu.
