Kayla: Prise (Tome I)

Chapitre 8 - Évasion

Kayla
Après avoir réussi à convaincre Richard de rester à la maison, je lui ai offert d'écouter un film dans le cinéma maison.

- Bien sûr! Marguerite devrait l'écouter avec nous. Tu veux bien aller la chercher?
- Oui, j'y vais.

Je cours vers la chambre de Marguerite, où je cogne.

- Qui est là?
- C'est Kayla.
- Entre.

Lorsque je pénètre dans la chambre, je constate que Marguerite est en train de pacter ses affaires dans un sac.

- Tu es prête?
- Oui, je viens de finir. Et toi?
- Oui mon sac est dans mon garde-robe, prêt.
- Bien.
- C'est Richard qui m'envoie. On va écouter un film, tu viens?
- Oui. J'arrive. Laisse-moi juste cacher mon sac sous mon lit.

Je m'apprête à sortir, puis je reviens.

- Oh, et en passant...
- Oui?
- On est sensées partir dans deux heures. Je ferai semblant de m'endormir sur lui pour qu'il me porte dans mon lit, puis tu lui diras que tu dois aller te coucher toi aussi un peu plus tard.
- Bonne idée. J'ai juste peur qu'il veuille venir avec moi... Ça s'est mal terminé, hier soir.
- Ne t'inquiète pas. Je trouverai une façon de venir te chercher quand même, en cas de pépin.

Elle acquièce, et je rejoins Richard.

- Elle arrive.
- D'accord. Je vais nous faire du popcorn.

Marguerite me rejoint.

- Il est où?
- Parti nous faire du popcorn.

Je dépose ma tête sur ses genoux, et elle me caresse les cheveux. À ce moment-là, j'ai l'impression d'avoir une vraie famille et je suis triste de devoir abandonner ce petit monde de bonheur.

- Coucou les filles! Regardez ce que j'ai emmené!

Nous nous tournons vers Richard, et il tient un bol de popcorn géant. Marguerite et moi sourions.

- Ohh!

Je suis assise entre mes deux nouveaux parents, donc c'est à moi que l'on donne le bol de popcorn. Le film Titanic est projeté à l'écran, et le bol pourtant énorme se vide dans la première demi-heure. J'en profite pour le mettre par-terre et déposer ma tête sur l'épaule de Richard. Après un moment, je l'entend parler à Marguerite.

- Je crois qu'elle s'est endormie.
- Ah, je vais aller la porter dans son lit.
- Non, je vais y aller, laisse-moi faire.

Je me sens alors soulevée et Richard marche lentement jusqu'à ma chambre. Il me dépose sur mon lit et, avant de partir, dépose un baiser sur ma tête.

- Bonne nuit, ma chérie.

Lorsque j'entends ses pas assez loin, j'ouvre les yeux. Ma partie du plan est réussie.

Marguerite
Lorsque Richard revient de la chambre de Kayla, je m'inquiète. Et s'il recommençait? Et s'il me faisait encore pire qu'hier? Et s'il... me tuait? Étrangement, il est calme. Il ne semble pas me vouloir du mal.

- Elle dort comme un bébé sans sa chambre. Je pense qu'elle était très fatiguée.
- Oui, sûrement.

Je suis distante, et il le remarque assez vite. Il me regarde comme s'il essayait de lire mes pensées, puis il me prend la main.

- Je sais que tu es encore fâchée.
- Je ne suis pas fâchée. Je vais être totalement honnête avec toi, tu me fais peur.
- Ne t'inquiètes pas. Je me suis emporté hier, mais ça n'arrivera plus.
- Richard... Je ne peux pas oublier ce que tu m'as fait hier. J'ai encore mal partout. Et puis tu as menti à la jeune fille que tu veux adopter! C'est un très mauvais départ, si tu veux mon avis.
- Tu as raison. Je ne peux pas changer le passé, mais je peux m'arranger pour que le futur soit meilleur.
- Au moins tu prends conscience de tes actions.
- Je ne peux pas te faire oublier les événements d'hier soir, mais je peux faire de cette nuit un véritable paradis juste pour toi. Viens avec moi, je t'emmène au septième ciel.
- Richy, désolée mais je n'en ai pas envie ce soir. Peut-être demain. Pour le moment, je vais me coucher. Je suis fatiguée. De toute façon, on ne finira pas un film de trois heures à onze heures.

Richard me fait la moue, mais il ne me touche pas. Je me rends à ma chambre sans encombre et j'en vérouille la porte. Sur mon cadran, l'heure affiche 23:49. Il me reste onze minutes pour monter jusqu'à la chambre de Kayla. Je ramasse mon sac et je monte en catimini à l'étage supérieur. J'entends Richard qui lave de la vaiselle, et je suis rassurée.

Lorsque je cogne à la porte, Kayla m'ouvre et un sourire illumine son visage.

- Tu as réussi!
- On a réussi, Kayla.

Nous ouvrons la fenêtre de sa chambre et sortons. En sautant d'un balcon à l'autre, nous mettons quelques minutes à descendre.

- Est-ce qu'on prend ta voiture?
- Non. Il y a une voiture électrique dans le garage. Elle fera moins de bruit.
- D'accord, allons-y.

Nous réussissons à nous rendre jusqu'au garage, et nous prenons la voiture.

- Je peux conduire?
- Bien sûr que non!

Elle s'assoit sur le banc passager à côté de moi, et nous démarrons. J'ouvre la grille principale avec aisance, car j'en détiens le code d'accès.

- Woah, Marguerite! On vient de se sauver par une fenêtre et de voler une voiture... C'est comme dans les films!

Marguerite éclate de rire.

- C'est vrai. J'espère juste que ce film ne se transformera pas en une poursuite de voitures.

Je m'enfonce dans mon siège. Je n'avais pas pensé à l'éventuelle poursuite qui pourrait avoir lieu.

Marguerite
Je suis contente de m'être sauvée avec Kayla, mais j'ai peur que cette histoire ne se termine mal. Je décide, au cas où il arriverait quelque chose, de révéler ce que je sais à ma protégée à propos des plans de Richard.

- Kayla...
- Quoi?
- Je pense qu'il est temps que je t'explique ce qui se passe.
- Il était temps! Je n'attendais que ça.

Je décèle de l'amusement dans la voix de l'adolescente. Elle semble rire de la situation, et cela m'aide à parler.

- J'ai entendu des conversations et il m'a donné lui-même quelques détails. Dans une semaine environ, il prévoyait t'emmener dans une chambre d'hôtel et jouer avec toi avant de t'emmener dans une fête avec tous les membres de son réseau - incluant Nathan et sa bande -. Le jour où Nicolas est venu, c'était prévu. Je l'ai appris un peu plus tard. Richard m'a donné un fusil dans le but précis que j'élimine Nicolas, mais je ne comprends pa encore pourquoi.
- Attends une seconde... jouer avec moi?
- C'est un jeu populaire chez les hommes riches. Ils habillent une adolescente comme une poupée ou comme une enfant de huit ans et l'appellent Babygirl. La fille, elle, est forcée à faire tout ce qu'il veut, et elle doit l'appeler Daddy. Si elle ne l'écoute pas, il peut la punir. Les punitions les plus courantes dans ce jeu sont sexuelles ou pour le moins corporelles.Les fessées et les gifles sont monnaie courante, mais il y a également des Daddy qui en profitent pour obtenir une relation sexuelle avec une jeune. En général, les Babygirl qui se prêtent au jeu s'en sortent bien et sont traitées comme des princesses.
- Richard est un pervers. Je n'aurais jamais fait ça.
- Je ne pense pas qu'il t'aurait laissé le choix...

Je suis horrifiée. Comment j'ai pû me laisser berner par cet idiot? Soudain, une pensée me frappe.

- Marguerite! L'agence de mannequins, c'est ça son « hôtel »! J'étais sensée y aller dans une semaine.
- Une chance que tu n'y es pas allée.
- Oui...

Voilà encore un chapitre. J'espère que ça vous plaît!