Kayla: Prise (Tome I)

Chapitre 22 - Séduction

Marguerite
Le Soleil, astre normalement si beau mais dont j'aurais aimé retarder l'arrivée aujourd'hui parce qu'elle correspondait au moment de vérité où Kayla était supposée arriver, est levé depuis longtemps. Pourtant, elle n'est toujours pas là. Dans ma tête défilent les pires scénarios possibles.

L'a t-il tuée? L'a t-il blessée? Où est-elle? Comment va t-elle?

Toutes ces questions sans réponse se bousculent dans mon esprit bien trop perturbé. Je n'aurais jamais du la laisser seule avec cet homme fou à lier, et je le sais. C'est pourtant ce que j'ai fait...

Je ne sais faire que cela: prendre de mauvaises décisions. Pourtant, j'aurais dû apprendre une leçon, avec Richard...

Je décide de faire cesser ces pensées totalement démesurées et de plutôt réfléchir au présent.

Je pourrais aller la chercher là-bas, ou bien je pourrais la laisser se débrouiller seule. Après tout, elle sait se défendre... Et puis à deux ce sera difficile de s'enfuir! Surtout pour moi, comme je l'ai déjà fait.

Les remords commencent déjà à me hanter parce que je pense choisir la deuxième option. Je décide donc, pour compenser, de l'appeler pour voir si elle a encore son téléphone.

Tiiiit...
Tiiiit...

« - Bonjour, Marguerite.
- Medhi?! Qu'est-ce que tu lui as fait?
- Rien de spécial. Je ne t'en parlerai pas.
- Pourquoi tu as son téléphone?
- Il était sur son lit, avec elle. Je l'ai fait descendre au sous-sol et quand je suis retourné au rez-de-chaussée, je l'ai vu.
- Je veux lui parler.
- D'accord. Je ne vois pas comment tu pourrais la sauver ainsi, de toute façon. Mais, je te préviens: j'entendrai toute la conversation. »

Hmm, maintenant, je sais qu'elle est dans le sous-sol. Ça pourrait m'être utile plus tard.

J'entends ses pas dans le téléphone, et la voix de Kayla finit par se faire entendre.

« - Marguerite? C'est bien toi?
- Oui, ma chérie. C'est moi.
- Reste où tu es. Ne viens surtout pas.
- Mais, Kayla...
- Tout va bien.
- Ta voix n'est pas convainquante, tu sais...
- Désolée, je dois y aller. »

Elle dépose le cellulaire, mais ne raccroche pas.  J'écoute et j'entends une conversation entre Medhi et Kayla.

« - Pourquoi l'empêcher de venir?
- Je ne veux pas la mettre en danger. »

Medhi ne répond pas, il semble réfléchir.

Boom!

Je ne sais pas ce que c'était, mais j'entends un bruit sourd qui venait de l'autre côté du combiné. J'espère que Kayla va bien.

« Marguerite, changement de plan pour moi. J'ai une idée. Pour toi, ça ne fera qu'allonger l'attente. Désolée, mais c'est la seule solution. Je te rejoindrai.

Ah, et le bruit c'était moi. J'avais planifié cette ruse pour l'attirer en haut.

Il revient. Je te laisse. »

Elle raccroche. Ces quelques phrases m'ont quelque peu rassurée, mais je me demande ce qu'est sa seule solution.

Kayla
La tournure des événements joue en ma faveur. Non seulement j'ai une occasion en or de mettre mon plan à exécution, mais en plus Marguerite ne viendra pas, donc je suis rassurée. Lorsque Medhi revient, je me tourne vers lui.

- Kayla, ta ruse est ingénieuse, mais pourquoi tu as fait ça? Pourquoi planifier la chute d'une chaise sur une casserole en plein milieu de la cuisine?
- J'avais envie d'être créative et de te faire marcher, littéralement. Tu es fâché?

Je le regarde avec mes airs de chien battu, et son visage s'attendrit, ce qui me surprend et me remplit de fierté en même temps. Si ça se trouve, je réussirai à le séduire avec plus de facilité que je ne le pensais. Quel con!

- Non, je ne suis pas fâché. Mais ne me fais plus de coups pareils.
- D'accord.
- Maintenant, je vais devoir t'attacher à ta chaise, à nouveau.

Je profite de ce moment pour lui montrer pourquoi il ne faut pas me fâcher.

- Noooon! Je veux pas! J'en ai assez de ta lumière! Laisse-moi tranquille!

Il essaie de me prendre le bras, mais je le repousse.

- NOOOON! Arrête! Ne me touche pas.
- Kayla. Ça suffit.

Je sors mes talents d'actrice et je verse quelques fausses larmes.

- Tu vas vraiment me laisser là, encore?
- Euh... oui.
- Mais... c'est pas moi qui ai cassé ton nez! Pourquoi c'est moi qui devrais payer pour les erreurs de Marguerite? Je ne sais même pas où elle est!

Il me regarde, pensif.

- Tu as raison. Bon, très bien. Tu peux retourner avec les filles.

Je lui saute au cou.

- Merci!

Il sourit, et je sautille vers les escaliers.

- Attends.

Je me retourne.

- Qu'est-ce qu'il y a?
- J'ai une meilleure idée. Suis-moi.

Je le suis à contrecoeur, car j'aurais préféré me fondre dans la foule de femmes du rez-de-chaussée. Je n'ai qu'une idée en tête: m'échapper. La situation devient délicate, car je dois m'échapper avant que ça dégénère. Je n'ai aucune envie de finir dans son lit.

Il m'emmène à l'étage, où se trouvent quatre chambres de bonnes dimensions. Il me prend par la main et me tire dans la plus grande chambre. Il me soulève et me dépose sur un immense lit King.

- Qu'est-ce...
- Chuut.

Il dépose son doigt sur ma bouche et il se place par-dessus moi. Lorsqu'il commence à m'embrasser, je crains le pire. Malgré tout, je continue à jouer le rôle pour qu'il ne se doute de rien. Je réponds par son baiser par un autre plus langoureux encore. C'est dégoûtant, mais c'est le prix à payer pour être libre.

- Petite, je ne veux pas te forcer la main, mais en as-tu envie?

Je sais exactement ce qu'il veut dire, mais je le regarde comme si je n'avais pas compris.

- Laisse tomber. Je n'ai rien dit.

Je soupire intérieurement de soulagement, et il continue à m'embrasser le front, la bouche, le cou. Je le laisse faire pendant un moment, puis je le plaque violemment sur le lit. Je me place par-dessus lui et je passe ma main sous son chandail. Je caresse son torse musclé, et il semble se détendre. Je finis par m'allonger à côté de lui et je dépose délicatement ma tête sur son épaule. Il caresse me cheveux et je sens sa respiration dans mon cou.

Ça n'est pas si désagréable, il est assez doux, au fond. La mafia a son lot de connards, mais certains peuvent être domptés avec un peu de charme féminin... ça a ses avantages, être une fille!

Épuisée par les derniers événements et par les deux jours où je n'ai pas dormi, je m'endors.