Chapitre 20 - Fatigue

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Kayla
Une odeur pestilentielle me remplit les narines, tandis que je regarde avec horreur le terrible spectacle qui se présente à moi. Des dizaines de femmes de tous les âges sont ligotées et attachées à des lits, dispersés un peu partout dans la maison. Elles semblent être là depuis longtemps, car elles sont maigres et pleines de bleus. Une fille en particulier attire mon attention, car elle me semble très jeune. Je ne lui donnerais pas plus de 10 ans.

- Mehdi... la petite, là, elle a quel âge?
- 8 ans. Tu vas bientôt faire sa connaissance, ton lit sera juste à côté du sien.

J'avale difficilement ma salive.

- Et Marguerite?
- Je la garde pour moi.

Pour... lui?

Marguerite, qui se trouvait à côté de moi, intervient.

- Non, vous ne pouvez pas nous séparer!
- Tu crois que c'est toi qui décides? On verra bien ce soir.

Le visage rebelle de Marguerite tombe alors en une grimace de dégoût. Cette fois, c'est moi qui me révolte.

- Mais... vous allez lui faire quoi? Vous ne pouvez pas lui faire de mal!
- Ce n'est pas pour elle que tu devrais t'inquiéter, mais pour toi-même. Elle sera dans de bien meilleures conditions que toi. De toute façon, c'est moi qui décide de tout. Ici, je suis Dieu. Vous m'appartenez toutes les deux, maintenant.

Je suis horrifiée par ses propos. Il est pire encore que Richard. Lorsqu'il me prend par les bras, je suis terrorisée. Je me débats comme je le peux, mais il finit par m'emmener dans un lit et par m'y attacher avec deux grosses chaines qui me lient les poignets. Pendant ce temps, Marguerite le prie de me lâcher.

- Medhi, je t'en supplie, laisse-la partir! Je ferai tout ce que tu voudras.

Intéressé, Medhi se tourne vers elle.

- T'es prête à faire n'importe quoi pour elle?
- Oui.
- Alors je te donne un couteau et tu tranches la gorge de toutes les autres filles. Après, je détacherai la petite.

Marguerite me regarde, ne sachant que faire.

- Non, maman. Ne fais pas ça. Ça va aller.
- Mais... Kayla...
- Non. Je me débrouillerai.

Marguerite acquiesce avec regret. Medhi pose une main dans son dos et la guide vers l'étage. Je ne sais pas où il l'emmène, mais j'espère qu'il ne lui fera pas trop de mal.

Marguerite
Medhi me fait monter à l'étage et nous arrivons dans une grande chambre.

- C'est la chambre des maîtres. Elle est juste pour nous.

Je le regarde sans écouter ce qu'il dit, la haine m'ayant envahie. Je ne sais pas ce qui va se passer, et je ne veux pas l'apprendre.

Si seulement je pouvais partir avec Kayla... Si seulement on pouvait se refaire une vie!

Je me sens coupable. Si Kayla est dans cette situation, c'est en partie ma faute. J'aurais du tuer Richard bien avant qu'elle n'ait à le faire. Elle n'aurait jamais été obligée de vivre tout cela.

- Couche-toi.

Je fixe Medhi sans lui obéir, avec un air de défi. Il me tire simplement par le bras, mais je tiens bon. Je ne bouge pas d'un poil, malgré l'énergie dont il use pour essayer de me faire bouger.

- Marguerite... tu veux rejoindre les autres? Tu veux subir un traitement horrible comme ces filles sans importance?
- Kayla a de l'importance.
- Elle en avait pour Richard. Pas pour moi. Je me fiche qu'elle soit jolie et adorable.

Je bous de colère. Mon poing s'écrase sur son nez à une vitesse telle qu'il n'a même pas le temps de bouger. Tandis qu'il crie, je descends à toute vitesse jusqu'au lit de Kayla, qui semble surprise. Toutes les autres femmes nous regardent.

- Kayla, je vais te sortir de là.
- Non, c'est trop dangereux...
- J'ai probablement cassé le nez de Medhi, alors je pense que le plus dangereux maintenant serait qu'il nous retrouve. Il se vengera, sois-en sûre.

Je tente de libérer Kayla, mais il faut une clé. Comme je ne sais pas où elle est, je ne peux rien faire.

- Marguerite, il arrive, je l'entends. Cours dehors. Nous nous retrouverons, je te le promets. On se rejoint dans le jet demain matin.

Je la regarde et j'hésite.

- Je ne peux pas te laisser ici...
- Ça ira. Dépêche-toi!

Sachant que Medhi est très en colère contre moi, je m'en vais. Je lui lance un regard désolé avant de courir dehors.

La police est contre nous, la mafia est contre nous, tout ceux qui pourraient nous aider sont contre nous! Je ne peux même pas demander d'aide...

Lorsque j'arrive dans la rue, je me rends compte que je n'ai nulle part où aller. Je suis en Inde, je ne connais personne, je ne parle pas la langue d'ici et je n'ai pas d'argent, ni de moyen de communication. En bref, je n'ai rien et je suis dans un pays que je ne connais pas.

Ça commence bien...

Kayla
Je regrette déjà ma décision. Je n'aurais jamais dû envoyer Marguerite dans des rues qui lui sont inconnues. Je n'ai pas le temps de penser à elle plus longtemps, puisque Medhi arrive, sanglant, dans la grande pièce où les autres filles et moi sommes entassées.

- Où elle est passée?

Toutes les filles baissent la tête, sauf moi. Je regarde impertinemment Medhi, qui semble totalement hors de lui. Il s'approche de moi et attrape ma machoire d'une seule main.

- Où. Est. Marguerite?

Ne pouvant pas parler, je me contente de froncer les sourcils. Il me lâche.

- Si tu crois que je vais te dire où elle est, tu te mets le doigt dans l'œil. Je vais pas trahir ma mère pour un connard dans ton genre.
- Marguerite n'est pas ta mère. Puis tu n'as pas trop le choix, parce que sinon je vais te donner en exemple aux autres filles.
- Plutôt souffrir que te donner ce que tu veux.

Il sourit, et toutes les autres filles se mettent à trembler. Elles semblent savoir ce qui m'attend. Malgré tout, je n'ai pas peur. Je suis contente d'enfin avoir tenu tête à cet imbécile.

- Alors, les filles... on passe au vote. Vous allez choisir le châtiment de votre congénère.

Elles me regardent avec compassion. Medhi leur donne les choix.

- Vous avez le choix entre la famine, la fatigue, l'acide ou le lit.

Alors, le vote se fait.

« La famine »
Une dizaine de mains se lèvent.

« La fatigue »
De nombreuses mains se lèvent.

« L'acide »
Aucune main ne se lève.

« Le lit »
Une seule main se lève.

Medhi me regarde. Il semble déçu.

- C'est la fatigue qui gagne, alors.

Kayla: Prise (Tome I)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant