Lucas avait une famille un peu particulière

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«Non. Je refuse que tu rentres. N'y penses même pas.

-Bouge de là, Lucas. Je suis ici chez moi, et je vais où bon me semble. Tandis que toi, tu es mineur et dépendant. Écarte toi de cette porte !»

Jungwoo ouvrit les yeux, son mal de tête persistant aggravé par les cris en chinois à l'autre bout de la chambre. Il fut désorienté quelques minutes avant de se rappeler où il était. Il était seul. Mais il entendait Lucas, derrière la porte fermée, qui bataillait avec une seconde personne. De sexe féminin, d'après la voix. Il comprenait quelques mots par-ci par-là, mais pas l'intégralité de la dispute. Jungwoo se retourna dans les draps, enfouissant son visage dans la fragrance masculine ambiante. Il se sentait bien, si on oubliait le mal de tête. Et, plus que tout, il se souvenait de tout. Absolument tout. Alors il rougit violemment, s'enfonçant plus dans la couette, cachant ses épaules nues. Il faudrait qu'il remercie Yongguk pour ses merveilleux services. Jungwoo laissa échapper un rire sarcastique. Le plus vieux aurait pu le laisser crever la gueule ouverte, s'il n'y avait pas eu le numéro de Zelo en jeu.

«Allez casse toi ! C'est bon me fais pas chier ! Je t'ai dit que je voulais pas que tu rentres, qu'est-ce que tu comprends pas ? C'est ma vie privée ! ARRÊTE de foutre ton gros pif dans les affaires des autres !»

Encore une fois, la phrase en chinois avait été prononcée trop rapidement pour que Jungwoo comprenne tout. Toutefois, il avait saisi le sens global. Les voix s'arrêtèrent nettes. Il fronça les sourcils. La porte de la chambre s'ouvrit et ce qu'il identifia comme Lucas s'approcha du lit. Le plus jeune s'assit sur le matelas, qui s'affaissa légèrement. Il devait penser que Jungwoo dormait, car ce dernier avait les yeux fermés. Le grand blond sentit simplement une main aux doigts fins s'abattre sur son épaule et le secouer.

«Je suis sûr que t'as mal à la tête, mais tu ferais mieux de te réveiller.»

Le plus vieux grogna en ouvrant les yeux. Il aurait préféré que son cadet joue avec ses cheveux ou lui touche le cou, au lieu de lui crier dessus. Jungwoo releva le haut de son corps et s'adossa à la tête de lit. Lucas, face à lui, souriait sournoisement.

«Tiens, je t'ai ramené un jus de fruits, un truc pour la tête et des cookies. Tu as une tête à aimer les trucs sucrés, je me trompe ?

-J'aime tout, du moment que c'est comestible, mais merci.»

Le grand basketteur lui tendit un verre empli d'un liquide orangé ainsi qu'une pilule blanche avant de lui jeter un paquet de gâteaux dessus. Jungwoo lui jeta un coup d'œil surpris. C'était gentil de sa part d'avoir pensé à lui. Il l'étonnait de jours en jours.

«T'étais déjà réveillé...pas vrai ?

-Je...bredouilla Jungwoo.

-Pas la peine de mentir...je t'en veux pas. On va dire que j'ai une famille...un peu particulière. Ce qui explique les cris que tu as entendu.»

Le plus grand baissa la tête, alors que son aîné avait toujours un cookie fourré dans la bouche. Il ne savait pas comment réagir à la note voilée dans la voix de Lucas. Était-ce de la tristesse ? Alors c'était vrai...la légende concernant les gosses de riches et leur vie «pas si parfaite» se vérifiait-elle ?

«C...comment ça ?

-Je suis un enfant... illégitime, on va dire. Dans les faits, c'est plus compliqué que ça mais bon... Quand ma mère est tombée enceinte, son mari, qui n'est donc pas mon père biologique, a cru que l'enfant était de lui. J'ai grandi en croyant que j'étais bien le fils de cet homme. Et lui a vieilli en me pensant sa progéniture. Ma mère a eu un deuxième enfant, légitime cette fois. Et c'est alors que ce type est arrivé, un bon paquet d'années plus tard. Mon «véritable» père. Il a contraint ma mère à me révéler la vérité. Je l'ai haï. Et je la hais toujours. Et j'ai, à mon tour, dit la vérité à mon père adoptif. Il est entré dans une colère noire, qui s'est distribuée à tous les membres de notre petite famille. Il a demandé à ma mère de prendre ses cliques et ses claques, ses deux fils, et de dégager sur l'heure. Il pensait que Chenle, mon petit frère, n'était pas de lui non plus. Il a foutu la moitié de sa fortune, qui revenait à ma mère en cas de divorce, sur un compte, et nous a dit de partir loin de la Chine. Voilà pourquoi je me retrouve en Corée. Ma mère me déteste, parce qu'à cause de mes «conneries» on se retrouve "exilés" avec deux milliards en poche. Mon frère, c'est la même. Parce que lui était réellement légitime. Et qu'il aurait préféré rester en Chine avec mon père et son fric. Ma mère a demandé a mon vrai père de revenir vivre avec nous, pour «assumer ses bêtises». Et il me le fait payer aussi. En somme, nous sommes une famille sympa et joyeuse. Afin de me punir comme il se doit, ma mère m'a interdit de voir qui que ce soit à la maison. Et puis, je te dis pas la panique que ce serait si elle venait à savoir que la personne dans mon lit, là aujourd'hui, est un garçon. Elle me traiterait de tous les noms, Chenle dirait simplement que je suis une pédale, avec son satané rire de dauphin, et mon père me foutrait une petite baffe pour agrémenter sa journée de parasite. Enfin tu vois le genre...

-Je...tu...n'aurais pas dû me ramener ici, si tu savais que ça allait te créer des problèmes...

-T'en fais pas pour moi, un peu d'adrénaline de temps en temps ne fait de mal à personne. Et puis, s'il te plaît...je ne veux pas de ta pitié. Alors évite ce genre de remarques. Je l'ai fais, et c'est tout. D'ailleurs évite d'en parl...

-C'était pas de la pitié, grogna Jungwoo. J'étais juste inquiet pour toi. Mais balek finalement. Merci pour m'avoir récupéré hier. Et pour le lit. Mais je vais y aller. Ah ouais et, comme tu parles coréen, en fait, je pense qu'on peux arrêter nos cours ici. C'était sympa mais ça sert plus à rien.»

Daddy [LuWoo]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant