Lucas n'avait vraiment pas un environnement des plus sains

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«Encore ? Arrête de pleurer Johnny...t'es pas gros ! Je te le promets. Je suis sûr que Vernon ne voulait pas dire ça...

-Il m'a traité de deinonychus, Ten...»

Johnny, les mains sur son visage, assis comme un suricate sur le sol, se plaignait depuis déjà une bonne quinzaine de minutes.

«Tu ne vas pas en faire tout un plat ! Tu pourrais prendre du poids en plus...ricana le thaïlandais.

-...

-Oh c'est bon, je voulais faire une petite blague. Pour te dérider un peu...tu veux que je te dise quelque chose ?

-Hum...

-Je peux te prouver ici et maintenant que tu n'es pas gros et surtout très à mon goût. D'ailleurs...j'en meurs d'envie.»

Chittaphon avait glissé ses doigts le long de la nuque de l'américain, caressant sa peau avec délectation. Son visage s'était nettement rapproché. Et il avait entrouvert ses lèvres, faisant glisser sa langue sur sa lippe rosée.

«Au cas où vous ne le sauriez PAS, je suis toujours ici.»

Johnny soupira, regardant Jungwoo. Le coréen était assis contre le mur, les jambes étendues par terre et les bras ballants. Une moue tristounette était dessinée sur son visage alors que ses sourcils étaient froncés sous la colère.

«C'est vrai que, vu la tête que tu tires, on a tendance à t'oublier. Et ce, pour notre survie personnelle. Je dis pas ça méchamment, hein, mais tu ressemble à manchot empereur irrité. Et, comme tu parles pas, bah il est possible que ta présence aie été oubliée durant quelques instants. Mais c'est une supposition bien entendu, ronchonna Chittaphon.»

Jungwoo lâcha un grognement de mécontentement avant de croiser les bras et de regarder ailleurs. Johnny attrapa donc l'ordinateur, qui avait dérivé quelques mètres plus loin, pour lancer à la cantonade :

«Ça vous dit de regarder le live action des Princes du Tennis ? S'il vous plaît....dites ouuui ! S'il vous...

-C'est ok pour moi.

-Merci Chit....TenTen ! Tu vas voir, je ship tellement Ryoma avec Inui !! Ryoma a l'air d'avoir douze ans, mais c'est pas si grave.

-Moi je me casse. Comme ça vous aurez le champ libre pour baiser.»

Jungwoo gronda sourdement en se levant. Ten lui jeta un regard irrité. Mais le grand gamin était déjà sorti de la chambre. Le coréen sortit de la maison de son meilleur ami  attrapant son sac à dos au passage. Il n'allait pas bien. Non, pas bien du tout. La preuve, depuis deux jours, il n'avait pas trébuché une seule fois. Pas une seule. Les traces sur ses coudes avaient presque disparues, et son mal de genou avec.

C'est une fois dehors, seul avec lui-même dans cette rue couverte par un ciel pluvieux, qu'il s'autorisa à pleurer. Juste un peu. Ce n'était pas tant par manque que par incompréhension. Pourquoi c'était tombé sur Lucas ? Pourquoi avait-il fallu qu'il tombe amoureux d'un homme comme ça ? Il ne savait rien du plus jeune. Juste qu'il aimait le noir et le bleu marine, que sa famille puait la trahison, qu'il ne pouvait pas se passer de sexe...et puis..franchement... on s'en foutait de ça.  Jungwoo ouvrit son sac, s'acroupissant au milieu du trottoir vide. Ses larmes glissèrent le long de ses joues. Et tombèrent sur le fameux sweatshirt.  L'odeur était si forte sur ce simple bout de tissu. Si forte qu'elle le fit pleurer pour de bon. Il voulait plus de ses étreintes. Il regrettait pratiquement leurs deux cours. Non, il les regrettait. Prit d'une sorte de démence passagère, il s'écroula contre un mur, le vêtement dans les bras. Personne ne vint le trouver. Personne ne s'inquiétait. Et c'est après qu'il se fut vidé de son désespoir, juste un peu, qu'il se releva. Il fallait qu'il le récupère. Il avait cru, au début, que Lucas l'avait comme effacé de son esprit, qu'il était simplement passé à autre chose. Mais les mots de Zelo l'avaient poussé à croire que cette blondasse n'était que l'outil de vengeance de Lucas. Alors, pour une fois, il allait faire preuve de courage. Et retrouver son lulu.
Jungwoo se leva, essuya l'humidité sur son visage, ferma son sac. Et se mit à courir. À courir comme il ne l'avait jamais fait. Plus rapidement que ce qu'il l'aurait fait pour n'importe qui. Après tout, on était samedi. Alors Lucas était chez lui. Ses pas le menèrent jusqu'aux quartiers plus aisés. Puis jusqu'à cette demeure trop grande et trop blanche. Il n'y avait pas de sonnette, et puis le portail était ouvert. Alors le jeune homme gravit la pente en gravier blanc. Son estomac se tordait. Mais il refusait de s'écouter et de faire demi tour. Il pinça les lèvres. Et appuya fermement contre le petit bouton doré sur le mur.  Sa respiration s'accélèra alors qu'il entendait des pas derrière la cloison. La porte s'ouvrit brusquement sur une femme à l'allure sévère, parfaitement coiffée d'un haut chignon. La quinquagénaire était cintrée dans un tailleur noir haute couture.

«Qui êtes vous ? Demanda-t-elle sur un ton sec.

-Euh...je suis un...camarade de classe de Lu...Yukhei.

-Et qu'est-ce que vous voulez ? Jappa-t-elle.

-Je viens...lui apporter des cours.

-Oh. Entrez. Il prend son bain. Mais il ne va pas tarder.»

La mère de Lucas le fit entrer dans le salon, qui avait été lavé de toute trace de peinture. Un homme était assis sur un fauteuil, lisant un journal en thaïlandais.

«Chér...va faire un peu de thé pour ce garçon. Je vous en prie, asseyez vous. Excusez ma surprise, mais Lucas n'a pas le droit d'amener des amis à la maison...je pensais qu'il avait désobéi.»

L'homme revint et déposa une tasse de thé devant Jungwoo avant de se rasseoir. Le coréen sourit.

«Merci. J'imagine que vous êtes le père de Yukhei.»

Un grand froid tomba sur la salle.

«Mais non voyons, toussota la quinquagénaire, il s'agit de son oncle.»

Jungwoo crû qu'il allait vomir. C'était tellement pire que ce qu'il pensait. Mais il ne se démontait pas. Il fallait qu'il aide Lucas, s'il voulait le récupérer.

«Ah oui ? Fit-il en souriant. C'est son oncle donc. Pourtant vous venez de l'appeler «Chéri», si je ne me trompe...pas. En outre, il me semblait que Lucas avait dit que l'homme qui vivait ici était bien son père...il est vrai qu'il m'avait avoué être un enfant illégitime...mais issu d'un inceste...brr...ça il l'avait caché.

-Excusez moi jeune homme...mais quel est votre nom ? Demanda la femme, crispée.

-Jungwoo. Kim Jungwoo.

-Je le savais ! Tempêta-t-elle en se levant brusquement. C'est votre voix que j'ai entendu, la dernière fois, provenant de la chambre de mon fils. Vous êtes une...une saloperie de pédéraste qui a perverti mon fils. Et qui met son nez dans les affaires des autres.

-Et vous, d'après ce que j'ai compris, vous êtes une mégère, qui reproche à son enfant sa propre erreur...coucher avec son propre frère...et tomber enceinte de lui... L'homosexualité vous dégoûte ? Regardez votre famille. Un père lâche et une foldingue, bravo. Vous donnez un bel exemple à vos enfants.

-Ne parlez pas de mes fils... Et toi, tu ne dis rien ?! Hurla-t-elle en direction de son frère.

-Il sait bien que ça ne sert à rien, gronda Jungwoo. Votre fils ne restera pas éternellement sous votre joug...et il se pourrait bien que...oh...un jour la police vienne à savoir ce qui se cache sous votre toit. Je vous détruirait, vous et son «oncle», si cela me permet de sauver Lucas.

-Sortez, grogna-t-elle d'une voix blanche. Sortez de cette maison et ne revenez jamais ! Et n'adressez plus la parole à Yukhei.»

Jungwoo s'inclina en souriant. Il reprit son sac. Et sortit en refermant soigneusement la porte. Il pleuvait dehors. Aussi, le jeune homme fut rapidement trempé. Il ne pouvait plus accéder à Lucas. L'avait-il seulement aidé ? Il l'espérait. Avait-il détruit ses chances de le revoir, en voulant l'aider ? Il le redoutait. Les cheveux plaqué contre son visage, Jungwoo regarda vers le ciel orageux. Avant d'entendre un petit :

«Hé. Psss ! Hé mec !»

Daddy [LuWoo]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant