Daddy [LuWoo]

Où allons nous ? Clap clap clap...Marave Taeyong !

Ils étaient devant le portail du lycée. Main dans la main. Enfin presque. La batte de baseball que Lucas avait achetée une demie heure plus tôt était vainement poussée dans le sac de Jungwoo parce que, après tout, ils s'étaient dit que les surveillants ne les laisseraient probablement pas passer avec une batte chromée à l'effigie de CL. Le plus important étant bien évidemment le visage de la rappeuse imprimée sur la surface lustrée.

«T'es sûr que c'est une bonne idée ?  geignit Jungwoo.

-Taeyong doit payer, babyboy. Et comme ce n'est pas la police qui l'empêchera de recommencer, je vais m'en charger.

-Je suis pas sûr de vouloir le regarder. J'ai essayé d'éviter son regard ces derniers temps.

-Il faut que tu viennes, Jungwoo. Je veux qu'il sache que personne n'aura jamais le droit de te faire du mal. Je veux qu'il te regarde droit dans les yeux avant que je lui pète le nez.»

Jungwoo déglutit bruyamment. Que Lucas s'occupe de Taeyong, ça d'accord... Mais que lui soit impliqué, ça c'était une autre histoire. Il était pratiquement sûr que, par un quelconque tout de passe-passe, le petit roux pourrait se retrouver derrière lui à le déshabiller en moins de temps qu'il ne faut pour dire «pornographie infantile». Et il faudrait malheureusement appeler la police qui viendrait moins vite que des septuagénaires sous viagra. Jungwoo eut un petit haut-le-coeur à cette idée. Il n'aimait pas ça. Pas du tout. Lucas commença à tirer Jungwoo par la main, ne le laissant pas tergiverser plus que ça. Le grand thaï ouvrit, tenta tout du moins, le portail d'un solide coup de pied qui n'eut malheureusement pas l'effet escompté. Un surveillant, alerté par le boucan, déverrouilla l'armature de métal avec un grognement.

«Tu pouvais aussi bien sonner, Yukhei.

-Désolé Siwon ! Je ferai attention la prochaine fois.

-C'est ça...c'est ça....et camouflez-moi mieux cette batte. Quelqu'un de responsable pourrait la voir.»

Lucas haussa les épaules et recommença à tirer son baby qui n'eut pas le temps de protester plus que ça. Le gymnase était à une distance respectable de 500 mètres. Les premiers mètres semblèrent longs. Les 486 suivants, beaucoup moins. Et Jungwoo finit par percuter. Il ne voulait pas. Pas parce qu'il avait peur de Taeyong. Mais parce qu'il ne voulait pas voir Lucas, son Lucas, le défendre à sa place. Alors il commença à se secouer, juste pour échapper à son étreinte et aller étriper le roux en premier. Quand il vit que ça n'était pas des masses utiles, il bougea plus fort. Peine perdue. Il fallait qu'il  pose sa dernière carte.

«ARGHBLBHGINKLOPMHLUUUUCAAAAAAS»

Jungwoo se secoua encore, dans le vain espoir que ça change quelque chose. La main du thaï était crispée autour de la sienne. Ten et Johnny, paisiblement assis sur un banc les regardèrent passer, sans réagir. Jungwoo les aperçut et les supplia du regard, sans obtenir de réaction. Oui. Ils lui en voulaient probablement de ne pas les avoir rappelés.

«Ils sont si mignons, soupira l'américain au loin. Ça me rappelle ma jeunesse, quand ma mère m'obligeait à aller me laver...

-Tiens...c'est marrant, j'ai l'impression que Jungwoo nous regarde ! Je dois me faire des idées, s'esclaffa le Thaïlandais. Tu me passes les cornichons, chat ?

-LUCASKRKRJJJKH...STOOOP, gueula encore Jungwoo.»

Mais Lucas ne s'arrêta pas et continua de marcher à grands pas vers l'arrière du gymnase. Puis il se rappela qu'il était grand. Et intelligent. Potentiellement.

«LUCAS ! REGARDE ! IL Y A JASON DERULO LÀ-BAS !

-Ah ?»

Le grand blond desserra un peu sa poigne, permettant au plus vieux de tirer un grand coup sec sur son bras, s'échappant enfin. Il se mit à courir tel une autruche sous corticoïdes, faisant de grands pas maladroits comme il le pouvait. Lucas mit quelques secondes à comprendre que Jason Derulo n'avait jamais franchi les portes de l'établissement, et que son babyboy était en train de se faire la malle. Mais la malle vers le bon endroit. Ne voulant pas le laisser seul face à son ancien ami, il se mit à courir à son tour, bien plus stable sur ses jambes musclées de basketteur. Mais Jungwoo avait un peu plus d'avance. Ten et Johnny décidèrent alors de se lever, parce que tout ce qui se passait avait l'air drôle. Le bocal d'un kilos de cornichons, mal refermé, gicla sur l'Américain lorsqu'il commença à courir, l'aspergeant d'une douce odeur de vinaigre. Siwon, resté près du portail, se posa quelques questions en voyant les quatres olibrius se courir les uns après les autres vers le gymnases. Étaient-ils pressés d'avoir cours d'acrosport ?
Pourtant, faire des pyramides avec leurs pitits bras ne devait pas être une perspective particulièrement réjouissante. Il haussa les épaules et se reconcentra sur son épisode de Brooklyn Nine Nine.

Jungwoo sentit les muscles de ses jambes prendre de l'assurance en contournant le gymnase. Il était prêt. Là-bas, tout là-bas, à moins de dix mètres, il y avait Taeyong qui parlait à Chanyeol et Mingyu. Et Jungwoo le percuta de plein fouet. Oui. Juste comme un gros chien maladroit. Non. Vraiment. Il ne lui avait pas mis de coup de poing légendaire. Il lui était juste rentré dedans avec une force supérieure à celle d'un petit éléphanteau. Et Taeyong bascula plus ou moins comme une planche d'un mètre soixante-quinze et tomba sur le sol, un air effaré sur le visage. Jungwoo réussit à rester debout,  grâce à l'opération du saint esprit probablement. Et Lucas fut le second à arriver, talonné par un Chittaphon qui courait plus vite que ses petites jambes ne l'aurait laissé supposer.
Contrairement au premier, Lucas ne fit pas dans la dentelle. Sous le regard interloqué de Mingyu, son pied se logea directement dans les parties génitales du petit roux, qui se plia en deux de douleur. Un second coup lui fendit la lèvre inférieure et induit un «crac» de mauvaise augure quant à l'état de son nez. Le garçon sur le sol ramena ses mains sur le bas de son visage en sang avec un grognement.
Lucas se baissa à sa hauteur et agrippa ses cheveux rouges sang.

«Lee Taeyong. La prochaine fois que tu t'approches de Jungwoo, que ce soit pour lui donner une grille de mots croisés, lui passer le sel, ou tenter de le violer, sache que je serai là, avec un sécateur, impatient de te couper les couilles et la brindille qui te sert de queue.»

Et il lui cracha un bon gros molard sorti des tréfonds des enfers à la gueule. Oui. Juste au niveau de sa bouche en sang. Le basketteur se releva avec un regard méprisant.

«Jungwoo est à moi. Et si jamais t'as un problème de bite à nouveau, appelle ce numéro.»

Et Lucas jeta un papier sur son aîné avant de se retourner pour embrasser Jungwoo délicatement. Jungwoo qui avait bien reconnu le papier et se demandait si Lucas tentait d'envoyer le roux en prison.