Daddy [LuWoo]

La maman de Lucas était une sacrée grognasse

Jungwoo donna un coup de pied violent dans les cuisses de Lucas pour le faire décarrer en vitesse d'au dessus de lui. Lucas poussa un piaulement de douleur et de surprise. Il jeta un regard paniqué à son aîné.

«Qui c'est ? Cracha Jungwoo.

-Mais j'en sais rien !

-Lucas ! Tu habites ici ! Bien sûr que tu sais qui c'est !

-Ma mère. C'est forcément ma mère. J'entends le bruits de ses talons. Tu sais, le clac-clac sur les marches ! Ça m'a toujours fait vachement peur.

- Bah alors qu'est-ce qu'on fait toujours là ?! J'ai pas envie de me faire brûler vivant ! Il faut qu'on dégage vite fait !

-Pas faux ! On n'a qu'à s'enfuir par la porte de derrière. Laisse moi juste le temps de prendre un tee-sh...»

Jungwoo donna un grand coup sur le bras de Lucas qui fut obligé de se mettre à marcher sans avoir put finir sa phrase. Et pour cause, les pas se rapprochaient. Et c'est ainsi que deux imbéciles, dont l'un à moitié habillé, se retrouvèrent à courir partout dans une villa, leur sacs de cours sur le dos, fuyant la salope de mère du nudiste. Après être sortis de la villa, ils poursuivirent leur course effrénée contre la mort elle-même, mais cette fois-ci dans la rue. Les quelques passants, pour la plupart des personnes âgées qui promenaient leur yorkshire habillés avec des fourrures hors de prix, les regardèrent passer en levant un sourcil, circonspects. Plus tard, ils décidèrent de déménager. Il fallait abandonner un quartier, quand celui-ci se retrouvait habité par de grands malades. Et même par deux grands malades. Le coréen et son cochon favori remontèrent une artère principale de la ville sous les regards des gens normaux. Certains perplexes. D'autres intéressés par les muscles joliment dessinés du Thaïlandais. À chacun, Jungwoo répondait par un coup d'œil perçant où flottait la promesse d'une mort rapide mais douloureuse par étouffement avec dissolution dans l'acide pour une jolie finition.

«Excusez-moi messieurs !»

Jungwoo et Lucas se retournèrent comme un seul homme vers celui qui avait parlé. Soit un policier, un air réprobateur sur les lèvres.

«Messieurs. Il est interdit de se promener à moitié dénudé dans les espaces publics. Je vais me voir dans l'obligation de vous poser une contravention.

-Monsieur le policier...murmura Lucas en se parant d'un sourire enjôleur. J'ignorais qu'une telle loi existait...je ne pensais pas commettre de délit...

-Nul n'est censé ignorer la loi, monsieur. Je vais devoir vous demander votre nom.»

Lucas regarda l'homme en uniforme sans se départir de son rictus. Le policier était jeune. Donc inexpérimenté. Il paraissait un peu mal à l'aise, devant les deux grands adolescents. Yukhei en profita. Il se lécha doucement les lèvres sous les yeux ébahis de Jungwoo avant de se pencher vers le petit flic, s'appuyant contre le mur.

«Tu veux connaître mon nom ? Susurra-t-il.

-Monsieur, je vous prierai de bien vouloir utiliser le langage formel quand vous vous adressez à un policier, gronda son interlocuteur.

-Je vais te dire mon nom, pas de problèmes...Je m'appelle Wong. Wong Yukhei. Et ça c'est mon petit frère, Wong Chenle.»

Les yeux du policier s'agrandirent sous la surprise. Il bredouilla quelque chose. Jungwoo faillit s'étouffer avec sa salive.

«Moon Taeil, monsieur. Je suis désolé de vous avoir importuné, croyez le bien. Pardonnez ma maladresse.

-Ne t'en fais pas, Taeil. Je ne dirai rien à tes supérieurs. À une condition.

-L...laquelle monsieur ?

-Donne moi ton numéro, je connais quelqu'un que ton joli minois intéresserait.»

Et, sous le regard complètement scandalisé et surpris de Jungwoo, le policier s'inclina et tendis un papier sur lequel il griffonna une série de chiffres. Lucas l'attrapa, lui fit un petit sourire et, saisissant Jungwoo par la taille, se détourna.

«L'avantage de l'argent, babyboy. Tous les flics de la ville connaissent mon nom. Et du coup personne ne m'emmerde.

-Yukhei. Est-ce que j'ai vraiment une gueule à être ton frère ?

-Bah on s'en fiche ça. Ce policier s'en foutait. Et puis, toi et moi, on sait bien que tu es pas ce petit chien de Chenle. Et c'est mieux comme ça, si tu vois de quoi je veux parler.»

Le thaïlandais leva un sourcil de façon suggestive, ce qui provoqua un grognement de la part du  coréen aux cheveux gris. Visiblement, tout était bien rentré dans l'ordre. Le pervers était redevenu un pervers et Jungwoo était redevenu...

«Bon, allons chez moi, c'est pas que j'aime pas traîner dans la rue comme ça, mais je veux finir mon épisode de Boku no pico.»

Au temps pour moi. Jungwoo était un dérangé sévère. Et il le resterait probablement à vie, malheureusement pour ses pairs, ses proches, ses amis, et tous ceux qui auraient à supporter ses conneries jusqu'à la fin de leurs jours.

«Allons y, j'ai toujours voulu regarder.»

Au moins s'était-il trouvé un second malade. Au loin, sur le toit d'un immeuble lambda, on aurait également pu apercevoir deux autres fous à lier qui jouaient au badminton avec une boule de noël lumineuse qui poussait des miaulements à chaque rebond, en guise de volant. Peut-être finalement que l'état mental inquiétant de Jungwoo ne venait que de ses fréquentations. Ce qui était déjà bien assez, si l'on examinait assez lesdites fréquentations.

«Jungwoo, gémit Lucas. J'ai froid...

-On est bientôt arrivé, grand fragile. Tu n'avais qu'à pas prendre de bain. Regarde, moi, je ne me lave jamais et je ne me retrouve pas à courir nu dans la rue. Et je n'attrape jamais de rhume pour ça !»

Ils débouchèrent dans la rue de Jeju avec entrain et vinrent se réfugier dans la maison du plus vieux. Sa mère les regarda passer avec une cuillère en bois dans la main. Cuillère qu'elle abattit sur la tête de son fils et sur celle de Lucas.

«La première c'est parce que tu ne m'as pas prévenu que tu sortais aujourd'hui. La deuxième c'est parce que tu as rendu mon fils tristounet, Lucas. Je t'en veux beaucoup.

-Je suis désolé madame.»

Après s'être pris une dizaine de coups de cuillère en plus, Jungwoo décida qu'il était temps de sauver son daddy. Il prit le plus jeune par la main et l'emmena dans sa chambre. Lucas se léchait les lèvres.