11. Quel emmerdeur...

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—     Tu plaisantes là ?! dis-je les lèvres pincées par la colère. Il n'en est pas question !

—     C'est à prendre ou à laisser.

—     Tu cherches juste à me ridiculiser. C'est puéril.

—     Ma proposition prend fin dans trois minutes.

Il met sa veste et ouvre la porte.

—     Tu as de la chance que je ne porte pas plainte pour effraction. J'ai de nombreux témoins. 

—     Tu me menaces ?

—     Dépêche-toi, si je peux éviter d'être en retard, ça m'arrangerait.

Je n'ai pas vraiment le choix. Si je veux cette copie, je dois me plier à ses exigences. En descendant les escaliers, je ne n'assume plus du tout ce rôle de bimbo et me sens mal. Je me penche au-dessus de la rampe pour écouter si les autres sont encore là. X en profite pour m'énerver, j'ai droit à une petite tape sur les fesses au moment où il passe devant moi. Avant que je n'aie le temps de réagir, il est déjà arrivé en bas. Ce mec est vraiment rapide.

—     Un vrai gentleman à ce que je vois ! dis-je suffisamment fort pour qu'il m'entende.

—     Ne t'emballe pas trop, lance-t-il sans même se retourner, c'était sympa mais bon...pas de quoi t'offrir des fleurs.

Tous ses potes se mettent à rire. Je n'en reviens pas, il me fait passer pour une fille qui vient de coucher avec lui. Ce mec est puant de prétention. Il jubile de voir ma réaction outrée au moment où il tourne la tête. Mais lorsqu'il ose ajouter :

—     Je sais que tu es fatiguée, mais dépêche-toi un peu.

Je m'arrête net au pied de l'escalier. Je fulmine intérieurement. J'aimerais l'insulter, le pourrir devant tous ces abrutis, mais les mots restent bloqués dans ma gorge. Mon éducation stoppe toute velléité dans ce sens. Il n'est pas question pour autant que je le laisse faire.

—     Quoi, chaton ?  Tu parles des trois minutes d'action de tout à l'heure ? On a tous nos mauvais jours, dis-je en lui tapotant l'épaule. Je comprends.

Les rires redoublent d'intensité, mais cette fois-ci, c'est à mon tour d'en profiter. Je leur souris l'air faussement compatissant. X se penche vers moi, amusé et me glisse à l'oreille.

—     Tu n'imagines pas ce que peut faire un chaton quand il se transforme en tigre. Méfie-toi, tu n'y résisterais pas.

Son souffle dans mon cou me fait frissonner. Il regarde mon entrejambe et ajoute toujours à voix basse.

—     C'est touchant de voir les efforts que tu fais pour cacher que je te plais, mais je te sens. Je sens ton excitation.

Il vient vraiment de dire que je sens le sexe ?! J'en reste sans voix. X prend ma main et m'entraîne vers la sortie. Ce geste semble étrangement intime. Je n'émets aucune résistance. Mais lorsque je serre sa main en retour, X la lâche aussitôt. C'est quoi son problème ? Je n'arrive pas à comprendre ses réactions. Il me tend un casque et le suis sans réagir. Devant sa moto, c'est une toute autre histoire.

—     Tu crois vraiment que je vais monter en moto avec toi ?! T'es sérieux ? Il n'en est pas question !

Je suis sûre qu'il roule comme un dingue et qu'il se fera un malin plaisir à me faire peur. 

—     Je suis à la bourre. On ira plus vite en moto. N'aies pas peur, tu ne crains rien avec moi. Je conduis depuis que j'ai 14 ans. 

—     Je n'ai pas peur, dis-je vexée.

Il est mal tombé. J'adore les sensations fortes. Rien de tel pour évacuer le stress. Mais je n'ai aucune confiance en lui.

—     Alors c'est quoi le problème ? grogne-t-il exaspéré.

Il perd encore patience. Il n'a qu'à y aller ! Je ne le retiens pas.

—     Ta moto n'est pas faite pour prendre un passager. Elle est trop petite.

—     On sera un peu serré mais ça ira très bien. Monte !

Il enfourche sa moto et met son casque. X attend. Il est pressé. J'en profite. J'ai enfin l'impression de maîtriser un peu la situation.

—     Tu m'apportes ta copie demain matin.

X fait vrombir le moteur. Je prends ça pour une confirmation et m'installe derrière lui. J'enfile mon casque et entends sa voix emplir l'habitacle. Elle m'arrive par des hauts parleurs.

—     Accroche-toi bien.

Je me doute qu'il va démarrer en trombe, ça n'empêche, je n'ai aucune envie de me blottir contre lui. J'essaye de trouver la bonne position mais on manque de place...X attrape mes bras et les serre autour de sa taille.

—     Prête ?

Je ne suis encore jamais montée sur une moto. Je suis impatiente.

—     Prête.

Le moteur gronde. X me surprend en démarrant en douceur. Je ne m'attendais pas à ce qu'il soit du genre prévenant. Sa conduite est douce et fluide. C'est agréable. Il fait corps avec sa moto.

—     Tu peux accélérer. Je n'ai pas peur.

J'ai envie de plus de sensations.

—     Ok, mais ne relâche pas ton étreinte.

Drôle de mot pour décrire notre position imbriquée.Il a un peu raison, je l'étreins, je le serre contre mon cœur. Placé entre mes cuisses, si près de moi, je suis déroutée. Seul le casque crée de la distance entre nos corps. Avec la vitesse, X se faufile entre les voitures et incline davantage la moto dans les virages. Ça vibre entre mes cuisses. Je le serre autant que je peux pour ne pas gêner sa conduite. Je n'ai vraiment pas envie qu'il ralentisse à cause de moi. La route, les palmiers et les bâtiments défilent à toute vitesse devant mes yeux. Je me laisse complètement aller aux sensations enivrantes que me procure ce moment. Je ne pense plus à rien. Je me sens simplement libre.

Entre tes Griffes 1 (Publié Aux Éditions HLab)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant