Entre tes Griffes 1 (Publié Aux Éditions HLab)

24. Mais qui sont-ils ?

          

Je me demande bien pourquoi toute la bande d'X est venue à l'hôpital. Ils ne connaissent même pas Kim. Leur comportement est étrange depuis qu'ils sont arrivés. Ils nous ont à peine adressés la parole et restent entre eux à l'écart. Leurs discussions semblent animées et tendues. Peut-être savent-ils quelque chose ? De là où je suis, je ne peux pas entendre ce qu'ils se disent. X avait vu juste. Kim n'a rien de grave. Le médecin nous a rassurées mais on attend toujours l'autorisation d'aller la voir, June n'ayant pas eu le droit de monter avec elle dans l'ambulance. Même si aucun organe n'a été touché, que ses blessures restent superficielles, Kim a une bonne vingtaine de lacérations sur le corps. Il n'y a qu'un sadique pour infliger un tel supplice. Ju est en état de choc, presque catatonique. Figée, les yeux hagards, les lèvres pincées, elle semble frigorifiée. Je frictionne ses mains pour faire circuler le sang.

—     Je vais te chercher un thé, dis-je. Ça te fera du bien.

En me dirigeant vers la machine située au bout du couloir, j'aperçois X tourner furtivement la tête et me suivre des yeux. Je lui montre du doigt la machine. Il se détourne à nouveau de moi et reprend sa conversation. Je sélectionne machinalement un thé vert sans sucre et prends un café pour moi. J'ai besoin d'un remontant. Les yeux dans le vague, on boit notre breuvage en silence. Je sens que ça réveille un peu June. Ses lèvres reprennent des couleurs. Zane part accompagné de Sloan. Il ne reste qu'X et Terrence.

—     Je vais voir si on peut en savoir plus, dis-je à June en me levant.

Le bureau des infirmières est vide. Cet hôpital semble désert. J'appuie sur la sonnette et attends. Une infirmière sort d'une pièce contiguë.

—     Qui a-t-il ? demande-t-elle.

—     C'est au sujet de notre amie qui vient d'être amenée.

—     Oui, elle est sous sédatif. Revenez demain pendant les heures de visites.

—     Elle souffre ?

—     Non. Il faut juste qu'elle se repose. Le sédatif qu'on lui a administré l'a détendue. Elle dort. Ne vous inquiétez pas, elle sortira très vite.

—     Puis-je laisser un numéro au cas où vous auriez des nouvelles pendant la nuit ?

—     Appelez demain matin si ça vous rassure, vous en saurez plus après la visite du médecin. Pour l'instant, je ne peux rien vous dire de plus.

Je retourne voir June pour lui expliquer ce qu'il se passe, les garçons sont avec elle.

—     On a contacté Marcus, m'interrompt X. Le médecin a demandé à la police de ne passer que demain pour l'interroger. Elle dort. On n'apprendra rien de plus ce soir. On rentre.

—     Ok, dis-je.

Je prends June par les épaules pour l'aider à avancer.

—     Il se passe des évènements inquiétants dans votre résidence. Par précaution, vous dormez chez nous cette nuit, ajoute-t-il. Le temps qu'on y voie plus clair.

Je ne veux pas aller dormir dans leur fraternité.

—     Ça ira, notre appartement a une porte blindée. Merci.

X me prend par le bras et m'éloigne de June. Terrence prend ma place à ses côtés.

—     A ton avis pour quelle raison Kim a été attaquée, lance-t-il brusquement.

Je sens qu'il se contient de ne pas me crier dessus.

—     C'est plutôt contradictoire de contrôler ses coups alors qu'on taillade sauvagement une fille. Tu ne trouves pas ?

Je suis choquée par sa dureté. Je ne cherche pas à faire un caprice comme il semble le penser.

—     Qu'est-ce que tu racontes ? Je n'y connais rien en psychopathe. J'ai juste envie de rentrer chez moi avec June.

On se défie du regard, aucun de nous n'a envie de céder.

—     Tu crois que je ne me sens pas responsable de ce qui est arrivé, dis-je hésitante. Je sais très bien que j'ai ma part de responsabilité dans ce qui lui est arrivé ce soir.

—     Mais qu'est-ce que tu racontes, je suis en train de te dire qu'elle a été épargnée car Kim n'était pas la fille qu'il voulait.

—     Mais de quoi tu parles ?

—     Sa cible, c'était toi.

—     Moi ?

Il pense qu'elle a subi des coups qui m'étaient destinés. J'ai un haut le cœur.

—     Je ne comprends pas. Je ne vois pas pourquoi quelqu'un voudrait me faire du mal. En plus j'ai un garde du corps. Je ne suis pas la fille la plus facile à atteindre.

—     Justement il voulait profiter de son absence.

—     Comment sais-tu que j'ai un garde du corps ?

—     On ne peut pas dire qu'il soit discret mais c'est pas le problème. Je viens d'apprendre que tu joues au chat et à la souris avec lui.

—     Pas le problème ? dis-je abasourdie.

—     Ecoute, Saskia, on surveille votre résidence depuis l'incident. Il faut que tu comprennes qu'avec ta perruque et tes vêtements, Kim a trompé ce type qui s'est fait avoir comme un bleu. Quand il a réalisé la duperie plutôt que de rebrousser chemin, il s'est amusé avec elle. Ce qui lui est arrivé n'est qu'un avertissement de ce qu'il pourrait t'arriver.

—     Un avertissement ?

Je ne comprends rien à ce qu'il raconte.

—     C'est sa façon de nous dire que la prochaine fois il ne te ratera pas.

—     June est en danger en vivant avec moi ?

—     Tu comprends ce que je te dis ?! C'est toi qui est en danger. June ne risque rien tant que vous serez sous notre protection.

—     Mais pourquoi ? Pourquoi tu ferais ça pour nous ?

—     On y va, nous interpelle Terrence.

Je regarde June épuisée et retourne à ses côtés.

—     Oui, on y va, dis-je.