« Mon rôle est de rendre le monde de demain plus sûr. »

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       La nuit fut longue pour Steve et Mavy qui finirent par se rendre chez la jeune femme pour plus de tranquillité. Mavy n'arrêtait pas de poser des questions sur la guerre, Hydra, l'agent Carter, son extraordinaire métamorphose physique et bizarrement, elle n'avait pas tenté une seule fois de lui poser des questions sur James. Elle ne se sentait pas l'envie ni la force de connaître les circonstances de sa mort et par-dessus tout, de devoir imaginer ce qu'il avait dû endurer. Ce soir, ce ne serait qu'elle et son meilleur ami. Steve n'eut l'occasion que de lui poser quelques brèves questions sur sa vie actuelle. Beaucoup de choses l'intriguaient, comment avait-elle rencontré Howard, qu'est-ce que le pouvoir qu'elle détient avait pu faire de si horrible pour qu'elle soit endormie pendant si longtemps, comment son corps pouvait-il rester si jeune sans avoir été cryogénisé et elle qui était devenue l'une des amies proches de Stark comment avait-elle supporté sa mort ?

-Je parle sûrement beaucoup trop. Rit-elle nerveusement.
-C'est pas comme si on avait rien à se dire. Sourit-il. Mais j'ai également plein de questions.
-Oui ?
-Comment tu as rencontré Howard ?
-Je te l'ai déjà dit, en partant faire des fouilles pour te chercher.
-Non mais... comment ça s'est produit.
-Quand vous êtes morts, c'est Howard lui-même qui a tenu à m'envoyer une lettre pour me l'annoncer. Il me disait dedans, que si j'avais besoin de quoi que ce soit, je savais où le trouver. J'ai appris quelques jours après qu'il entamait des recherches alors j'ai pas hésité. On est devenus extrêmement proches, il n'y avait pas une journée que je passais sans lui. Hormis les examens et les fouilles, il m'emmenait souvent danser, au restaurant, voir des films ou juste des fois marcher. Ce que je préférais c'était être avec lui dans son laboratoire et le regarder travailler. J'étais fascinée par ce qu'il faisait et de temps à autres, il m'apprenait quelques trucs. Il n'y avait rien d'ambigu entre nous, c'était une amitié sincère qui a durée un peu plus de deux ans jusqu'à ce que je me réveille dans cette époque. Tony m'a appris qu'il était son fils et qu'Howard était mort dans un accident de voiture le 16 décembre 1991. Je me suis effondrée puis quelques jours après, je suis allée le voir sur sa tombe. Puis je me suis dit qu'il avait eu un peu plus de chance que nous, il s'est marié, a eu un fils, a construit un empire important et a vécu beaucoup plus longtemps que nous. Ce qu'il lui ait arrivé est tragique mais il n'avait pas subit les assauts de la guerre, je n'aurais pas supporter de savoir qu'elle l'aurait emporté lui aussi.
-Je t'admire beaucoup tu sais.
-C'est moi qui tu admires ? Rit-elle. C'est toi le héros de guerre je te rappelle !
-Bucky et toi vous avez su toujours garder la tête haute. À la mort de tes parents tu as su tout gérer toute seule et...
-Bucky m'a aidé si tu veux tout savoir.
-Vraiment ?
-Il s'est occupé de tous les papiers à ma place. On ne voulait pas t'impliquer là-dedans parce que tu avais perdu tes parents quelques mois avant. C'est lui le plus fort de nous trois.
-C'est vrai qu'il a toujours eu le rôle le plus important. Admit-il.
-Les papiers. Dit-elle.
-L'armée.
-Les factures.
-Nos problèmes.
-Tes bagarres ! Le charria-t-elle.
-Quoi mes bagarres !? S'insurgea-t-il.
-Il fallait toujours qu'il te sorte d'une ruelle !
-C'est parce que je le voulais bien. Sourit-il sournoisement.
-Oh arrête !
-Et toi alors ! Combien de fois il a dû te courir après parce que tu perdais toujours tout ? Toutes les semaines il devait te racheter un sac !
-Ah oui mais il ne se battait pas pour moi au moins.
-Il se battait pour toi bien plus de fois que tu ne l'imagines.
-Comment ça ? Demanda-t-elle interloquée.
-Les sorties qu'on faisait lui et moi se terminaient dans les bars et dans Brooklyn tout le monde se connaît. Alors étant l'une des filles les plus mignonnes, tu ne passais pas inaperçue .
-Qu'est-ce que tu racontes ? Pouffa-t-elle.
-On nous faisait souvent des remarques assez déplacées par rapport à toi et Bucky partait au quart de tour ! Il en a déclenché des bagarres dans les ruelles sombre de Brooklyn. Souffla-t-il.
-Mais il n'était jamais blessé !
-Je te rappelle qu'on parle de James Buchanan Barnes.

       Tous les deux se mirent à rire. James était sans nul doute le plus gentil des trois mais également celui dont il fallait se méfier le plus. Très peu de fois Mavy l'avait vu hors de lui et il faisait peur à avoir. Parler de leur enfance dans les rues de Brooklyn leur rappelaient beaucoup de bons souvenirs qui les firent très souvent rire car c'était souvent eux qui se retrouvaient dans une situation gênante que James devait gérer à leur place. Pendant plusieurs heures, Steve et Mavy se remémorèrent des anecdotes du passé puis le silence s'installa un court instant.

-Il m'a embrassé avant de partir. Avoua-t-elle en fixant ses mains.
-Je sentais qu'il y avait quelque chose en plus entre vous.
-Tu sais, certaines femmes prennent ce genre de baiser comme un au revoir. Mais, celui de Bucky était une garantie de son retour. Et euh... il me manque. Dit-elle le cœur lourd et la voix tremblante avant de se jeter dans les bras de Steve. J'aimerais qu'on retourne en 40, qu'on soit tous les trois ensemble et qu'on ait déjà connu Howard. On aurait passé des soirées magistrales avec lui.
-Entourés de filles sûrement. Rajouta Steve sur une pointe d'humour.

       Mavy se défit de l'étreinte un petit sourire amusé sur les lèvres tandis qu'elle essuya une petite larme rebelle sur sa joue.

-Il va falloir commencer à faire ton deuil Mavy. Continua Steve en prenant ses mains.

Elle hocha doucement la tête en guise d'approbation et baissa les yeux. Steve avait raison, la disparition de James la rongeait depuis trop longtemps et maintenant qu'ils étaient de nouveau réunis, il l'aiderait à passer cette étape. De s'être retrouvés, leur faisait l'effet d'une bouffée d'air frais, c'est comme cette sensation d'oppression qui s'installe lorsque les problèmes s'accumulent et qu'un beau jour, à force de patiente et de courage, tout finit par s'arranger. Le poids sur votre dos s'allège et vous respirez enfin. Mavy et Steve respiraient pour la première fois depuis longtemps. Ils ne prenaient rien pour acquis pour autant. Mavy ne savait pas où son étrange pouvoir pouvait l'amener ni quel événement pourrait encore les séparer Steve et elle. À la minute où ils s'étaient retrouvés, elle s'était jurée de chérir chaque seconde qu'ils passeraient ensemble, une telle chance ne se reproduirait très probablement pas. On n'échappe pas à la mort si facilement et la vie ne nous donne pas tous les jours l'occasion de survivre plus de soixante-dix ans sans prendre une ride.

       L'heure tournait, il était extrêmement tard et Steve avait à faire très tôt le lendemain. C'est à contre cœur qu'il mit fin à leur petite soirée en tête à tête pour rentrer chez lui. Le dernier câlin s'était éternisé, Mavy refusait de le laisser franchir la porte comme si elle pensait que tout ça n'était qu'un rêve. Steve lui promit de passer la voir demain en la serrant tendrement et finit par partir. Plus un chat ne trainait dans les rues mais beaucoup de voitures circulaient encore. À son époque, c'est à peine si l'on laissait les lumières allumées dans les rues tant elles étaient désertes.

       Ses clefs cliquetant dans sa main, Steve monta les marches lourdement, les muscles ankylosés par la fatigue et le dîner copieux qu'il avait ingéré quelques heures plus tôt. Franchissant les dernières marches qui le menaient jusque chez lui, la porte entre-baillée de son appartement l'interpela. Il glissa son trousseau dans sa poche et poussa délicatement la porte pour qu'elle ne grince pas. Son célèbre bouclier fixé sur son bras gauche, il arpentait les pièces de son appartement sur une musique des années quarante qu'il aimait beaucoup. Il devait sûrement y avoir quelqu'un dans le salon. Il ouvrit la porte de la pièce violemment, prêt à jeter son bouclier mais se résigna lorsqu'il tomba nez à nez avec Nick Fury, assez mal en point.

       Aucun ne dit un mot. Steve se doutait que si Fury était ici, c'est qu'il se passait quelque chose. La musique qui résonnait dans l'appartement il y a peu fut couper brutalement par le bruit assourdissant d'un coups de feu. Une silhouette interpela le Captain à l'extérieur de l'immeuble et décida sans trop hésiter à la prendre en chasse. Cette personne était rapide, c'est indéniable. Steve peinait à le suivre et lança vainement son bouclier dans un dernier espoir.

       C'était un homme, les lumières de la ville s'étaient posées sur lui permettant à Steve de le voir un peu mieux. Il était habillé de noir des pieds à la tête, les yeux couverts de noir et un bras de métal. Il avait arrêté le bouclier du Captain d'une main et lui avait renvoyé d'une force presque surhumaine qui lui fit perdre l'équilibre. Ce soldat inconnu disparu dans la nuit faisant accroître l'inquiétude de Steve, cette fois la menace était plus importante qu'il ne l'imaginait.

About Time - James "Bucky" BarnesWhere stories live. Discover now