« On l'appelle, le Soldat de L'Hiver »

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       Steve l'écoutait parler sans dire un mot. Il s'en voulait de ne pas l'avoir retenue lorsqu'elle est partie en furie. Ce n'est pas comme ça qu'il aurait espérer obtenir des informations mais maintenant Mavy était au courant de tout. Il la prit dans ses bras ne lui laissant pas la chance de finir ce qu'elle racontait et la serra comme s'il était sur le point de la perdre. Ses yeux bleus se fermèrent automatiquement et il posa doucement sa main sur la tête de Mavy.

-Tu te souviens l'été de tes quinze ans ? Bucky voulait t'emmener à la fête foraine mais la veille, on lui avait piqué ses derniers dollars pour boire des milkshakes.

       Un gloussement sortit de la bouche de Mavy qui s'en souvenait comme si c'était hier.

-Il nous en a voulu pendant une semaine je crois. Rit-elle
- « Vous auriez au moins pu m'en commander un ! ». Renchérit Steve en imitant vaguement la voix de James.
-Moi je me souviens du jour de tes vingt-et-un ans.

       Mavy se détacha de Steve pour aller s'installer sur le canapé.

-C'était une catastrophe ! Souffla-t-il.
-Bucky avait absolument voulu faire le gâteau lui-même. Gloussa Mavy.
-Comment t'as pu passer à côté de l'intoxication alimentaire d'ailleurs ? S'interrogea Steve.
-Les morceaux que je piquais, je les lançais discrètement derrière moi pour qu'ils passent par la fenêtre.

       La révélation de Mavy entraîna Steve dans un fou rire. Le gâteau avait été horrible mais James y avait mit tout son cœur. Il voulait fêter les vingt-et-un ans de son meilleur ami dignement et tout préparer lui-même, Mavy n'avait même pas pu aider. Le soir même, Steve et Bucky étaient cloués au lit à cause d'une intoxication alimentaire et Mavy avait joué les infirmières.

-Ça me plaisait de vous dorloter. Dit-elle d'un ton mélancolique.

       Steve la regarda, surpris.

-Ça me donnait l'impression d'être votre égale.
-Tu as toujours été notre égale.
-Steve. Dit Mavy l'air sérieux. Cinq ans me séparent de Bucky et toi. À vos yeux je n'étais pas une femme mais une petite fille qu'il fallait chouchouter.
-Ça sera toujours mon cas. Ricana Steve. Mais Bucky a très vite vu cette magnifique jeune femme que tu es devenue. Continua-t-il. C'est pour ça qu'il est tombé amoureux de toi.

       Mavy se mit à rougir et baissa la tête en triturant ses doigts. Ça lui faisait toujours bizarre de parler d'elle et James avec Steve. Son cœur s'emballait à chaque fois qu'il prononçait son nom.

-Est-ce qu'on peut considérer cette soirée comme un temps mort ? Demanda Mavy.
-J'imagine. Souffla Steve en se laissant tomber dans le fauteuil près du canapé. Ce qui veut dire que demain sera une grosse journée.
-Tout était plus simple quand tu faisais un mètre vingt. Sourit Mavy.
-Tout était plus simple quand tu prenais le jeu du roi du silence au sérieux !

       Mavy pouffa en lança un coussin à Steve qui le rattrapa aisément. Il affichait un franc sourire qui s'élargissait à chaque fois qu'il la voyait heureuse. C'était une réaction incontrôlable qu'il avait depuis toujours. Aussi loin qu'il se souvienne, un seul sourire de Mavy l'égayait pour le reste de la journée. Depuis leurs retrouvailles, Mavy ne souriait que très peu, pleurait souvent et semblait porter la misère du monde sur ses épaules. Cette histoire était lourde à digérer, cette pause leur faisait du bien.

-Avec Bucky on faisait souvent des paris. Avoua-t-elle soudainement.
-De quel genre ?
-On pariait cinq dollars sur le nom de la ruelle.
-Quelle ruelle ?
-La ruelle dont il devait te sortir. Rit-elle.
-Vous avez osez ?! S'écria Steve.
-J'avais besoin d'argent de poche. Rit-elle.

       Steve lui relança de le coussin qu'elle intercepta à son tour.

-Et il y avait cinq autres dollars supplémentaires si c'était parce que tu jouais les patriotes.
-Alors toi !

       Steve se jeta sur elle la faisant hurler de rire. Mavy avait coller le coussin contre elle pour minimiser les assauts de Steve. Ses chatouilles la tordaient dans tous les sens et des larmes de rires coulaient sur ses joues. Après deux bonnes minutes, Steve reprit sa place sur le fauteuil alors que Mavy se remettait de ses émotions.

-Tu m'as manqué, Steven. Lui sourit-elle tendrement.
-Toi aussi tu m'as manqué, Mavis.

       Le calme revint dans l'appartement tandis qu'ils ne se lâchaient pas du regard. Mavy lui sauta presque dessus pour le prendre dans ses bras. Il y avait ces moments où elle réalisait le nombre d'années qu'elle avait vécu loin de lui, face à la solitude. Même si c'était terminé, ça l'angoissait beaucoup et tout ce dont elle avait besoin était le contact de ses bras. Mavy n'avait jamais été très tactile avant aujourd'hui. Contrairement aux idées reçues, elle a toujours été beaucoup plus proche de Steve que de James ce qui ne l'empêchait pas de les aimer aussi fort l'un comme l'autre.

-J'ai vraiment du mal à réaliser que tout ça est réel. Avoua-t-elle.
-Moi aussi. Admit Steve en resserrant ses bras autour d'elle.

       Ce genre d'étreinte leur donnait l'impression de retourner en enfance. Lorsqu'elle avait peur de quelque chose, Mavy lui sautait automatiquement dans les bras, même lorsqu'elle était stressée ou angoissée. Steve avait le devoir de la rassurer bien qu'il ne soit pas plus tranquille qu'elle, pendant que James s'occupait de régler les problèmes. Aujourd'hui c'était à eux de régler le problème et Steve ne s'était jamais sentit aussi mal. Cette sensation d'impuissance et l'idée de ne plus savoir quoi faire le terrorisaient.

-Si Bucky nous voyait...
-Je crois qu'il est grand temps qu'il rentre à la maison. Affirma-t-elle.

       Mavy se redressa devant Steve et lui lança le regard le plus sérieux qu'elle n'ait jamais arboré jusqu'à maintenant.

-C'est demain ou jamais. Reprit-elle.

       Steve fit claquer sa main dans la sienne et la serra très fort comme pour sceller un pacte.

-Demain ou jamais. Répéta le Captain d'une voix assurée.
-On neutralise Pierce...
-...Et on récupère notre Bucky !

       Ils ne savaient pas encore comment ils allaient s'y prendre mais ça leur semblait être un bon plan. Ils avaient tous deux cette montée d'adrénaline qui les faisaient se sentir tout puissants. La seule et unique priorité était James, Mavy n'accordait plus aucune importance à son problème pour le moment. Dès l'instant où elle remarqua qu'il y avait encore de l'espoir, elle s'était décidée à le sauver à n'importe quel prix. L'absence de James pesait énormément. « Un être vous manque et tout est dépeuplé. » Mavy et Steve ne pouvait comprendre que trop bien cette citation de Lamartine, il la vivait tous les jours.

       Steve quitta l'appartement de Mavy très tard dans la soirée pour retourner chez Sam. Il craignait de prendre la mauvaise décision en la laissant seule mais s'il y avait bien une personne qui n'avait pas à craindre pour sa vie c'était bien elle. Elle était invulnérable et il n'arrivait pas à s'y faire. À chaque fois qu'il posait les yeux sur elle, il revoyait cette enfant de cinq ans débordante d'énergie, toujours fourrée dans leurs pattes, couvertes de bleus et de pansements. Elle affichait fièrement un sourire édenté et des cheveux très souvent en pétards au plus grand malheur de ses parents qui passaient des heures à lui démêler. Il l'avait vu évoluer, changer, se transformer. Ce garçon manqué s'était transformé en une magnifique jeune femme qui faisait tourner les têtes de tous les hommes de Brooklyn et pourtant elle ne remarquait rien. Elle agissait comme elle l'avait toujours fait, avec espièglerie et candeur. Les choses ont beaucoup changé depuis et Mavy était indéniablement plus forte que lui, mais il ne pouvait s'en empêcher, elle était sa protégée.

About Time - James "Bucky" BarnesWhere stories live. Discover now