« Ma malédiction, c'est toi »

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C'était un jour comme les autres débutant par un rituel qui était devenu le sien après plus d'un an et demi. Le réveil sonnait à sept heures pile du lundi au samedi. Elle se levait les yeux encore plein de sommeil, le corps ankylosé par la fatigue et partait prendre une douche rapide avant d'enfiler les vêtements qu'elle avait préparés la veille, sur le fauteuil à l'angle, face à son lit. A sept heures trente, elle prenait un chocolat chaud ou froid, cela dépendait de son humeur, et croquait dans une tartine grillée. A sept heures quarante, elle finissait de se pouponner avant de prendre son manteau et de filer à la bibliothèque Stanislas où elle occupait le poste de directrice. C'était un train de vie qu'elle avait appris à aimer bien qu'elle sentait continuellement cette solitude lui peser.

-Tu arrives toujours très tôt, Juliette.
-Oui, mais ça me laisse le temps de faire le tour et de m'organiser. Sourit-elle.
-Tu as eu un appel il y'a dix minutes.
-De qui ?
-Euh... Grant Stevens.
-Il y'a un message ?
-Non aucun, il n'a pas dit s'il allait rappeler ou pas.
-Bon, d'accord. Dit-elle en pinçant les lèvres.
-C'est qui exactement ?
-Pourquoi ?
-Il t'appelle une fois par mois à la même date.
-Tu n'as pas besoin de savoir ça, Aurore. Sourit-elle poliment.

Cette conversation fut l'une des rares qu'elle eut dans la journée, après quoi, elle rentra chez elle vers dix huit heures. Comme à son habitude, elle alluma la télé et partit dans la cuisine chercher quelque chose à grignoter avant de rejoindre la salle de bain pour se démaquiller. Cette routine commençait fortement à l'ennuyer, elle était tellement absorbée par ce train train quotidien qu'elle faisait les mêmes gestes, jour après jour sans réellement y faire attention. Elle entrait dans la salle de bain, allumait la lumière, se lavait le visage et brossait ses cheveux avant de s'effondrer dans le canapé en zappant les chaînes une à une. Après le dîner, elle ne fit pas long feu et s'endormit en quelques secondes a peine dans son lit.

Alors que la nuit s'annonçait paisible, un contact glacé sur son visage la réveilla en sursaut et elle fut immédiatement immobilisée.

-Mavis Nicholah, vous venez avec moi. Affirma une voix féminine.
- Non je... je m'appelle Juliette, Juliette Thomas. Vous vous trompez !

Elle n'eut pas le temps de voir la tête de son ravisseur ou plutôt de sa ravisseuse, un sac lui fut mit sur la tête et elle fut emmener dans un endroit inconnu. Lorsqu'elle fut enfin autorisée à voir la lumière du jour, un homme avec beaucoup de prestance se présenta à elle.

-Mavis, soyez là bienvenue. Je suis T'Challa, roi du Wakanda.
-Mais, comment vous...
-Nous avons un ami commun. Sourit-il. Je m'excuse des méthodes d'Okoye, mais on ne pouvait savoir si vous alliez utiliser vos pouvoirs.
-Pourquoi vous m'avez amenée ici ?
-Vous le saurez bien assez tôt. Nous allons vous donner des vêtements pour que vous puissiez vous changer, ensuite, j'aurais un petit service à vous demander.

Mavy fut aussitôt escortée dans une chambre où plusieurs femmes l'attendaient, des vêtements en main. Tout un tas de questions se bousculaient dans sa tête. Est-ce que ça voulait dire qu'elle n'avait plus à se cacher ? Une fois de plus elle abandonnait une vie créée de toute pièce pour une raison encore obscure. Elle s'était laissée habiller sans broncher, comme si cela l'importait peu et fut appelée que quelques heures plus tard par T'Challa à qui elle devait une faveur. Le roi l'attendait à l'extérieur du palais, un paquet dans les bras qui semblait peser son poids. Okoye se tenait droite près de lui jetant un regard ferme en direction de Mavy qui s'approchait d'eux d'un pas hésitant. Elle qui n'avait pas réellement dormit, avait l'impression de traîner son propre poids à chacun de ses pas. T'Challa déposa dans ses mains ledit paquet et ne lui donna que très peu d'informations. Elle était la personne la plus qualifiée selon lui pour cette « mission ». Elle devait se rendre dans un coin reculé des terres du Wakanda et remettre cette étrange boîte à la personne vivant près de la rivière sans avoir le droit d'en regarder le contenu.

L'endroit était désert, il n'y avait qu'une seule hutte et le son de la rivière pour seule compagnie. Mavis avança timidement vers la petite habitation, peinant à dire seulement bonjour. Elle ne comprenait pas ce que ce rôle de livreur signifiait ni pourquoi cette tâche lui incombait à elle particulièrement mais elle ne se sentait pas du tout à l'aise.

-Bon... Bonjour ? Il y a quelqu'un ? Demanda-t-elle la voix serrée.

Le silence demeura. Mavis déposa la boîte près de l'arbre centenaire qui s'épanouissait près de la hutte et entama son retour au palais lorsqu'une voix assez grave l'interpela. Elle fronça d'abord les sourcils avant de se retourner.

-Bucky ?
-Mavy mais... mais qu'est-ce que tu fais ici ?

Cette scène se reproduisait beaucoup trop souvent à son goût. La surprise de le revoir à chaque fois lui donnait les larmes aux yeux, elle était convaincue que cette fois, elle ne le reverrait plus. Cette fois cependant, elle semblait plus à l'écart ou plus hésitante. Lorsque James fit un pas en avant, Mavy en fit un en arrière par automatisme comme si tout ça n'était pas réel, elle avait fait ce rêve beaucoup trop de fois. James n'avait pas plus insisté, il lui fallait du temps pensa-t-il. Il se saisit de la boîte pour l'ouvrir afin dans découvrir son contenu sous le regard insistant de Mavy. On lui offrait un nouveau bras, ce n'était certainement pas pour le soulager dans ses tâches quotidiennes car il avait émît le souhait de ne pas ravoir son membre manquant. Quelque chose était sûrement sur le point de se préparer mais il préféra ne pas questionner la jeune femme. Si elle n'était au courant de rien, son inquiétude ne ferait que croître de seconde en seconde.

-Tu ne m'as même pas dit au revoir. Lui lança-t-elle alors qu'il s'apprêtait à rentrer dans la hutte.

James s'arrêta pour la regarder sans savoir quoi lui répondre, il avait du mal à savoir de quoi elle parlait.

-On avait rendez-vous et après ça on t'a enlevé à moi. Ensuite, tu as pris la décision de partir sans même me dire au revoir. Dit-elle sur un ton plein de reproches.
-Je n'avais pas le choix, Mavy.
-On a toujours le choix. Tu as été égoïste. J'ai tout fait pour toi depuis que tu as été déclaré mort à la guerre et c'est la seule preuve de respect que tu me montres, en mettant toujours à l'écart.
-La guerre a changé bien des choses, c'est pour ça que je ne peux plus me permettre de faire n'importe quoi. Même si je ne suis pas responsable de la tragédie du sommet pour les accords, je reste un criminel recherché.
-Et moi j'ai tout mis en œuvre pour te retrouver, deux fois, en soixante-dix ans en payant un prix tellement lourd que je me demande si vraiment ça valait le coup.
-Je suis désolé que tu aies à vivre avec ça. Admit-il à demi voix.
-Tu ne seras jamais assez désolé pour tout ce que tu me fais vivre. Je dois faire avec pour l'éternité, toi un jour tu t'éteindras et ton calvaire sera terminé.

Sur ces mots, Mavy lui tourna le dos pour rentrer au palais. La petite sœur du roi l'attendait devant la porte, un sourire béa sur les lèvres. Mavy étira doucement sa bouche en guise de réponse et suivit la princesse dans un endroit assez spécial. Il y avait beaucoup de similitudes avec le laboratoire de Tony à quelques détails près. La princesse la fit s'asseoir sur une table et se saisit d'une tablette sans rien dire. Plusieurs costumes firent leur apparition face à elles engendrant tout un tas de questions chez Mavy.

-On m'a demandé de te créer un équipement avec le peu d'informations que j'avais sur toi. Pour pouvoir finir correctement ce que qu'on m'a demandé, j'ai besoin de quelques réponses.
-Princesse Shuri, qui...
-Juste, Shuri.
-Shuri, c'est qui ce « on ». Demanda la jeune femme, perplexe.

Une fois de plus, elle n'eut que pour seule réponse un long silence. Shuri installa confortablement Mavy dans un fauteuil et partit vaquer à ses occupations. Pendant ce temps, Mavy attendait calmement en regardant autour d'elle, tapotant doucement ses genoux de ses doigts. De temps à autres, un long soupir résonnait dans la pièce pourtant peu silencieuse, qu'est-ce que ça voulait dire, pensa-t-elle.

About Time - James "Bucky" BarnesOpowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz